PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In L’Ecole et les temps de l’enfant – le 30 septembre 2013 :

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"Monsieur le Ministre, je vous en conjure, acceptez d’entendre que pour le bien-être des enfants, il faut construire un projet éducatif qui a du sens pour eux. Cela implique un partenariat non virtuel entre l’éducation nationale et tous les autres partenaires éducatifs, les parents bien sûr, mais aussi les collectivités locales, les professionnels de l’éducation, les atsem ou asem, les associations et animateurs socio-éducatifs, les clubs sportifs, culturels, artistiques de la commune, etc, ce qui demande de la concertation et du temps pour la construction. 

Ce projet éducatif autorisera une remise à plat de l’ensemble des temps que doit vivre un enfant sur sa semaine, en ayant bien en tête que le temps scolaire n’est pas le plus conséquent en terme de durée (24H/ semaine sur les 168H que comporte une semaine de vie scolaire de l’enfant !), pour éviter de lui imposer chaque jour un émiettement de ses temps (relisons Paul Fraisse, Bachelard), des transitions difficiles à gérer à chaque moment de sa journée, des changements de lieux, de contextes et de référents permanents ! comment croire que c’est pour son "bien-être" ???? 

Un tel projet éducatif, construit de façon partenariale, consensuellement, est le seul à répondre à l’un des facteurs clé du bien-être des enfants : la qualité de vie professionnelle de tous les adultes ayant les enfants sous leur responsabilité à un moment donné de la journée.

Non monsieur le Ministre, une journée de 5h15 n’est pas de fait moins fatigante qu’une journée de 6h, tout dépend des CONTENUS de ces heures, de la pédagogie mise en oeuvre, de la capacité des enseignants à utiliser les bonnes alternances entre les tâches abstraites, rationnelles, avec des activités où la motricité est impliquée et d’autres enfin où on fait appel à la créativité : cette alternance est largement facilitée par de longues matinées, reconnues par tous les acteurs éducatifs comme les moments les plus à même de maintenir la disponibilité aux apprentissages (de tous ordres) des enfants ainsi que leur motivation. Cette alternance facilite de plus les transferts d’apprentissage entre des disciplines souvent perçues comme étant fondamentalement différentes : oui on peut montrer aux enfants que des connexions sont possibles entre l’EPS et les maths mais aussi entre les maths et la musique, entre autres. Cette mise en relation est largement facilitée par le fait de pouvoir se faire suivre, dans l’emploi du temps d’une journée, ces matières souvent réparties illégitimement entre les moments considérés comme qualitativement bons pour les apprentissages nécessitant attention et concentration et les autres moments, de moindre disponibilité attentionnelle. Ce que d’aucuns font  depuis longtemps en étalant le temps scolaire sur des matinées de 4 heures, durée très habituelle dans la plupart des écoles du monde.

Pour la petite histoire, chacun d’entre vous sait-il que la journée de classe que nous avons tous connue, que connaissent tous nos enfants à l’heure actuelle, à savoir 3h le matin, 3h l’après midi et une pause de 1h30 à 2h selon les territoires pour le déjeuner du midi existe depuis…. un édit royal de 1834 qui avait décidé que la semaine des écoliers serait de 30 heures, réparties sur 5 jours, lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi, à raison de 3h le matin, 3h l’après midi et une pause le midi pour le repas !! À l’heure où on parle de réforme des rythmes, de refondation de l’école, n’est-il pas temps de revoir totalement ce type d’emploi du temps qui a duré ainsi jusqu’au décret de 1969, supprimant 3h de classe hebdomadaires en supprimant le samedi après midi de classe ? Jules Ferry, en rendant l’école obligatoire pour tous les enfants a uniquement supprimé des journées scolaires les temps de messe, de prières, de catéchisme en renvoyant l’éducation religieuse au jeudi.

Je n’imaginais pas que "réformer" consistait à aménager à la marge une journée scolaire vieille de 179 ans !!! 

Si vous confirmez, Monsieur le Ministre, que "le gouvernement a décidé de mettre en place rapidement l’un des piliers de la refondation de l’école, la réforme des rythmes scolaires" comme le déclare l’Institut Supérieur des Élus, reconnu par le ministère de l’intérieur et habilité à assurer une formation destinée aux élus et personnels des services scolaires, enfance et petite enfance pour que les collectivités territoriales jouent le rôle majeur qui est le leur dans la mise en oeuvre de cette réforme, vous ne pouvez pas vous contenter d’imposer aux enseignants un emploi du temps qui n’est qu’un changement cosmétique de l’existant. Vous ne pouvez pas non plus n’accorder que des miettes de temps pour les activités que vont devoir financer les collectivités.

