PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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"Les conditions de reconnaissance institutionnelle sont essentielles : « la volonté institutionnelle est un élément déterminant pour mettre en place [un tel projet] ; il y a la nécessité d’un affichage clair. » )Si la tentation peut être de « bricoler dans son coin », face aux difficultés de mobiliser l’institution et face à l’énergie à déployer pour cela, ce qui est en jeu est peut-être d’abord de transformer un certain ordre institutionnel. Ce que les micro-projets déconnectés des contraintes institutionnelles ne permettent pas. Institutionnaliser l’action signifie : construire des processus (réitérés) d’information, de discussion, de validation, de communication. Ceci, dans une logique qui vise à inscrire de plus en plus en profondeur le projet, à le diffuser aux différents niveaux de pratiques. Pour la formation, par exemple : « [une participation] au bon vouloir des enseignants » n’équivaut pas « une présence au titre de la formation professionnelle ».

L’enjeu est de passer d’une logique du volontariat à celle des normes professionnelles instituées, car lorsque « [c’est] un choix personnel : entre midi et deux ou après quatre heures ; c’est connu de tous mais pas reconnu. »  Et, en l’absence d’une reconnaissance et d’une autorisation institutionnelle « on laisse tout le monde se débrouiller, [au mieux] sous l’égide de la bienveillance » ; « Le travail est bricolé, pas reconnu par l’institution » Et l’ordre discriminatoire se maintient. Inscrire l’enjeu au niveau de l’organisation collective.

L’institutionnalisation en elle-même est insuffisante.
Parce que l’institution peut très bien reconnaître un problème et, dans le même temps, en déléguer la responsabilité à certains de ses agents. Le déni de la discrimination indique un retournement des stratégies psychiques de défense des collectifs de travail face aux difficultés de sa condition. Le déni vise à ce que l’on « tienne » au travail par le maintien d’une fiction 80 Conclusion(s)

Fabrice DHUME est chercheur-coopérant à l’ISCRA-Est (Institut social et coopératif de recherche appliquée). Il travaille depuis une dizaine d’années sur plusieurs problématiques de recherche et d’intervention : les formes de coopération interinstitutionnelles (partenariat, travail en réseau…), les discriminations ethnico- raciales, la santé mentale et la souffrance sociale comme terrain de rencontre entre le social et le médical et enfin, les catégorisations ethniques à l’école.

Face à la formation d’une telle « idéologie défensive », « ceux qui chercheront à s’écarter seront isolés voire persécutés. »13 Sur ce plan, les projets présentés reposent souvent sur la désignation dans l’institution de « personnes-ressources » ou de « référents ». Cette organisation vise, on le comprend, à diffuser des pratiques dans un contexte où il n’est pas d’emblée possible de concerner tout le monde. Mais cette individualisation de l’action pose diverses questions : quel risque d’isolement ? Quel statut pour légitimer d’intervenir ? Et donc, quelle capacité à transformer ? On peut penser ici que l’entrée individuelle, si elle est choisie, ne devrait être que transitoire. Ceci, à la fois parce qu’elle représente un risque pour les professionnels concernés – celui d’incarner aux yeux des autres le problème et de constituer une cible collective de violence – et parce qu’elle représente la possibilité pour l’institution de biaiser en réduisant la question à une thématique parmi d’autres."

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