La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), vient de rendre un rapport très critique sur l’opportunité de légiférer à nouveau sur les questions de laïcité en France. Dans ce rapport, voté ce jeudi après-midi et que Libération s’est procuré, la commission explique qu’en matière de laïcité, «il n’y a ni pertinence, ni utilité à légiférer aujourd’hui».

Désaccords au sein de l’Observatoire de laïcité

En vingt ans, la commission a rendu une demi-douzaine d’avis ayant trait aux questions de laïcité, avec une position constante, où ressort le souci de veiller aux principes d’égalité et de non discrimination. Mais ce dernier avis, alors que le gouvernement (et plus largement la gauche) est profondément divisé sur ces questions, passe mal chez certains. En premier lieu chez certains membres de l’Observatoire de la laïcité partisans d’une laïcité stricte, qui ont le sentiment que leur président Jean-Louis Bianco a cherché à leur couper l’herbe sous le pied en sollicitant un avis de CNCDH qui, comme on pouvait s’y attendre, allait aller dans le sens du refus de toute nouvelle loi (lire dans Libération ce vendredi). Dans quelques semaines, l’Observatoire de laïcité s’apprête à rendre son rapport sur la laïcité dans le secteur de la petite enfance. Avec cette question, soulevée par la polémique autour de la crèche Baby Loup : doit-on (et peut-on) interdire aux salariés de crèches privées le port de signes religieux ?

Dans son avis, la CNCDH s’oppose très clairement à une telle option qui, selon elle, pourrait être source de discrimination vis-à-vis de l’accès à l’emploi. La commission rappelle que le principe de la laïcité en France n’impose la neutralité qu’aux agents du service public (cf la loi de 1905). Or, les crèches privées relèvent du secteur privé, quand bien même elles remplissent une mission d’intérêt général ou sont financées par des subventions publiques. 

 

Alice GÉRAUD