PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

MISSION PERMANENTE D’EVALUATION DE LA POLITIQUE DE PREVENTION DE LA DELINQUANCE :

Accéder au site source de notre article.


 Conclusion Le niveau de l’absentéisme et du décrochage scolaires, qui ne peuvent pas être séparés l’un de l’autre, exposent des dizaines de milliers de jeunes au risque de tomber sous la coupe de divers réseaux de délinquance, scénario qui, s’il n’est heureusement pas automatique, devient trop souvent une réalité. Le traitement de ces deux fléaux constitue donc un enjeu majeur, non seulement pour l’Education nationale mais aussi pour l’ensemble de la collectivité nationale.

Les pouvoirs publics en ont pris conscience et adopté un certain nombre de mesures, y compris récemment. Il s’agit maintenant de les appliquer le mieux possible dans une institution de très grande dimension, qui gère des situations d’une infinie variété avec des catégories très diverses de personnels.
 Une telle ambition n’est réalisable qu’à la condition que le partenariat entre l’Education nationale et une série d’autres acteurs très variés (Education nationale, autres administrations, collectivités territoriales, milieux économiques et sociaux, associations, etc.) prenne une nouvelle dimension, s’ancre dans la durée, en particulier dans les zones sensibles et se déroule de manière aussi fluide et concrète que possible, dans le respect de la culture de chacun. La sensibilisation des personnels de l’Education nationale à cette nécessité est un enjeu essentiel.
Il va de soi qu’il ne suffit pas seulement de mieux repérer absentéistes et décrocheurs, mais qu’il convient aussi de leur procurer un éventail de solutions qui soit conforme à la diversité des situations.
L’Education nationale ne peut naturellement pas « externaliser » le traitement de toutes les situations difficiles, même si dans un certains nombre de cas d’autres dispositifs ont fait la preuve de leur efficacité. La masse des jeunes en échec scolaire, en voie de marginalisation et de désocialisation est telle que tous les dispositifs existants sont sous-dimensionnés.
Dans l’Education nationale il est donc nécessaire de développer les dispositifs relais, de multiplier les ERS, d’améliorer la structuration des MGI et les rapprocher des services d’information et d’orientation.
En dehors de l’Education nationale, il faut augmenter de manière sensible le nombre d’écoles de la deuxième chance et de centres de l’EPIDe de façon à couvrir le territoire national et surtout à donner une solution aux dizaines de milliers de jeunes pour lesquels ces structures sont aujourd’hui les plus efficientes.
 Tous ces dispositifs comportent de forts points communs : d’abord l’objectif de
redonner confiance en eux-mêmes à des jeunes qui se vivent comme des exclus, qui en souffrent et qui traduisent cette souffrance par de l’agressivité ; ensuite la remotivation par une pédagogie du détour et du projet personnel, par l’individualisation des parcours et par la diffraction du groupe classe ; la prise en compte aussi et traitement global des difficultés des jeunes désocialisés (santé, logement, problèmes familiaux) en traitant également la charge psychologique de la souffrance personnelle ; des relations constructives avec les employeurs basées sur des obligations respectives assumées.
L’Education nationale doit aussi s’adapter en profondeur à des publics scolaires pour lesquels les méthodes qui fonctionnent bien pour des élèves « sans histoire » sont inopérantes. Elle doit donc faire coexister en son sein des systèmes différents et des méthodes pédagogiques différentes.
 Il n’y a aucune raison pour laquelle elle ne pourrait pas pratiquer ce que E2C et EPIDe réussissent à faire, d’autant qu’elle compte des milliers d’enseignants « militants » engagés dans l’aide aux enfants les plus démunis sur tous les plans et qui ne s’accommodent pas de la situation actuelle.
Il s’agit là d’un enjeu à la fois culturel et d’organisation. Elle a commencé cette
adaptation avec l’éducation prioritaire, aujourd’hui système ECLAIR, dont elle doit tirer dans le moyen terme des résultats positifs.

Il est permis de se demander si elle ne doit pas aller plus loin, en construisant en son sein des dispositifs « de deuxième chance », qui supposent des modes d’organisation différents de son mode de fonctionnement habituel : internats plus nombreux ; large amplitude de la présence d’adultes – enseignants et non enseignants – auprès des jeunes dans la journée ; approche par l’acquisition des compétences et flexibilité des méthodes ; recomposition périodique des groupes d’élèves ; personnalisation des parcours ; multivalence réfléchie des enseignants ; restructuration des établissements pour permettre la concertation et le travail en équipe des enseignants et des non enseignants ; liens permanents avec les employeurs potentiels ; émergence d’une équipe de direction plus collective incluant des enseignants et non plus l’opposition stérile entre « pédagogues » et
« administration » ; accompagnement systématique des personnels ayant à faire face quotidiennement à des élèves difficiles.
Ces orientations peuvent susciter des oppositions respectables et compréhensibles chez les personnels. Pourtant tous les personnels des E2C ou des centres EPIDe, venus de l’Education nationale, ont dit à la mission qu’ils préféraient de loin, y compris pour leur accomplissement personnel, travailler comme ils le faisaient que dans un collège difficile « ordinaire » ou un lycée professionnel « ordinaire ».
 Un des meilleurs moyens d’irriguer l’Education nationale est d’ailleurs d’inciter les enseignants à changer de cadre d’exercice de leur métier puis à revenir dans l’Education nationale pour la faire bénéficier de leurs acquis. Tous, élèves et adultes, enseignants et non enseignants, qui leur consacrent leur temps, ont intérêt à ces évolutions.
 Enfin, la question des moyens ne peut naturellement être ignorée, surtout dans le
contexte budgétaire actuel. Mais ce dont notre pays a besoin c’est d’abord
d’investissements d’avenir et il n’en est pas de plus nécessaires que ceux aptes à ouvrir le chemin de l’emploi aux centaines de milliers de jeunes qui actuellement en sont très éloignés. Comme souligné précédemment, il est moins coûteux de faire cet effort d’investissement que de financer la prise en charge de détenus et de chômeurs de longue durée et c’est aussi nettement plus positif et mobilisateur pour la collectivité nationale.

Print Friendly
Categories: 4.2 Société

Répondre