PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Le Monde – le 27 septembre 2013 :

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Les Roms font l’objet de polémiques en France et en Europe. Plutôt que de céder à une simplification du discours et à une précipitation qui font le jeu des partis se nourrissant des peurs et des frustrations, nous devons réfléchir et agir de façon équilibrée sur cette problématique complexe.

Revenons d’abord aux faits : les Roms sont l’un des derniers peuples transnationaux et sans Etat. La plupart des 20 000 Roms installés en France viennent essentiellement de Roumanie mais sur les 6 millions qui vivent dans l’Union européenne, seuls 1,85 million sont roumains et 750 000 sont bulgares. 750 000 vivent en Hongrie, 500 000 en Slovaquie, 200 000 en République tchèque… Soit trois pays qui appartiennent d’ailleurs déjà à l’espace Schengen pour faire référence à une autre polémique.

Leur situation appelle une réponse européenne. Ce que l’on constate, c’est qu’aucun Etat membre n’échappe aux difficultés. Dans un contexte économique et social difficile, la cohabitation des riverains et des habitants de camps roms, dans des conditions souvent insalubres, attise rivalités et frustrations. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir ces populations surreprésentées dans les faits de délinquance entretenus par des réseaux mafieux. Notre responsabilité politique est de créer un cadre de droits et de devoirs pour toutes les populations.

RÈGLES EUROPÉENNES DE NON-DISCRIMINATION

Pour parvenir à une insertion durable des Roms, les responsabilités doivent être assumées à tous les niveaux compétents :

– Au niveau européen, surtout : c’est à la Commission européenne qu’il incombe de construire et de faire respecter les règles européennes en matière de non-discrimination, de liberté de circulation et de droits de résidence. Les déclarations et les œillères ne suffisent plus. De la même façon elle doit veiller au monitoring efficace de la mise en place des stratégies nationales d’intégration des Roms et à la consommation des fonds européens. Il en va ainsi du soutien à l’accès à l’éducation, à l’emploi, aux soins de santé et au logement dans les Etats membres concernés.

– Dans les pays d’origine, ensuite : chaque pays doit lutter contre toutes les formes de discrimination à l’égard de ces populations et prendre en charge des politiques d’intégration proactives de manière à ne pas contraindre leurs populations à l’exil. Ils ont d’ailleurs à leur disposition plusieurs fonds européens – dont le Fonds social européen – qui pourraient lutter contre la pauvreté en général et favoriser les programmes d’insertion pour permettre des changements sur le terrain. Aujourd’hui pourtant, leur trop faible mobilisation représente un échec patent et une hypocrisie à laquelle il faut mettre un terme.

– Dans les pays d’accueil, enfin : les autorités locales, en première ligne dans la gestion quotidienne de nouveaux arrivants sur leurs territoire doivent être davantage soutenues pour mobiliser le soutien financier européen et appuyer des projets portés par des acteurs associatifs engagés. Certains dispositifs, tels que les villages d’insertion, ont essuyé les plâtres il y a quelques temps ; mais d’autres formes plus abouties de dispositifs sont désormais élaborées et permettent de contractualiser l’accès aux droits, en contrepartie du respect des conditions de scolarisation des enfants, de non-recours à la mendicité, d’apprentissage de la langue, de formation…

Nous, socialistes européens, rejetons fermement toute forme de populisme et tout raccourci sensationnaliste dans le débat en cours à l’égard de ces populations. La spirale "installation-désordres-évacuation-réinstallation" est sans fin. Nous devons donc y substituer des actions concrètes. C’est tout le sens de notre action au Parlement européen, et c’est pourquoi nous nous reconnaissons pleinement dans la circulaire interministérielle du mois d’août 2012 qui engage tout le gouvernement. La fermeté est indéniablement nécessaire, mais le travail social également.

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