PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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A la rentrée, francetv info avait demandé aux internautes de composer leur emploi du temps idéal pour les élèves du primaire. Après avoir épluché près de 200 propositions, une tendance émerge : que la semaine soit étalée sur 4 jours, 4,5 jours ou 5 jours, les internautes (parents d’élèves ?) réclament davantage de soutien scolaire et d’activités culturelles et sportives. Dans la réforme de Vincent Peillon, une heure d’aide au travail et trois heures d’activités périscolaires viennent s’ajouter aux 24 heures de cours hebdomadaires.    

Fort de cet enseignement, francetv info a choisi de retenir les cinq modèles d’emplois du temps les plus iconoclastes. Et a demandé à la chronobiologiste Claire Leconte, enseignante-chercheuse en psychologie à Lille-III, de les commenter. 

La semaine du stakhanoviste 

La semaine de 4,5 jours ? Insuffisant ! Dans cet emploi du temps, qui est peut-être l’œuvre de parents qui travaillent beaucoup, l’enfant est pris en charge par l’école et la collectivité locale six jours par semaine, du lundi au samedi. La pause déjeuner ne dure qu’une heure, après quatre heures de cours le matin (dans la réforme, la pause déjeuner doit durer au moins une heure et demie et les demi-journées ne doivent pas dépasser trois heures). 

En dehors du fait que l’élève risque d’être un tantinet fatigué, cette version stakhanoviste coûterait très cher, à l’Education nationale comme aux communes. Entre les 6 heures d’aide au travail et les 27,5 heures de cours, il faudrait nécessairement augmenter le salaire des enseignants. Et pour dispenser les 15 heures d’activités culturelles et sportives, y compris le samedi, les maires devraient mettre la main à la poche pour recruter des animateurs. 

Le commentaire du chronobiologiste. "L’enfant passe tout son temps à l’école, avec beaucoup de temps en classe ! On se demande quand il a des temps libres, du temps de loisirs avec sa famille. Les quatre heures du matin sont une bonne chose, mais il vaut mieux les répartir autour de deux pauses afin de permettre une vraie alternance dans les séquences pédagogiques."

Le week-end de trois jours

Quand certains souhaitent que les enfants aillent à l’école et au centre de loisirs six jours par semaine, d’autres imaginent l’emploi du temps idéal sur quatre jours, avec le vendredi chômé. La journée du mardi serait par ailleurs consacrée au soutien scolaire, à raison de deux heures le matin, et aux activités culturelles et sportives. Celles-ci se dérouleraient sur une durée d’au moins six heures par semaine.

Les heures de classe, elles, fondent comme neige au soleil (10 heures). Difficile de tenir le programme dans ces conditions. Et reste à trouver une solution de garde pour le vendredi si les parents travaillent (et qu’ils ne partent pas en week-end de trois jours).  

Le commentaire du chronobiologiste. "Quels parents peuvent assurer trois jours de week-end ? Par ailleurs, on connaît les méfaits sur la désynchronisation interne chez les enfants d’un week-end de deux jours seulement ! Quant aux trois heures quotidiennes de garderie ou d’études en fin de journée, cela me paraît ubuesque !"

Le modèle allemand 

Quitte à réformer les rythmes scolaires, autant s’inspirer de ce qui se fait ailleurs et supprimer la classe l’après-midi. C’est ce que suggère, comme plusieurs autres, cet emploi du temps. Il préconise, comme cela se fait en Allemagne, d’organiser les cours le matin et de libérer l’après-midi pour des activités culturelles et sportives (8 heures au total). Dans cette version, le nombre d’heures de cours se limite à 20 heures par semaine, à raison de quatre heures le matin. Là encore, difficile d’enseigner tous les programmes du primaire, sauf si ceux-ci étaient allégés. L’aide au travail occupe de nouveau une place importante, avec quatre heures hebdomadaires.  

Le commentaire du chronobiologiste. "Concentrer les temps d’apprentissage scolaire sur les cinq matinées est une bonne chose car c’est le moment de la ‘clarté mentale’, comme le répétait Alfred Binet. En revanche, je trouve dommage de placer deux heures d’accueil le matin, très long pour ceux qui arrivent à 7 heures et doivent attendre 9 heures avant de commencer la classe."

Le mode de garde en option

Voilà une proposition qui plairait peut-être aux communes, tant elle est économique pour elles. Pas d’accueil périscolaire le matin ni le soir, pas d’activités culturelles et sportives à financer, par de garderie ou d’étude le soir. Il paraît bien évidemment irréaliste de demander aux parents qui travaillent de trouver une solution tous les matins jusqu’à 9 heures et tous les soirs à partir de 15 heures pour garder leurs bambins. Certes, l’emploi d’une baby-sitter donne droit à un crédit d’impôt – non négligeable en ces temps de prélèvements en hausse – et le secteur des services à la personne est en plein essor. Mais encore faut-il pouvoir s’offrir de telles prestations, plus chères que les tarifs pratiqués par les collectivités locales et donc plus inégalitaires. 

En revanche, la proposition de réduire les vacances d’été à six semaines, un des futurs chantiers du gouvernement, rencontre une certaine adhésion auprès des enseignants, des parents d’élèves et des chronobiologistes. Celle de supprimer trois jours fériés serait sans doute moins populaire. Quant aux trois semaines de vacances de Noël, elles contreviennent à l’alternance sept semaines de cours/deux semaines de congés actuellement en place.

Le commentaire du chronobiologiste. "L’intérêt de cet emploi du temps est celui de cinq jours identiques. Mais ils se découpent comme ceux que l’on connaît depuis un édit royal de 1834 ! A savoir trois heures le matin, un temps le midi pour la pause repas, et trois heures l’après-midi. Ces journées ne permettent pas d’innovation pédagogique. En revanche, l’idée de revoir l’organisation de l’année est intéressante."

Le soutien scolaire en force 

 

Des activités culturelles et sportives ? Pas nécessaire ! Priorité est donnée dans cet emploi du temps au travail dans la classe et hors de la classe, via le soutien scolaire. Le nombre d’heures de cours s’élève à 31 heures dans la semaine. S’y ajoutent 18,5 heures d’aide au travail. Le "congé" du samedi matin semble bien mérité. Si cette proposition est bien sûr déséquilibrée et inadaptée aux capacités d’apprentissage de l’enfant, elle traduit une attente importante des internautes en matière d’aide aux devoirs et un souci de réussite scolaire.

Le commentaire du chronobiologiste. "On est dans la caricature de l’école seule capable d’éduquer les enfants. Aucune ouverture sur l’environnement, de quoi écœurer même le meilleur élève. Quels enfants et quels enseignants supporteraient cela ? Et les parents, où sont-ils ?"

"En outre, il faut tenir compte des contenus des temps. C’est bien l’erreur du ministère, qui n’a cessé de considérer que le seul fait de rajouter une demi-journée allait ramener la réussite à l’école. A aucun moment il ne s’est préoccupé de la façon dont les différents temps allaient être occupés."

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