Pour que cette ambition, légitime, pour changer en profondeur notre école, si mal évaluée actuellement mais déjà depuis bien avant 2008, (voir l’évolution des évaluations internationales, non uniquement celles de PISA, entre 2001 et 2008), ne reste pas virtuelle, ce qui ne manquerait pas de renforcer les idées des tenants d’une école autre que publique, il est nécessaire d’accepter que des organisations temporelles innovantes, correspondant réellement aux besoins des enfants mais répondant également au mieux vivre de tous les adultes puissent voir le jour ou être pérennisées.

Tout le monde connaît les projets que j’ai participé à construire, à Lille, en 1995-1996, mais aussi à Lomme, en 2011-2012, mais j’ai eu le bonheur d’apprendre, par la voix d’un parent d’élève s’intéressant à mes travaux via ce blog, qu’à Münster, en Alsace, une telle organisation existe sur l’école depuis…. 24 ans !

"Voici ce que m’a écrit ce parent d’élève : "

Bonjour Mme Leconte,

Je lis avec attention vos différents articles très intéressants. Je les découvre car je ne m’intéresse que depuis peu à la question des rythmes scolaires, poussée par la réforme qui nous attend.
En effet, je suis parent d’élève à l’École élémentaire de Munster (Haut-Rhin). Cette école bénéficie depuis 24 ans d’un Contrat Educatif Local (CEL) lui permettant de libérer 2 après-midi (mardi et vendredi) par semaine afin de proposer des activités sportives, artistiques ou culturelles (2h d’activité par après-midi de libre). Ces activités sont proposées dès la grande section de maternelle jusqu’au CM2.
Le reste de la semaine est organisé avec 5 matinées de 4h et 2 après midi de 2h (lundi et jeudi).
Il s’agit d’un réel pacte éducatif puisqu’il implique la municipalité, les enseignants, le périscolaire et les familles. Ce dispositif est très largement plébiscité par les enfants et les familles et fait consensus auprès des enseignants. Actuellement plus de 30 activités sont proposées tout au long de l’année. Ce CEL existe depuis la rentrée 1989/90 sur la base du même fonctionnement, certains animateur sont d’ailleurs là depuis le début.

Ce dispositif "survit" depuis quelques années grâce à des dérogations successives, mais est clairement pointé du doigt avec la nouvelle réforme des rythmes scolaires qui impose 9 demi-journées de classe. Alors que je lis sur votre blog que notre organisation est plutôt pionnière et va dans le bon sens, on nous demande de rentrer dans le rang ! Nous avons tous (familles, enseignants, animateurs…) le sentiment qu’il s’agira d’un régression!

Pouvez-vous nous apporter votre soutien ?".

Depuis que je "tourne" en France, de très nombreuses villes, ou communautés de communes, se sont dites très intéressées par une telle organisation : de fait celle-ci répond réellement aux besoins des enfants, permet de redonner une vraie qualité de vie professionnelle aux enseignants, rassure les parents sur la qualité des animateurs intervenant sur les après-midi libérées, et facilite le rôle des collectivités dans la mise en place des temps éducatifs non scolaires. En effet, sur une commune (ou un ensemble de communes), il est possible de ne pas libérer les mêmes après-midi ce qui permet alors de mutualiser et "faire tourner" les ressources existantes sur la commune (ou sur l’ensemble des communes) : il a été prouvé que cela revient moins cher que de devoir étaler ces temps chaque jour, sur toutes les écoles, avec des vacataires en grand nombre, cela permet également aux associations existantes de s’investir dans le projet, car il est évident que pour elles, participer à un projet dans lequel elles pourront initier vraiment tous les enfants à leur activité et leur faire découvrir qu’elle peut les intéresser alors même que spontanément, ceux-ci n’y seraient pas allés, est le meilleur moyen de ne pas avoir des associations trop fréquentées à côté d’autres ayant du mal à faire le plein d’inscriptions. 

