PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In l’expresso – le café pédagogique – 4 février 2013 :

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En 1994,  à l’initiative de François Bayrou ( alors ministre de l’Education nationale ) les conseils d’école sont appelés à se prononcer sur la question des rythmes scolaires. De juin à octobre 1994, quarante mille conseils d’école ( sur 55000 établissements ) répondent à l’enquête. Le maintien du statu quo, avec samedi matin travaillé, ne remporte que 15% des suffrages, tandis que le report simple du samedi matin au mercredi fait le plus mauvais score ( 4% ). En revanche, la libération du samedi matin, avec son nécessaire corollaire du raccourcissement des vacances scolaires, connaît un franc succès ( 39%). Les scénarios « autres » ( ou « divers ») sont choisis par 22% des conseils d’école. Mais le plus remarquable ( et le plus préoccupant pour ceux qui se situent résolument dans une prise en compte des « rythmes scolaires » et donc de la réduction de la journée de classe ), c’est que 20% des conseils n’ont pas hésité à jeter leur dévolu sur le scénario 4, qui prévoit 4 jours de classe de 6h30…

Ce qui est plébiscité en fait, c’est ce qui est le plus éloigné de ce que préconisent les spécialistes des « rythmes scolaires » : la semaine de quatre jours pleins avec rattrapage sur les vacances ou, pis, l’augmentation du temps de travail journalier de l’écolier. Comme quoi l’on ne peut tout attendre sans problèmes de la « démocratie de proximité »…. Les spécialistes des rythmes biologiques et psychologiques de l’enfant étaient pourtant formels : « Nous savons que la semaine de quatre jours ‘’ secs ‘’ sans relais nuit aux enfants issus des milieux ‘’ sensibles ‘’, et qu’il est préférable de répartir les enseignements pour tous les enfants sur quatre jours et une demi-journée. C’est aux autorités du ministère de l’ Education nationale de trancher ». ( « L’enfant et ses rythmes : pourquoi il faut changer l’école », par François Testu et Roger Fontaine aux éditions Calmann-Levy ).

La distance entre les parents d’élèves « de base » d’une part, et les Fédérations de parents d’élèves et certains responsables du ministère de l’Education nationale d’autre part, va d’ailleurs s’accroître sensiblement durant l’année 1994 sous l’influence des spécialistes des « rythmes scolaires », si l’on en juge par certains témoignages, ceux de François Testu en particulier cinq ans plus tard : « Je pense que si on avait laissé faire, on serait tous aux 4 jours. A quatre ou cinq, pas plus, en particulier au congrès de Blagnac de la FCPE, en 1994, on a mis le paquet. La base de la FCPE, comme celle de la PEEP était pour les 4 jours ; et les autonomes encore plus. On a fait un appel ‘’ musclé ‘’ qu’on a fait publier un peu partout, et je suis intervenu au congrès de la FCPE. On a été entendu. Il y a eu un revirement du côté des deux fédérations de parents, l’autonome s’est rallié après. Les politiques ne savaient pas trop sur quel pied danser […]. J’ai fait une émission de télévision avec le  Directeur des Ecoles, Marcel Duhamel, qui n’était pas loin de penser à l’époque que les 4 jours étaient ce qu’il y avait de mieux. Six mois après, il m’invitait à parler au ministère devant tous les responsables ; et on a mis un frein très net par rapport aux 4 jours. C’est quand même rassurant de voir des politiques faire marche arrière. On peut encore discuter »

C’était sans compter avec la décision ultérieure d’un certain Xavier Darcos. Sans grève alors ( pour ou contre ).

Claude Lelièvre

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