PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Le Huffington post – le 29 octobre 2013 :

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Il y a les réformes ignorées (1989 : la mise en place des cycles à l’école primaire), les réformes qui s’installent sans bruit (2008 : la réduction du temps de scolarité obligatoire par Xavier Darcos), et celles qui nourrissent la polémique pendant des mois.

La loi de Refondation de l’école est de celles-ci. Elle porte pourtant un objectif majeur, fondamental, celui de la réussite de tous les élèves. Pour y parvenir elle pose un principe évident, mais tellement novateur en France : un enfant se construit dans tous les temps de sa vie, à l’école et après l’école. Elle promeut avec force l’éducation partagée, partagée avec les parents, les enseignants et les collectivités territoriales.
Elle a fait l’objet d’une concertation sans précédent et jusqu’en octobre 2012, ses orientations, et en particulier l’impératif de réorganisation du temps scolaire, faisaient consensus. A la promulgation de la loi, une double contestation se fait jour sur la semaine de quatre jours.

Les maires d’abord dénoncent le coût de la réforme pour leur commune. Les enseignants ensuite, se posent la question de l’après école, mais aussi de leur temps de travail. Les plus noirs tableaux sont alors exposés : personnels encadrant non qualifiés, sécurité des élèves, activités de piètres qualités …Devant ce tollé général, de nombreux parents d’élèves s’inquiètent, se mobilisent avec leurs élus municipaux et les enseignants pour refuser la mise en place des nouveaux rythmes scolaires dès la rentrée scolaire 2013.

Pourquoi ce seul aspect de la réorganisation du temps scolaire cristallise-t-il toutes les tensions et les oppositions, alors qu’il ne constitue qu’une partie d’une vaste réforme ?

Sans doute la toute puissante Association des Maires de France n’a-t-elle pas été assez consultée, et surtout, accompagnée dans ce qui allait constituer son "obligation éducative". Il existe bien évidemment des clivages politiques, mais aussi les clivages urbains/ ruraux, riches/ pauvres sont également prégnants. Il y a surtout des Maires qui, au prétexte du coût et d’une éventuelle augmentation des impôts ne veulent pas "s ’embarrasser" de la compétence d’éducation et masquent leur manque de volonté politique derrière un impératif de bonne gestion. Il existe encore des édiles qui considèrent avoir rempli leur contrat vis-à-vis de leurs administrés lorsqu’ils ont construit des écoles et acheté livres et cahiers. Pour ceux-là, la réforme Peillon n’est qu’une contrainte supplémentaire.

Elle l’est tout autant pour de trop nombreux enseignants.
Contrainte supplémentaire ou révolution idéologique ?
C’est sans doute la question de l’éducation partagée tout au long de la journée, ferment de la réforme, qui bouscule et heurte.
Après l’exigence croissante des parents qui revendiquent une place dans l’école, ce sont des animateurs que l’on impose dans l’enceinte scolaire. Il est étrange que les enseignants balayent d’un revers de main ce qui a fait l’Éducation Populaire et de l’implication des enseignants dans ces mouvements. Jean Macé, Léo Lagrange, tous portaient cette vision globale de l’éducation. Jean Zay, ministre de l’éducation nationale reconnaîtrait bien la filiation avec cette réforme,

Sans sacrifier à une vision passéiste et idyllique de l’école des Hussards noirs de la République, c’est à cette histoire et ces idéaux que la réforme se réfère.
Tous les maires, toutes les équipes municipales qui ont travaillé, réfléchi, à l’élaboration de Projets Educatifs Locaux, Territoriaux, Municipaux, qui pensent intercommunalité, projets de territoire, qui se sont investis dans la Réussite Éducative, ont bien conscience que l’éducation partagée est une réponse au délitement du lien social, à l’égalité des chances,

N’ayons pas peur de la municipalisation de l’éducation : elle est la traduction de la volonté politique, cette volonté politique qui investit en l’avenir, qui porte ces choix dans la gestion communale, car les budgets sont contraints pour toutes les villes, quelque soient leurs tailles ou leurs richesses.

A Toulouse, les écoles depuis des décennies fonctionnent les mercredis matins. En 2008, nous avons demandé à déroger à la mise en place de la semaine de quatre jours, considérant que répartir autant d’heures de classes sur peu de journées ne pouvait qu’aggraver l’inégalité sociale et la fatigue des enfants. En 2009, interrogés sur ce dispositif, les conseils d’écoles émettent à une très large majorité un avis favorable. C’est avec l’ensemble de la communauté éducative que nous avons porté cette dérogation à la loi de 2008, C’est avec elle que nous évoluerons, prolongerons et approfondirons les dispositifs mis en place : activités périscolaires, ateliers études, passeport pour l’art, sont autant de mesures en faveur du meilleur apprentissage des petits Toulousains.

Nous l’avons toujours affirmé avec force : l’éducation est pour nous un investissement d’avenir.
La performance éducative d’un territoire, sa capacité à organiser la solidarité et le vivre ensemble sont au cœur de notre idéal républicain et de notre projet de société. Une société qui n’a pas le souci de ses enfants n’a pas d’avenir, commençons à l’appliquer dans nos communes.

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