Sur des après-midi libérées, on peut mettre en place des parcours éducatifs ayant des objectifs clairement affichés, et permettant à chaque enfant de savoir quelles compétences et capacités nouvelles il pourra acquérir en fréquentant ces parcours, cela leur permet aussi de mettre à jour des potentialités qu’ils ignoraient posséder, ce qui, évidemment, joue favorablement sur l’estime de soi de chacun. De tels parcours peuvent plus facilement entrer en interactions avec les projets d’école, ce qui renforce la synergie entre les temps scolaires et les temps non scolaires, un des enjeux de cette réforme pour refonder l’école. Les compétences acquises dans le cadre des parcours éducatifs peuvent alors être prises en compte dans les évaluations de l’école, ce qui contribue largement à développer le socle commun de compétences sur la base d’apprentissages formels et non formels.

Il est évident qu’un tel projet, correspondant à un projet de société et permettant de privilégier la prévention de nombreuses difficultés plutôt que courir sans cesse après des solutions de réparation comme on est trop habitués à le faire en France, nécessite un travail important d’informations et de formations, auprès des parents, des enseignants, des animateurs, de tous les professionnels de l’enfance, mais aussi des techniciens des villes, ce qui implique que du temps soit accordé à sa construction.

Mais visiblement une fois le processus enclenché grâce à une présentation exhaustive des tenants et aboutissants d’un tel projet, nombreuses sont les communes prêtes à s’y impliquer car comme le disent tous ceux qui y réfléchissent dans l’après-coup : cela a du sens pour nous, par rapport à notre ambition éducative pour tous les enfants de notre ville. Ce qui n’est évidemment pas le cas des communes qui reconnaissent ne surtout pas chercher à ce que tous les enfants fréquentent leur "périscolaire". il m’a ainsi été dit que plus il y aura d’enfants qui rentreront chez eux à 15h30, mieux ce sera pour la ville !!! C’était cela votre ambition avec cette réforme, Monsieur le ministre ??

Actuellement ce souhait de projet éducatif ambitieux concerne plusieurs communes d’Auvergne, plusieurs autres de Bretagne (dont certaines ont un tel projet prêt depuis un an, auraient pu le mettre en place dès 2013 s’ils n’avaient pas essuyé un refus de la part de votre cabinet), plusieurs encore en Haute Savoie et en Isère, plusieurs également dans les Bouches du Rhône, en Moselle, en Charente Maritime, dans le Nord, dans le Pas de Calais, sur Paris, en Seine St Denis, en Seine et Marne, en Seine Maritime, à Hendaye, les enseignants sont allés voir la mairie pour lui dire qu’ils étaient tout à fait prêts à s’investir dans un projet de ce type, ce que d’ailleurs avait aussi affirmé l’enseignante représentant le collectif des dindons lors de l’émission Rue des Écoles à laquelle il m’avait été demandé de participer en présence de Jean-Paul Delahaye, le DGESCO (Directeur Général de l’Enseignement Scolaire). Nombreux sont aussi les élus (de couleurs politique différentes) qui reconnaissent qu’il s’agit là d’un projet éducatif de qualité intéressant l’ensemble des citoyens.

Allez vous rester le seul, Monsieur le Ministre, à ne pas être convaincu qu’il faut bouger les lignes du cadrage pour les emplois du temps scolaires, pour permettre à tous la construction de projets éducatifs ayant du sens pour l’ensemble de la communauté éducative ? 

Non Monsieur le Ministre, les Professeurs des Écoles ne sont pas des fainéants qui profiteraient des après midi libérés pour aller je ne sais où, la plupart d’entre eux, tous ceux que je connais en tout cas (ils sont nombreux) et/ou avec lesquels je travaille depuis très longtemps, sont des enseignants très engagés dans leur métier, toujours en recherche d’un mieux pour leurs élèves, peu regardants sur le temps qu’ils octroient à leur travail. Mais ils ont une lourde responsabilité, car ils sont seuls face à une classe entière d’enfants qui ont tout à apprendre, qu’ils voient quotidiennement, tous les jours de la semaine, toutes les semaines de l’année scolaire, ils n’ont pas le droit à l’erreur avec eux. D’ailleurs on se souvient souvent beaucoup plus d’un instit ou d’une instit qui a marqué notre enfance qu’on ne le fait d’un enseignant du secondaire, à moins que celui-ci n’ait été vraiment exceptionnel. Ces enseignants ont été très fortement malmenés ces dernières années, on leur a imposé des tâches et même des missions pour lesquelles ils n’étaient pas formés, ils s’y sont pliés, pour le bien de leurs élèves. Mais pour cette refondation, il me semblerait plus que normal qu’étant donné que les revalorisations salariales ne sont pas pour demain, on leur accorde des conditions de travail plus à même de respecter leur qualité de vie professionnelle mais aussi personnelle : il n’est pas du tout équivalent de devoir faire toutes les tâches qu’ils appellent invisibles sur des temps contraints, sur des fins de journées, que de pouvoir les faire sur des après-midi libérées, à des moments où eux-même ont une disponibilité intellectuelle plus grande, sont plus efficaces dans leurs tâches, peuvent sans difficulté décider d’une réunion entre collègues qui risque de durer 3 heures. C’est bien un système dont bénéficient tous les enseignants du secondaire et qu’ils ne voudraient surtout pas, j’ai maintes fois eu l’occasion de le constater, perdre. Pourquoi ne pas accorder ce droit aux professeurs des écoles ? 

