PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Contrairement au gouvernement, Corinne Ponce, psychologue universitaire, est favorable à la demi-journée d’école le samedi matin, pour le bien-être de l’enfant.

De droite à gauche, Corinne Ponce, Isabelle Hardy, Annie Chêne, élues, et l'inspecteur de l'Éducation nationale Thierry Berthou face aux parents d'élèves et enseignants.

De droite à gauche, Corinne Ponce, Isabelle Hardy, Annie Chêne, élues, et l’inspecteur de l’Éducation nationale Thierry Berthou face aux parents d’élèves et enseignants. (Photo Stéphane klein)

Pour cette deuxième réunion d’information – il y en aura d’autres – sur la réforme des rythmes scolaires voulue par le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon (« Sud Ouest » du 15 janvier), la Ville, par l’intermédiaire de son adjointe à la jeunesse et à l’enfance, a invité samedi dernier Corinne Ponce, maître de conférence en psychologie du développement et de l’éducation à l’université de Bordeaux 2.

On le sait maintenant, le gouvernement a fait le choix de passer à la semaine de quatre jours et demi, tout en diminuant le volume horaire quotidien des cours à 5 h 30 les lundi, mardi, jeudi et vendredi et à 3 h 30 le mercredi ou le samedi matin.

En attendant que le décret soit signé, la municipalité souhaite consulter les Libournais à travers un questionnaire qui leur a été distribué le 17 janvier. Et leur donner un maximum d’informations afin qu’ils puissent se prononcer en connaissance de cause sur le choix de cette demi-journée.

Il faut savoir toutefois que le gouvernement semble plus favorable au mercredi matin pour diverses raisons d’ailleurs, qui ne prendraient pas nécessairement en compte le confort de l’enfant mais plutôt celui des parents ou des lobbies du tourisme.

Rythmes attentionnels

Mais, comme l’a confirmé Isabelle Hardy, « c’est le directeur académique des services de l’Éducation nationale (Ndlr : Dasen) qui tranchera » au regard d’une harmonisation au plan girondin.

L’universitaire a prévenu d’emblée qu’elle n’était pas là pour faire plaisir à qui que ce soit. Sa seule préoccupation consistait à donner tous les éléments permettant de savoir ce qu’il y a de mieux pour l’enfant. Pas seulement l’élève justement, mais l’enfant, ce qui implique aussi une vision élargie au-delà du cadre de l’école.

« Les enfants sont moins performants en début de semaine lorsqu’ils ont bénéficié d’un week-end complet », analyse la conférencière. Pour cette raison, à l’encontre de la tendance nationale et sur la foi des recherches effectuées sur ce sujet, Corinne Ponce estime que le samedi matin travaillé permettrait à l’écolier de maintenir toute son attention. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Comment préserver l’attention de l’élève, garante de la fonction cognitive du cerveau.

Les schémas de rythmes attentionnels quotidien et hebdomadaire qu’elle a visionnés révèlent, selon les niveaux de classes, maternelles, cours préparatoires ou élémentaires, des fluctuations de la concentration. Corinne Ponce a fourni des exemples précis : en CE2 par exemple, l’attention des écoliers progresse pour atteindre son pic vers 11 h 20. Puis elle décline jusqu’à 13 h 40 et remonte légèrement jusqu’à 16 h 20.

Quel coût ? Quels moyens ?

« Le creux postprandial, celui du déjeuner de midi, n’a rien à voir avec le repas », prévient l’universitaire. « Il est dû au cerveau qui se met en repos. » Mais ces courbes évoluent selon que l’enfant s’est levé tôt ou non, ou qu’il vive dans des zones d’éducation prioritaires (ZEP), un milieu socio-économique plus « anxiogène ».

Pour les bambins en maternelle, ces courbes sont encore différentes. L’après-midi, leur cerveau est moins efficient. Corinne Ponce conseille la sieste mais les programmes l’interdisent en moyenne section, comme le rappelle une enseignante.

En conclusion, Corinne Ponce conseille de changer le moins possible le rythme de vie de l’enfant ; de ne pas commencer trop tôt les apprentissages, de garder une pause méridienne conséquente, et des activités périscolaires pensées en cohérence avec l’apprentissage scolaire. « Ne rien faire, c’est aussi être en activité ! », a-t-elle insisté.

Au terme de son intervention, enseignants et parents sont intervenus. Certains s’interrogent sur la fiabilité d’une étude réalisée dans les années 1990 ; d’autres sur les conditions d’accueil après les cours dans et hors de l’école. Enfin, un parent regrette le flou qui entoure encore l’application de cette réforme localement en matière de moyens et de coûts. Le débat est ouvert.

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