PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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François Guité, Consultant québécois en éducation et nouvelles technologies et Jacques Cool, Technopédagogue au Nouveau-Brunswick, province orientale du Canada, proposent sur quatre épisodes, leur vision "outre-mer" sur des questions d’actualité sur l’avènement et l’intégration des nouvelles technologies en éducation.

Le premier sujet porte sur le comportement de l’élève au travers du Mobile Learning (apprentissage mobile), sans se limiter à l’environnement scolaire ; le deuxième présente le concept de « BYOD » ou « AVAN » en français qui signifie « apporter votre appareil numérique » et qui suppose de tirer profit de l’usage quotidien du numérique par une utilisation intelligente à l’école. En troisième point, il est question de la formation des enseignants à qui sont offerts ces nouveaux outils ; enfin, les questions de « leadership » et de décideurs sont abordées en guise de conclusion.

L’accélération de l’évolution fait en sorte que les élèves ne peuvent plus continuer à dépendre des achats nationaux ou locaux. En outre, l’uniformité des appareils numériques dans les institutions scolaires sert mal les élèves, lesquels doivent apprendre à composer avec la diversité des outils numériques. La plupart des élèves, de toute façon, possèdent déjà des ordinateurs qu’ils ont personnalisés, tant sur le plan de l’environnement de travail que de la méthode, voire les compétences. L’imposition d’un appareil numérique dont l’environnement et les fonctions sont limités est perçue par les élèves non comme un moyen d’autonomisation (empowerment), mais une forme de ralentissement des possibilités (power down).

Profitant de l’essor fulgurant des mobiles personnels, certaines écoles adoptent une nouvelle stratégie TICE qui repose sur l’utilisation des dispositifs des élèves. Le phénomène, auquel on a donné le nom « BYOD » (Bring Your Own Device), est désigné en français par l’acronyme AVAN (apportez votre appareil numérique). Au Canada comme ailleurs, malgré les hésitations des services informatiques et des directions, le mouvement gagne des adeptes. Le plus souvent, les écoles qui ont mis en place des programmes d’un ordinateur par élève se sont laissées envahir par les dispositifs des élèves. On citera, en guise d’exemples, le Centre d’apprentissage du Haut Madawaska.

Tout utilisateur du numérique reconnaît les avantages d’un appareil qu’il s’est approprié. Dès lors que les technologies du numérique sont là pour rester, et du fait de leur indispensabilité, il importe d’éduquer les enfants à leur consommation. Par consommation, nous entendons ici non seulement l’achat et l’utilisation personnelle d’un bien, mais l’analyse critique, l’utilisation citoyenne, le partage, la préservation, l’entretien, la réutilisation et le recyclage de ce bien. Ainsi, mieux que les TICE gérées par l’institution, l’AVAN fait que les élèves apprennent à devenir des consommateurs responsables et contributeurs avertis du numérique.

Par souci d’objectivité, l’AVAN n’a pas que des avantages pour un système scolaire. Online Colleges résume bien les avantages et les inconvénients de l’AVAN, que nous traduisons ci-dessous :

Avantages :
    • les élèves utilisent des appareils qui leur sont familiers ;
    • économies pour les écoles qui n’ont pas à payer les appareils ;
    • les élèves sont plus enclins à prendre soin du matériel et à ne pas l’oublier ;
    • les élèves sont plus engagés et en contrôle de l’apprentissage ;
    • ils ont accès à des technologies plus d’avant-garde.

Désavantages :
    • les TIC ne sont pas à la portée de tous les budgets familiaux ;
    • les élèves sont plus enclins aux distractions sur leurs propres appareils ;
    • les applications ne sont pas compatibles avec tous les systèmes d’opération ;
    • il peut être difficile de communiquer entre les appareils ;
    • coûts additionnels sur le plan de la sécurité et des services informatiques.

Les désavantages de l’AVAN varieront considérablement en importance selon le contexte et les conditions d’utilisation. La stratégie fait peu de sens dans une classe où les élèves sont constamment sous l’empire de l’enseignant. L’AVAN nécessite une pédagogie particulière centrée sur l’apprenant, sur la différenciation, sur l’autonomisation et sur la collaboration, des considérations dont les spécialistes de l’éducation reconnaissent aujourd’hui l’importance.

L’AVAN ne favorise pas nécessairement les riches. Puisque les jeunes sont aujourd’hui plus enclins à partager, ils se prêtent et s’échangent volontiers les appareils numériques, de sorte que ceux qui en sont dépourvus ont néanmoins l’occasion d’apprendre à utiliser les appareils avant d’en acquérir. Les plus fortunés jouissent déjà de l’avantage des mobiles à l’extérieur de l’école. En les admettant à l’école on permet à tous de faire certains apprentissages, ne serait-ce que par observation.

On assiste à une plus grande ouverture face aux initiatives AVAN de la part des responsables en services informatiques. Des stratégies de gestion des appareils qui accèdent aux réseaux (liste « blanche », meilleurs points d’accès sans fil, logiciels de gestion de mobiles, concertation avec les éducateurs, politiques d’utilisation) font en sorte que les écoles s’ouvrent à cet influx d’appareils. Conséquemment, il y a une responsabilité accrue qui revient à chaque utilisateur, en soi une forme d’éducation associée à la gestion de l’identité numérique.

Devant ces considérations pédagogiques, techniques, administratives et d’équité d’accès, il convient de lister quelques conseils (tirés de cet article en anglais) pour les instigateurs de l’AVAN en milieu scolaire :
1.    Soyez explicites quant aux buts et aux options et affichez les bénéfices pédagogiques. Ceci aidera à la mesure de vos progrès.
2.    Un plan clairement articulé favorisera l’engagement des autorités et des parents, ainsi que l’appui de partenaires.
3.    Déterminez si vous permettrez les appareils en connexion wifi ou 3G/4G.
4.    Mettez à jour (ou générez) une charte d’usages appropriés en employant un ton proactif. mais qui balise clairement les usages. Avec la liberté vient la responsabilité.
5.    Établissez les protocoles d’appui et de soutien technique par les services informatiques de votre institution.
6.    Accompagnez les enseignants dans leur appropriation professionnelle de l’AVAN : approches pédagogiques qui intègrent judicieusement les mobiles, soutien technique de premier niveau (troubleshooting).
7.    Ayez un plan clair qui s’adresse aux questions d’équité d’accès : une flotte d’appui pour ceux et celles qui n’ont pas d’appareil, représentant une fraction de ce qu’un programme 1:1 coûte.
8.    Préparez votre réseau sans fil pour l’influx d’AVAN afin que ces appareils soient dirigés vers un LAN distinct (séparé du réseau sécurisé principal, genre ‘Invité’) à bande large.
9.    Offez une plateforme mobile, collaborative et sécurisée afin que les élèves, les parents et enseignants puissent y télécharger travaux, messages, ressources et discussions, etc.
10.   L’AVAN est un changement énorme pour une école : soyez préparés, mais soyez flexibles. Les pépins de parcours font aussi partie du processus d’apprentissage.

L’AVAN ne doit pas être évalué au regard de quelques difficultés actuelles, mais comme une éducation à l’avenir. Apprendre à apprendre, c’est voir à la formation continue; or, si on ne forme pas aux réseaux et à l’autonomie, alors on est en formation discontinue.

Apprendre, ou dépendre, là est la question de l’éducation.

Crédit image : http://www.onlinecolleges.net

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