PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In La Gazette – le 21 novembre 2013 :

Accéder au site source de notre article.


Le 14 novembre 2013, pendant que défilaient les opposants à la réforme des rythmes, la Gazette des communes avait convié plusieurs communes de tailles différentes à présenter leur façon de résoudre les problèmes d’organisation inhérents à l’application de la réforme des rythmes. But du jeu : dégager, au travers d’un échange d’expériences concret, des outils pertinents et les points à ne pas négliger pour la rentrée 2014.

Initiation au judo, écriture de chanson et comédie musicale, sensibilisation aux langues étrangères, percussion corporelle, couture, jeux avec les mots, ateliers philo, ateliers santé, ateliers de motricité fine (laçage, boutonnage), pliage, fabrication d’instruments de musique, création de bijoux… la description des activités proposées sur le temps d’activité périscolaire (TAP) supplémentaire induit par la réforme des rythmes ressemble à un inventaire à la Prévert. Alimentant, en dépit des efforts des collectivités, la polémique sur les inégalités territoriales.
Alors, comment offrir des activités de qualité… sans se ruiner ? La question s’impose à toutes les collectivités pour 2014, « car nous sommes confrontés à une pression des parents d’élèves, qui veulent savoir ce que font les enfants à la minute près », constate Philippe Relin, conseiller municipal d’Eragny, fortement impliqué dans la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Et ce, d’autant plus que « les enfants de maternelle sont incapables de raconter leurs journées », souligne Pierre-Alain Roiron, maire de Langeais. « Au final, on demande plus à un agent territorial qu’à un enseignant, y compris dans l’utilisation de certains supports. Quand un enseignant diffuse un dessin animé, c’est bien. Quand un animateur le fait, c’est suspicieux »,  déplore Philippe Relin.

Anticiper les problèmes d’organisation qui pèsent sur les TAP

  • La transmission d’informations entre les enseignants, le centre de loisirs, les TAP, les parents. Pour contrer ces problèmes de listings et leurs questions de sécurité, la ville d’Arras utilise un logiciel de gestion des inscriptions.
  • Les inscriptions : remplies par les parents, elles ne correspondent pas forcément aux envies des enfants. Pour entretenir leur intérêt, à Langeais « les activités du vendredi sont différentes de celles du mardi et les enfants changent de thématiques en cours d’année » explique le maire.
  • la récré : constatant l’impact de l’absence de récré sur les « TAP », la ville d’Eragny s’est rapprochée de l’inspection académique pour la faire rétablir. Une zone tampon entre la classe et le « TAP » a été créée.
  • les cartables : le centre de loisirs n’est pas forcément dans l’école à Eragny et rien n’était prévu pour emmener les cartables des enfants d’un point à un autre. « Nous avons donc travaillé avec l’Education nationale pour organiser des activités le mercredi matin qui dispensent les enfants d’amener un cartable » détaille Philippe Relin.
  • Maternelle : « Sur décision des enseignants et à l’unanimité des conseils d’école, nous avons calqué les activités des maternelles sur celles des élémentaires. C’est une erreur, il faut les différencier » résume Pierre-Alain Roiron. Arras a placé le « TAP » des maternelles à 13h15 : « cela permet aux enfants qui ont besoin de faire la sieste, de la faire effectivement et les temps d’apprentissage de l’après-midis sont préservés. Nous constatons aussi que les activités, s’il y en a en maternelle, doivent être ludiques et reposantes » témoigne Valérie Blouin, directrice de l’Education d’Arras.

