PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In le blog de Michel GUILLOU :

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Vous le savez, la mode, dans les blogs, est aux billets qui annoncent, par paquets de cinq en général, dix astuces ou cinq bonnes idées ou encore vingt trucs pour aider le lecteur assoiffé de connaissances utiles. Comme je sais que Vincent Peillon me lit dès qu’il a une minute à lui, j’aimerais soumettre à son équipe, au moment où il s’essaie à refonder l’école à l’éclairage du numérique, cinq bonnes idées ou astuces pour faire avancer un peu plus vite le chantier compliqué du numérique éducatif.

Avertissement liminaire : attention, derrière la méthode un peu farfelue, ces propositions sont très sérieuses !

1. Élaborer une nétiquette éducative

Le RFC 1855 dit « Netiquette Guidelines » est un document officiel qui fait référence, depuis 1995, en matière de conventions d’usages sur l’Internet.

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Un article Wikipedia lui est consacré et il existe une traduction en français. Ce document a très longtemps fait référence, je le répète, en matière de politesse, de règles de vie et d’usage sur les services de l’Internet. Il a proposé, en son temps, un certain nombre de conventions, en forme de réponses éthiques, sorte d’étiquette de l’Internet, d’où son nom en français de nétiquette.

Dix-huit ans après, ce document, qui conserve toute sa valeur pédagogique, n’est plus compréhensible des jeunes internautes ou usagers des réseaux.

Au moment où il reste obligatoire, depuis 2004, pour chaque école, collège ou lycée, d’élaborer une charte d’usage des Tic qui s’impose à chaque utilisateur, élève ou adulte, au moment où il est question de mettre en place, au niveau national, un grand réseau social de l’éducation, au moment où la plupart des élèves ont dans leur poche, y compris parfois en classe, un terminal qui leur permet d’accéder à Internet, il devient urgent de proposer, de la même manière que le RFC 1855 s’est imposé jadis à tout les internautes, un document de référence unique, ensemble cohérent de conventions éthiques éducatives.

Je propose donc de confier dès que possible aux jeunes élus du Conseil national de la vie lycéenne, aidés en cela par des juristes du ministère, la mission d’élaborer une nétiquette éducative de référence, très régulièrement actualisée.

Ce document :

  • permettrait de pallier les manques de nombre d’écoles ou d’établissements en matière de chartes d’usage ;
  • constituerait un corpus de référence qui serait complété d’une annexe précisant les conditions locales de l’école ou de l’établissement ;
  • serait utilisé de même avec les élèves pour le travail nécessaire de lecture, d’explication, de commentaire relatif à l’éducation au numérique et aux médias ;
  • contribuerait ainsi à l’acquisition de nouvelles compétences relatives à l’autonomie et la responsabilité.

2. Labelliser les écoles et établissements

Il n’est pas dans les habitudes de l’école de France de comparer ses écoles, ses établissements et de mettre en avant certains d’entre eux au détriment d’autres… C’est même franchement mal vu en général de s’y essayer. La presse s’y risque parfois pour comparer les résultats du baccalauréat, établir une sorte de palmarès. Le ministère soi-même a commencé, depuis quelques années, à fournir un certain nombre d’indicateurs propres à étayer le travail des médias en la matière.

C’est toujours l’occasion de remous, de remises en causes, de désappointements, du côté des parents d’élèves, des collectivités territoriales, des syndicats, des enseignants eux-mêmes.

Et pourtant… En matière de numérique éducatif, il convient de ne pas traîner et que chaque école, collège ou lycée s’engage résolument et fournisse les efforts nécessaires dans chacun des domaines permettant une acculturation rapide : l’équipement, la formation, les ressources, les usages. 

Il existe déjà le label « Villes Internet », le label « Écoles Internet »… 

Depuis plusieurs années, l’académie de Versailles s’est engagée dans une démarche de labellisation Tice de ses collèges et lycées, d’abord, de ses écoles plus récemment. Une application en ligne, non accessible au public, permet à chaque école ou établissement de se positionner sur une échelle de référence actualisée et d’adopter une démarche vertueuse vers le numérique. À ma connaissance, seules les académies de Nice et de Martinique semblent lui avoir emboîté le pas. Mais ces labels ne font pas l’objet d’une publication et restent confidentiels, même si certains établissements ne font pas mystère de leur réussite dans ce domaine, comme ce collège des Yvelines (voir ci-dessous).

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Il est temps, je crois, de généraliser ce processus de labellisation et d’en publier les résultats.

Je propose l’élaboration d’un référentiel national complet permettant à chaque école, collège ou lycée de se positionner librement et d’adopter une démarche de progression et d’engagement numérique. Je propose ainsi d’attribuer à chacune de ces entités un label numérique, susceptible d’évoluer. Je propose la publication, sur le site Eduscol, du classement obtenu par chacune des écoles, par chacun des établissements.

Ce label numérique public permettrait :

  • à chaque école, collège ou lycée de connaître très précisément ses axes de progression, en matière de formation et d’usages ;
  • à chaque collectivité de faire les efforts nécessaires en matière d’équipement pour gommer les inégalités ;
  • à chaque direction départementale, à chaque rectorat, de repérer les écoles ou établissements en difficulté et de leur prodiguer l’accompagnement qui convient ;
  • de la même manière, de valoriser et promouvoir les réussites dans ce domaine.

3. Marier l’innovation et le numérique

Oublions le clin d’œil, je voudrais m’expliquer sur ce point. 

Première observation : la quasi totalité des actions présentées lors des journées de l’innovation s’appuient de fait très fortement sur une démarche d’usage du numérique, même si c’est parfois de manière secondaire, la présentation des projets ne permettant pas a priori de s’en assurer. Deuxième observation : la grande majorité des projets numériques trouvent leur motivation dans la nécessité d’innover. 