On commence déjà à voir que dans beaucoup de communes où on a voulu partir très vite, l’organisation est loin d’être bien réglée et les enfants ne donnent pas le sentiment d’aller vraiment mieux qu’avant. Dans certains cas, comme il y a eu un gros investissement par la collectivité pour apporter des activités coûteuses, on peut craindre que certains enfants vont être très heureux d’aller dans ces activités, mais pas beaucoup plus d’aller à l’école, le contraste risque même de se faire au détriment de l’école. Mais on voit aussi que là où on demande aux familles de payer, il est des enfants qui vont passer encore un peu plus de temps devant la télé ou dans la rue. C’était votre ambition Monsieur le Ministre ? 

Sans compter avec les enseignants du privé qui m’ont déjà dit qu’eux n’ont aucune obligation dans l’application de la réforme, et le projet que je vante leur convenant, ils ne s’empêcheront pas de l’installer dans leur école. Cela aussi c’était votre volonté Monsieur le Ministre ? 

Il suffit de peu pour que les choses changent dès la rentrée 2014, sachant que certaines communes ont déjà dit qu’elles ne se priveraient pas de faire évoluer ce qui a été mis en place un peu rapidement, il suffit d’une part d’accepter que soient expérimentées d’autres organisations que les seules actuellement imposées, (quand on "expérimente depuis 24 ou 17 ans, on a largement confirmé le bien-fondé de l’expérimentation), et que des amendements au décret actuel soient proposées pour laisser davantage de liberté aux communes et aux territoires de construire le projet éducatif correspondant le mieux à leurs besoins et à leurs ressources.

Vous aviez déclaré que vous imposiez un cadre rigide pour respecter l’égalité territoriale et que l’éducation reste bien nationale, je crois qu’au contraire, ce cadre rigide ne permettant pas l’innovation (donc pas non plus la refondation) mais laissant de la souplesse pour placer les quart d’heures revenant aux communes crée de vraies disparités territoriales : Certaines communes répartissent les quart d’heure en trois fois un quart d’heure sur la journée, donc on rentre plus tard, on sort plus tôt, et on a un quart d’heure de plus sur la pause méridienne. Est-il normal que ces communes, qui n’ont évidemment construit aucun projet éducatif, qui n’apportent rien de plus aux enfants, aient bénéficié malgré tout des 50 euros par enfant octroyés par l’État ? D’autres communes mettent les activités avant d’entrer en classe, en espérant que beaucoup d’enfants arriveront plus tardivement à l’école : on fait donc perdre à ces enfants tous les bénéfices d’une matinée de classe ! D’autres ont mis ces 3/4 d’h sur la pause méridienne, ce qui leur revient le moins cher (c’est dit par eux !), mais sans se préoccuper de l’état dans lequel sera l’enfant au sortir de ce temps qui devrait d’abord être u temps de repos ! D’autres enfin ont mis les 3/4 d’h en fin de journée, mais là encore, ou on fait de la garderie, ou on encadre un goûter payé par les familles, ou on veut faire des activités mais on ne trouve pas forcément assez d’animateurs pour encadrer au mieux, parfois c’est même un maire qui se donne le rôle d’animateur pour initier les enfants au tennis de table ! Sera-t-il libre tous les soirs toute l’année pour ce faire ??? D’autres enfin, se rendant compte de l’ineptie d’une actiivité faite uniquement sur 3/4 d’h dont il faut retirer le temps de regroupement des enfants au sortir de la classe dans des groupes inter-classes, le temps d’installation du matériel (qu’il faudra ensuite ranger), soit en fait une activité qui ne durera que 20 mns environ, ont décidé d’allonger ce temps en mordant sur le temps extra-scolaire : le choix pour l’enfant est donc soit d’avoir une telle activité, mais alors il devra rester plus tard à l’école, soit d’y renoncer complètement ! Et on constate surtout qu’on a forcément aussi des problèmes d’espaces, car avoir autant d’espaces disponibles que de groupes d’enfants en même temps est mission quasi impossible.