Soigner la communication

  • Concertation : « elle doit se faire à la base » insiste Paul Bron, adjoint au maire de Grenoble, chargé de l’éducation et de l’université. Cette concertation doit se faire en continu et inclure un dispositif d’évaluation, permettant des ajustements en cours de route.Traduction : les communes ont intérêt à aller au-delà des seuls directeurs d’école et parents élus. Pourquoi ? « parce que les exigences des uns et des autres sont évolutives » constate Philippe Relin.
  • Présenter tous les intervenants : faire intervenir des animateurs aux compétences spécialisées multiplie d’autant le nombre d’adultes autour des enfants. La ville de Roubaix a organisé en début d’année, pour les enfants et les parents, des présentations des activités et de leurs animateurs. Plusieurs communes (Roubaix, Arras, Bourges…) ont créé un poste de référent pour les rythmes, dans chaque école, chargés de faire le lien avec les enseignants et les parents. Langeais a par ailleurs réorganisé l’emploi du temps des ATSEM, pour qu’elles demeurent avec les enfants jusqu’à la fin de la journée, car elles représentent le seul adulte de référence qui ne change pas dans la journée. 

A qui confier l’animation des TAP ?

« Sans mandat clair du maire, l’entreprise est vouée à l’échec, car tous les services vont devoir travailler ensemble, de manière transversale, comme des damnés ! » prévient Jean-François Lavoine, directeur général du Projet et des Actions Educatifs (DGPAE)

Education, Jeunesse, Petite Enfance et Centres Sociaux de Roubaix. Dans la ville nordiste, c’est le service Jeunesse qui pilote le chantier, épaulé par une cellule technique créée ad hoc. Arras n’a pas hésité, pour sa part, à engager une réorganisation de ses services. Au vu de leur expérience, les villes parties en 2013 estiment que leurs collègues de 2014 ne bénéficient pas d’un laps de temps plus important, compte tenu de l’ampleur du chantier. Nombre de villes ont enregistré une hausse de la fréquentation des activités périscolaires et de la cantine, surtout le mercredi midi et préviennent donc : c’est autant d’encadrants à prévoir. « Si nous étions partis en 2014, nous aurions eu, dans une ville comme Aubervilliers, les pires difficultés du monde à recruter le nombre suffisant d’animateurs, surtout que nous avons accepté de maintenir les taux d’encadrement » constate en effet Jacques Salvator, maire d’Aubervilliers.

  • Qui recruter ? Pour recruter ses 230 animateurs et 36 référents de site en deux mois, Roubaix s’est appuyée sur une démarche exhaustive de « job dating » adossé à un référentiel métier et mis en place des formations ad hoc. Arras a édité une fiche de poste exigeant un bac+2 et de l’expérience en animation/encadrement, recrutant les intervenants pour qu’ils correspondent aux activités offertes. La ville a, en outre, créé des postes de « managers pédagogiques », chargés d’élaborer le contenu des « TAP » en assurant le lien avec les projets d’école.
  • Recourir aux talents cachés : « nous nous sommes appuyés sur les compétences propres des agents municipaux. Pour les ateliers jardins, on fait donc appel aux jardiniers municipaux » décrit Sandra Gomes, directrice du service Enfance Jeunesse de Pont-de-Buis-sur-Quimerch
  • Quid des associations ? « Nous faisons intervenir plus de 25 animateurs associatifs en sport, culture, musique, sculpture, clubs de foot, etc… avec certaines associations, nous avons passé un accord pour qu’elles embauchent une personne en emploi d’avenir, dont les heures nous sont dédiées » Pierre-Alain Roiron, maire de Langeais. A Bourges, l’organisation des nouveaux rythmes puise dans un lien tissé avec les associations locales depuis 15 ans : « Nous offrons 195 ateliers, qui déclinent 72 activités différentes. Seuls 15 animateurs municipaux sont déployés, les autres sont des animateurs associatifs. Les subventions offertes aux associations sont intéressantes, elles peuvent recruter des animateurs dotés de brevets d’Etat et nous dédier leur temps de travail ».
  • Quid des étudiants ? « pourquoi ne pas nouer des conventions avec les lycées qui forment au CAP-Petite enfance ? » lance Sandra Gomès. A Arras, c’est chose faite : la ville a noué une convention avec l’Université d’Artois pour faire intervenir des étudiants en langues étrangères pendant les TAP.
  • Quid des bénévoles ? Les communes rurales devront sans doute faire « feu de tout bois » : « Nous avons la chance d’avoir un sculpteur de renommée internationale dans le village, qui a l’habitude d’animer des ateliers pour les enfants. Je ne me vois pas lui demander de passer le BAFA à 60 ans » rit Pierre-Alain Roiron. Mais le phénomène peut aussi concerner les villes, comme à Bourges, où « des parents ont signalé vouloir animer des ateliers eux-mêmes, avec l’aide d’un animateur pour bien gérer le groupe d’enfants » relève Catherine Pellerin.
  • BAFA… ou plus ? Le colloque a rappelé les enjeux d’une structuration de la filière animation au sein de la fonction publique territoriale. Directeur des Francas de Gironde, Hervé Paugam a expliqué l’intérêt du « certificat de qualification professionnelle », anti-chambre de diplômes professionnels tels que le BPGEPS. En attendant, Roubaix s’est lancé dans le test d’un BAFA scientifique expérimental, visant à spécialiser 15 animateurs à l’animation d’activités scientifiques.
  • Atsem : sont-elles des animatrices ? la réforme transforme leurs missions, accroissant la part dévolue à l’animation. Mais, constatent les collectivités pionnières, les ATSEM ne sont pas à l’aise pour intervenir, seules, en animation et surtout, pour ne pas reproduire, à l’identique, les activités proposées en classe. « Avec l’Education nationale, nous organisons une réunion pour aider les ATSEM à proposer des activités différentes. L’idée est de les aider à prolonger les apprentissages de la classe, tout en apprenant à changer de posture. Les ATSEM ont d’ailleurs demandé à faire évoluer leur Charte » décrit Catherine Pellerin. Arras, pour qui le bien-être des ATSEM est indissociable du bien-être des enfants, leur libère un mercredi sur deux.