Par ailleurs, si l’innovation ne se décrète pas, l’économie non plus. S’il est par exemple possible de décider qu’une nouvelle dépense ne peut se faire que si elle est compensée par une recette équivalente, il est aussi possible, je crois, de prendre les mêmes résolutions en matière d’innovation et de numérique et de conditionner l’une à l’autre.

Je propose que tout nouveau projet ou nouvelle action en matière d’éducation ne soit accepté et donc porté et valorisé qu’à la double condition d’ancrer ses motivations dans la volonté d’innover et d’utiliser des technologies ou des médias numériques.

Une certaine forme de démarche vertueuse, là encore, qui peut démontrer que les technologies ne sont pas nouvelles mais bien innovantes.

4. Résister aux lobbys

En matière de numérique éducatif, dont l’éducation aux médias est un des volets importants, sujet principal de ce blog, j’essaie, à longueur de billets de repérer et dénoncer, si possible, les freins qui l’empêchent de se développer et de croître. À ce sujet, il faut évoquer la force et l’influence de quelques-uns des acteurs de l’école, en son sein ou à ses côtés, réunis en lobbys puissants. Ces derniers ne sont pas responsables de tout, certes, mais ils ont, chacun pour leur part et à leur manière propre, participé à faire évoluer les politiques ministérielles à leur seul profit et réussi parfois à mettre des bâtons dans les roues de ceux qui voulaient avancer et faire avancer le numérique à l’école, ces dernières années.

Rendons-leur grâce, plus rarement leur action a contribué à faire avancer les choses. J’y reviendrai… plus tard.

Qui sont-ils ? 

  • Les constructeurs de matériels, qui ne partagent rien entre eux et surtout pas les formats d’échange et ont ainsi contribué à l’échec relatif de l’utilisation des tableaux numériques et des tablettes ;
  • Les éditeurs de logiciels éducatifs et manuels scolaires frileux et soucieux d’une rentabilité à court terme, incapables d’une vision prospective et d’investir sur l’avenir, le numérique et les formats libres ; 
  • Les cercles de réflexion, instruments de l’ambition politique, bien souvent ignorants des préoccupations du terrain et du quotidien pédagogique ; 
  • Les universitaires de l’informatique qui croient que numérique et informatique, c’est pareil puisque ça rime et que l’algorithmique est un apprentissage fondamental ; on attend l’offensive des cybernéticiens et des « web designers » pour imposer leur discipline dans l’enseignement élémentaire et secondaire ;
  • Les pédagogues technolâtres qui assoient souvent leur pouvoir et leur influence confiscatoire sur une supposée maîtrise technique ; c’est aussi le cas des informaticiens de l’administration de l’éducation qui, eux aussi très souvent, construisent leur pouvoir sur les mêmes ressorts, y ajoutant la sécurité dont ils seraient les garants exclusifs ;
  • Les réactionnaires médiatiques, philosophes, écrivains, acteurs, journalistes, hommes ou femmes politiques, dont l’angoisse du numérique et de la modernité est le principal moteur ;
  • Les associations, groupements et autres officines dont la raison d’exister est aussi de faire peur à la populace et d’en tirer des subsides conséquents ;
  • d’autres encore, plus difficilement identifiables…

Bon, je ne me suis pas fait que des amis, là… Tant pis.

Je propose de confier au nouveau conseil du numérique éducatif la mission d’exercer la plus grande vigilance à l’égard de tous les groupes de pression, économiques, bien sûr, mais aussi et surtout idéologiques et politiques, de préconiser des formats d’échange libres et standards au service de l’intérêt public et de conseiller le ministre à ce sujet. 

Les enjeux du numérique éducatif et de ses usages pertinents et responsables sont si importants que l’engagement des professeurs et de l’institution ne peut être freiné ou entravé par la manifestation d’intérêts personnels ou strictement privés.

5. Oublier les antiennes pour évaluer mieux

Les fonds académiques débordent de comptes rendus d’expérimentations diverses lancées depuis des années, de rapports de thèses ou de recherche en sciences de l’éducation, de rapports de l’inspection générale. Ces documents sont rarement disponibles en ligne — une recherche ne vaut que si elle est imprimée, pas publiée. Ils ne font d’ailleurs que peu souvent référence aux usages du numérique. Loin de moi pourtant l’idée de dire le moindre mal de ces excellents travaux desquels il y a beaucoup à apprendre.

Je crains en revanche qu’il ne faille ne tenir que faiblement compte des travaux récents ou comptes rendus d’expérimentations relatifs à l’usage des technologies ou des médias numériques. En effet, en la matière, tout va tellement vite que la vérité et les refrains d’hier ne valent pas tripette à l’éclairage des réalités d’aujourd’hui. Tout change très vite, à commencer par les outils matériels bien sûr. La qualité des ressources et des services ne cesse de s’améliorer. Les apprentissages fondamentaux s’enrichissent jour après jour d’usages toujours plus pertinents et adéquats du numérique.

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Je propose, compte tenu de l’accélération des possibilités d’usages pédagogiques du numérique, de confier à quelques inspecteurs généraux avertis la mission de produire, à intervalles très courts, sur un site web ad hoc une évaluation des actions les plus innovantes et modélisables.

Se retourner en arrière à l’écoute des vieilles antiennes est définitivement vain. Il est nécessaire de s’adapter et de modifier profondément les méthodes d’évaluation du système éducatif, en s’aidant, par exemple, du label numérique évoqué plus haut.

Michel Guillou @michelguillou

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