PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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La réussite scolaire des enfants d’immigrés par rapport à celle de la population qui n’est ni immigrée ni issue de l’immigration est analysée à travers deux indicateurs : ne posséder aucun diplôme du second cycle de l’enseignement secondaire d’une part, être titulaire du baccalauréat quelle que soit la série d’autre part. Au regard de ces deux critères, les parcours des enfants d’immigrés sont très différenciés selon le pays de naissance des parents. Ces différences par origine s’estompent lorsque l’on tient compte des caractéristiques socio-démographiques et familiales, mais elles ne disparaissent pas toutes.

Les enfants d’immigrés venus de Turquie, d’Algérie, d’Espagne ou d’Italie sont surreprésentés parmi les non-diplômés du second cycle du secondaire, « toutes choses égales par ailleurs ». S’agissant de l’obtention du baccalauréat, trois faits stylisés se dégagent. Les fils et les filles de l’immigration turque sont en situation de sous-réussite, tandis que les fils et les filles de l’immigration du sud-est asiatique sont en situation de sur-réussite. Enfin, les filles de l’immigration marocaine ou tunisienne, et dans une moindre mesure celles de l’immigration sahélienne, obtiennent plus souvent un baccalauréat que les filles ni immigrées ni enfants d’immigrés, si l’on raisonne à caractéristiques sociales et familiales données.

L’étude porte sur les personnes âgées de 20 à 35 ans en 2008, qu’elles aient ou non terminé leur formation initiale et qu’elles soient ou non d’origine immigrée, dès lors qu’elles ont accompli une partie de leur scolarité primaire (école maternelle ou élémentaire) en France métropolitaine (noté France par commodité dans la suite de l’article). L’objectif est de comparer la réussite scolaire des enfants d’immigrés et de la population qui n’est ni immigrée ni issue de l’immigration (encadré 1) à l’aune de deux indicateurs : l’absence de diplôme au-delà du brevet (collège) d’une part et l’obtention du baccalauréat d’autre part.

L’appellation « enfants d’immigrés » recouvre ici deux sous-populations sensiblement différentes dans leur relation à la migration :

– les enfants qui sont nés en France d’un ou deux parents immigrés, c’est-à-dire d’au moins un parent né étranger à l’étranger ;

– les enfants migrants d’origine étrangère, qui sont considérés comme des immigrés parce qu’étant eux-mêmes nés étrangers à l’étranger. Dans l’étude ne sont retenus que les enfants migrants ayant effectué au moins une année de scolarité primaire en France.

Les enfants migrants représentent 16 % de l’ensemble des enfants d’immigrés âgés de 20 à 35 ans en 2008, mais leur poids se révèle très variable selon les origines migratoires (encadré 2, figure 1). Trois catégories se distinguent particulièrement. Les enfants d’immigrés des pays d’Afrique centrale ou du Golfe de Guinée (qualifiés par la suite d’Afrique centrale ou guinéenne) se composent de 47 % d’enfants migrants dont 24 % (contre 5 % pour l’ensemble des enfants d’immigrés, figure 2) a migré en France après l’âge de la scolarité obligatoire (6 ans). De même les enfants d’immigrés turcs comptent 44 % d’enfants migrants dont 14 % sont arrivés en France après 6 ans. Enfin, un quart des enfants des immigrés originaires d’Asie du Sud-Est sont des migrants dont 7 % sont arrivés en France après 6 ans.

* Yaël Brinbaum, CEE, Iredu, Ined ; Laure Moguérou, Université Paris Ouest Nanterre et Ined ; Jean-Luc Primon, UNS et Urmis

 

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Categories: 4.2 Société

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