PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Fenêtres sur cour-SNUIPP n° 344 srpt :

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L’ECOLE NE DONNE PAS LES CLÉS

 

La variété des dispositifs mis en place n’a pas permis à l’école de se défaire de son rôle de sélection des élites. Un chiffre,qui ne change guère : « les moins catégories sociales les moins favorisées (enfants d’ouvriers, d’employés et des sans activités) représentent 84 % des élèves en difficulté alors qu’ils constituent la moitié des jeunes qui suivent un enseignement général » selon l’Observatoire des inégalités. Il faut dire que l’école de la République a longtemps fonctionné à deux vitesses. En effet, l’école de Jules Ferry, le système primaire, s’est constitué en parallèle du cursus « lycée» des enfants de la bourgeoisie (le « petit lycée» commençait à 6 ans). Seulement quelques élèves « brillants» pouvaient prétendre à des bourses leur permettant de changer de filière. L’unification du système se dessine dans les années soixante avec l’accès

en sixième de tous les élèves (fin progressive des classes de certificats d’études), puis avec le collège unique à partir de 1975. Pour autant, cette unification n’a pas supprimé les inégalités scolaires, les mécanismes de la « reproduction » restant très puissants. De fait, c’est le modèle académique du lycée – ses contenus d’enseignement, son fonctionnement pédagogique, ses attendus culturels – qui a été maintenu et ce au détriment des jeunes des classes populaires. Ces derniers, après avoir rempli le plus souvent les classes

de perfectionnement dans les années 1970, restent confrontés à l’échec scolaire. Les inégalités aujourd’hui se lisent dans le taux de redoublement. Comme le pointent les comparaisons internationales, en France, 40 % des 15 ans ont au moins un an de retard. Mais du côté des jeunes de milieux populaires ou défavorisés, dès l’entrée en 6ème, c’est 45 % d’entre eux qui sont déjà en retard. Ces jeunes sortent du système scolaire sans qualification (42000), sans diplôme (140000), ou avec des orientations moins ambitieuses. Les tentatives pour corriger et rendre plus juste le système scolaire se sont multipliées à travers l’adaptation scolaire (RASED, SEGPA-EREA) et les zones d’éducation prioritaire. Mais, depuis plus de 30 ans, la politique de compensation, – « donner plus à ceux qui ont le moins » – peine à prouver son efficacité. Mauvaise utilisation des moyens, diront certains, mais les dispositifs ont été souvent modifiés, jusqu’à la création des RAR et RRS et des parcours d’excellence, sans améliorer la mixité sociale. Or « l’échec relatif de l’éducation prioritaire est plus social et politique que pédagogique*. Les projets d’établissement montrant les capacités d’adaptation des équipes éducatives ne suffisent pas » à empêcher les familles d’adopter des stratégies d’évitement et d’éducation prioritaire devient « une politique à destination d’un public spécifique et peu informé ». *Patrice Caro, Rémi Rouault, Atlas des fractures scolaires, une école à plusieurs vitesses, éditions Autrement, 2010

 

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