Si; Monsieur le Ministre, contrairement à ce que vous avez exprimé récemment à AEF, la fatigue actuelle des enfants constatée par des parents mais aussi par des enseignants, est en grande partie due à la mauvaise application de cette réforme : appliquée trop vite, elle n’a pas permis de réaliser toutes les formations nécessaires, de plus on constate que rien n’a été préparé pour organiser toutes les transitions auxquelles sont confrontés les jeunes enfants. Changer plusieurs fois de lieux, d’adultes, de groupes, parfois sur des temps limités, est particulièrement stressant et fatigant pour les enfants. 
Et que dire des mercredi imposés à tous, (il faut une dérogation pour partir le samedi, ce à quoi de nombreux DASEN répondent "je n’accorderai aucune dérogation, pour ne pas perturber le logiciel de gestion des remplaçants ! " ; qui obligent certains parents à devoir fournir un panier repas à leur enfant, ou qui obligent certains jeunes enfants à faire 40 mns de bus pour aller prendre leur repas sur le lieu de centre de loisirs où ils iront l’après-midi ! N’est-ce vraiment pas fatigant pour les enfants ? et que répondre aux directeurs de centres de loisirs qui constatent qu’ils doivent revoir complètement leur organisation, eux qui avaient un projet pédagogique à la journée et se retrouvent à récupérer des enfants quelque peu fatigués de leur matinée de classe pour leur proposer …. ils ne savent plus trop quoi, car ces mêmes enfants auront eu au cours de la semaine les activités qu’ils faisaient au centre de loisirs ! De plus ils constatent que c’en est fini des sorties possibles sur la journée pour tous ces enfants allant chaque mercredi au centre de loisirs. Je ne suis pas sûre que c’était le meilleur choix à faire pour ces enfants.

J’en suis à quelque chose comme 200 conférences et plus depuis un an, j’ai vu des milliers de personnes, des parents, des enseignants, des élus, des enfants aussi, des animateurs, même des délégués CAF, je me suis beaucoup impliquée, au détriment de ma famille, pour convaincre que cette réforme valait la peine d’être faite, mais jamais je n’aurais pensé qu’elle prendrait la tournure qu’elle est en train de prendre. Si rien ne se passe dans l’année qui vient pour permettre que de vrais projets éducatifs soient construits, que les enseignants aient vraiment envie de changer leur fonctionnement pour faire vivre autrement l’école à leurs élèves, non seulement le pari de la réussite de ces enfants sera perdu mais je pense qu’il ne sera plus question avant longtemps qu’on se préoccupe de l’aménagement des temps de l’enfant, ce sera une nouvelle fois un coup d’épée dans l’eau comme ça l’est depuis qu’on a sottement inventé le terme "rythmes scolaires", et qu’on n’est pas encore parvenu, malgré toutes les réformes, mais aussi tous les rapports d’évaluations d’expérimentations remis aux ministères de l’éducation nationale successifs (qui montraient à la fois ce qu’il est bon de faire mais ce qu’il vaut mieux ne pas faire), à organiser au mieux les temps de vie de tous les enfants.

Vous m’avez promis, devant témoins, lors de notre nouvelle rencontre à Roubaix, à la rentrée des classes, que nous nous rencontrerions en octobre, avant, avez vous dit, le prochain comité de suivi (dont, je le rappelle, je ne fais pas partie), pour que j’évoque avec vous toutes les rencontres de terrain que j’ai faites au cours de cette année et qui me permettent d’avoir une idée assez claire de la façon dont votre réforme est perçue et de pouvoir analyser les raisons d’un possible échec de cette réforme.

Nous sommes bientôt en octobre, mais je n’ai eu aucun contact de votre part, je doute donc fortement que cette promesse soit tenue et je le regrette profondément.

Je vous prie de croire malgré tout, Monsieur le Ministre, en mon entier dévouement pour l’école publique.

Claire Leconte"

PS : aux lecteurs de ce billet, les habitants de Münster avec lesquels je communique m’ont autorisée à faire part sur mon blog de leur expérience, j’ai à disposition de qui le souhaite, un exemplaire du CEL de cette commune. Il suffit de me le demander. 

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