Le coût moyen par enfant : de 130 euros à 320 euros, de Langeais à Roubaix 

  • Aubervilliers : 2 millions d’euros, pour 2 heures d’activités/semaine/enfant.Moyenne : 143 euros/enfant.8900 enfants. Fréquentation TAP : 95% des élèves d’élémentaire, 75% des élèves de maternelle.
  • Langeais : environ 55 000 euros, pour des ateliers d’1 heure le mardi et vendredi. Moyenne (1) : 130 euros/enfant.440 enfants. Fréquentation TAP : 88,6%
  • Pont-de-Buis-sur-Quimerch : 63 665 euros, pour des ateliers d’1 heure 30 minutes deux jours par semaine (selon les écoles). Moyenne : 164 euros/enfant.390 enfants. Fréquentation TAP : identique à celle du périscolaire d’avant la réforme.
  • Bourges : entre 700 000 et 800 000 euros, dont 70 000 euros de transport, pour 195 ateliers de 1h40 par semaine (les ateliers tournent sur les 4 secteurs de la ville). Moyenne : 150 euros/enfant.4870 enfants. Fréquentation TAP : 90% en élémentaire, 80% en maternelle.
  • Arras : 1 million d’euros pour des ateliers de 45mn à 13h15 en maternelle et 15h45 en élémentaire. Moyenne : 210 euros/enfant.3300 enfants. Fréquentation TAP : 63% des enfants.
  • Roubaix : 3,4 millions d’euros pour des ateliers de 2h/semaine/enfant. Moyenne : 323 euros/enfant.10 500 enfants. Fréquentation TAP : 66,66% des enfants.

Une réforme à 2 millions d’euros à Aubervilliers

  • Le coût total de la réforme en année pleine : 2 millions d’euros.
  • Estimation de la fréquentation des TAP : 8900 élèves.
  • Coût estimé par enfant : 225 euros.
  • Apport estimé du fonds d’amorçage, du fond dédié aux villes DSU-cible, de la CAF:
  • 143 euros par enfant.
  • Coût résiduel estimé pour la ville : 72 euros par enfant, soit un peu moins de 650 000 €.
  • Ramené au budget de fonctionnement de la ville, c’est 0.61 % de celui-ci.
  • Pour mémoire, les aides du fonds d’amorçage sont versées en deux temps.
(Source : service Education de la ville d’Aubervilliers)
Print Friendly

Répondre