PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Vous Nous Ils – le 22 avril 2013 :

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La mis­sion de réflexion sur la morale laïque à l’école a rendu son rap­port à Vincent Peillon ce lundi. La morale laïque s’enseignera du CP à la ter­mi­nale dès 2015.

Avec l’enseignement obli­ga­toire de la morale laïque dès la ren­trée 2015 de l’école pri­maire jusqu’au lycée, Vincent Peillon sou­haite per­mettre à toutes les croyances et reli­gions de coexis­ter : "La morale laïque est non confes­sion­nelle, mais elle n’est pas contre les confes­sions", a sou­li­gné ce matin le ministre de l’Education natio­nale, lors de la pré­sen­ta­tion du rap­port de la mis­sion de réflexion. "La morale laïque n’est pas là pour exclure ou pour bles­ser, mais au contraire pour rassembler."

Cet ensei­gne­ment ne doit pas davan­tage être, comme cer­tains le redoutent, l’expression d’une "morale d’Etat" : non dog­ma­tique, elle doit per­mettre à chaque futur citoyen de "construire libre­ment son juge­ment" par la pra­tique des débats et de l’argumentation. Elle repo­sera par­ti­cu­liè­re­ment sur l’apprentissage du res­pect de l’autre et de l’acceptation des désaccords.

"Les enfants ont des intui­tions morales"

Le rap­port remis ce matin au ministre par l’IGEN Alain Bergounioux, Laurence Loeffel, pro­fes­seur de phi­lo­so­phie de l’éducation à l’université Lille-3 et Rémy Schwartz, conseiller d’Etat, sou­ligne l’importance de la morale dans l’enseignement. "La morale est indis­so­ciable de l’acte éduca­tif, il n’y a pas d’éducation sans morale", affirme Laurence Loeffel.

"Les enfants ont des intui­tions morales, observe Alain Bergounioux, par exemple sur ce qui est juste ou injuste, bien ou mal. Le pro­blème du pro­fes­seur d’école est d’expliciter et de fon­der ces intui­tions." Pour y par­ve­nir, l’IGEN cite dif­fé­rentes méthodes : études de cas, pra­tique de dilemmes moraux, exer­cices à visée phi­lo­so­phique, jeux de rôles… Il encou­rage d’y asso­cier tous les per­son­nels de l’établissement, CPE et chefs d’établissements inclus. "C’est un pro­jet col­lec­tif : c’est l’enseignement moral à l’école, mais c’est aussi la morale de l’école".

L’apprentissage de la morale pas­sera aussi par l’apprentissage des valeurs répu­bli­caines, à com­men­cer par celle de la liberté, en par­ti­cu­lier la liberté de conscience. Si "les ensei­gnants ont une tâche d’instruction, ils ont aussi une tâche de trans­mis­sion des valeurs de la République", relève Vincent Peillon, qui ne se veut pas pour autant tourné vers le passé : "nous le ferons avec les exi­gences de notre temps".

"Une heure par semaine minimum"

Concrètement, l’enseignement de la morale laïque devrait selon les sou­haits du ministre occu­per "une heure par semaine mini­mum" en pri­maire et au col­lège, et au moins "18 heures par an au lycée". Tous les ensei­gnants y seront for­més dans les ÉSPÉ, à tra­vers deux modules, l’un consa­cré à la laï­cité (effec­tif dès la ren­trée 2013) et l’autre à la morale (dont le contenu sera défini par le Conseil supé­rieur des programmes).

Elle vien­dra rem­pla­cer les dis­po­si­tifs d’éducation civique exis­tants, comme l’ECJS au lycée, qui servent trop sou­vent de "variable d’ajustement" comme le rap­pelle Alain Bergounioux. La morale laïque béné­fi­ciera d’horaires dédiés et sera évaluée, selon des moda­li­tés qui res­tent à pré­ci­ser. Une épreuve au bre­vet des col­lèges et une note en contrôle continu au bac­ca­lau­réat ne sont pas exclus.

N’importe quel ensei­gnant formé volon­taire pourra prendre en charge cette matière : "ce ne doit pas être la chasse gar­dée de l’historien ou du phi­lo­sophe", remarque Vincent Peillon. Les pro­fes­seurs seront libres dans la forme à y don­ner, et pour­ront par exemple regrou­per des heures pour mon­ter des pro­jets multi-disciplinaires. Des pro­grammes seront bien­tôt rédi­gés pour garan­tir une pro­gres­sion des élèves du CP à la ter­mi­nale, et pour que l’enseignement soit par­tout "à peu près sem­blable", tout en ména­geant la liberté péda­go­gique. Les détails pra­tiques seront fixés par le Conseil supé­rieur des pro­grammes, qui doit être ins­tallé à l’automne.

Quentin Duverger

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Categories: Laïcité

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