PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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"1. L’enseignant : un usager concepteur.
« Environnement Informatique pour l’Apprentissage Humain » : EIAH. L’acronyme est le dernier d’une série désignant les outils et travaux de recherche portant sur l’apprentissage par l’utilisation d’artefacts informatiques : enseignement programmé ; Enseignement Assisté par Ordinateur (EAO) ; Enseignement Intelligemment Assisté par Ordinateur (EIAO) ; Environnements Interactifs Assistés par Ordinateur (EIAO).
Alors que ces travaux existent depuis près de 30 ans, peu des systèmes conçus ont véritablement pénétré les classes ou l’université. Des arguments de diverses natures (politiques, économiques, disciplinaires, etc.) sont avancés pour expliquer cette faible diffusion (Cf. Cottier, Choquet, 2005).
La logique (le bon sens) voudrait notamment que l’on tienne compte, dès la conception d’un EIAH, des futurs utilisateurs. Un truisme qui ne l’est cependant qu’en apparence car la question de l’usager et de ses pratiques en devenir est complexe et en elle même paradoxale. Complexe, car élaborer un système informatique nécessite de rassembler de nombreuses données sur les acteurs (professeurs et élèves futurs utilisateurs du système conçu) et sur leurs activités. Celles-ci sont ensuite structurées et traduites dans un langage propre à l’informaticien (la modélisation). Une conversion qui n’est pas sans risque (de glissements sémantiques, de mauvaises interprétations, etc.). Paradoxale, car les utilisateurs ne peuvent planifier toutes leurs activités (Suchman, 1987). Celles-ci sont réaménagées dès qu’il est nécessaire de s’adapter à de nouvelles situations. Toute conjecture sur de futures pratiques paraît donc hasardeuse. Comment en effet envisager des pratiques dans le cadre de situations pédagogiques instrumentées qui n’existent pas encore ?
Dans le cadre d’un projet de recherche action (ANR, projet LEA : Livret Électronique d’Apprentissage) nous avons mis au point et éprouvé une approche alternative de la conception d’un EIAH. Le point de vue que nous avons adopté est qu’à défaut de pouvoir anticiper les pratiques, il est possible de mettre en oeuvre certaines techniques de « conception participative » qui permettent aux futurs utilisateurs de prendre la main sur la conception. C’est par conséquent dynamiquement, dans la durée, au travers de divers artefacts et de l’objet technique final que s’expriment les projets des acteurs participants, des « usagers-concepteurs ».

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