PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Parcours du Loup Blanc – 8 décembre 2013 :

Accéder au site source de notre article.


J’ai testé un MOOC !

Oui, bien sûr, j’ai expérimenté les MOOCs !…. Fébrilement, j’attendais la date du 28 octobre, date d’ouverture de la plateforme française très FUN, de ces cours massifs en visioconférence, accessibles à tous, et donnés gratuitement par les grosses têtes des meilleures écoles et universités. Dès la mi-octobre je suis allé voir les différentes propositions mises en place. Il n’y avait pas encore grand chose… Sciences Humaines ? Nada ! Philo ? Nada ? Pédagogie ? rien ! Histoire des Arts ? encore moins ! Que voulez-vous, on ne se refait pas et je cherchais quand même dans mes centres d’intérêt ! Alors, j’explore… Et là, je vois « Effectuation Entrepreneuriale ».  Ça ne vous dit rien ? Normal. J’ai testé, ça ne dit rien à personne ! Totalement inconnu au bataillon cet intitulé, même pour les commerciaux « pur jus ».

Pas grave, je m’inscris, on verra bien ! Quelque chose me dit que cela pourrait être utile pour notre p’tit loup même si je ne comprends même pas le titre ! ;-( Ce qui m’intéresse c’est de voir comment cela fonctionne, de découvrir, d’apprendre quelque chose, d’expérimenter cet accès au savoir. Le Mooc bouleversera-t-il la diffusion des connaissances ? Est-ce la nouvelle éducation mondiale qui se dessine, sans frontière ?

Début des cours le 4 novembre avec le pape de l’effectuation en France, Philippe Silberzahn. En attendant, je vais faire un tour sur son blog que je referme assez vite ; un grand moment de solitude et de doute face à ce langage hors de mon monde « technology venturing » « strategy predicitive » « start up » « business plan »,,, Je sors largement de ma zone de confort…

Philippe Silberzahn enseigne à l’EMLYON Business School et intervient également dans la majeure « Innover et Entreprendre » de l’Executive MBA de HEC.

Très « look » les moocs ! Sonnerie des cours dans la boîte mail !

4 novembre. Premiers messages de Unow Mooc dans ma boîte mail avec video de bienvenue, explication du fonctionnement, ok ça marche. Et première leçon. D’une durée d’environ 10 minutes et au rythme de 5 par semaine, les vidéos sont proposées en début de semaine. Chacun peut travailler selon son rythme et un quizz valide chaque semaine. Un Laboratoire est ouvert pour permettre aux participants volontaires d’exposer leurs projets, et bénéficier ainsi des différentes compétences de leurs pairs impliqués dans cette collaboration. Egalement un Fil de discussion est ouvert pour permettre aux « étudiants » de correspondre ou témoigner. Des « live » sont organisés et, une activité mi-MOOC de type “étude de cas”, est lancée vers le 15, obligatoire pour valider ce MOOC. (Tous les moocs ne sont pas dotés de certification) Un groupe facebook est également ouvert pour permettre les échanges.

Des videos qui respectent rythme d’attention et moyens d’intégration de l’information

Au boulot, donc ! La première semaine, j’ingurgite consciencieusement les vidéos du cours en prenant des notes par mindmap. Exposés clairs, concepts clés illustrés par des exemples concrets, un plan rigoureux et une structure itérative (plan de la semaine, une notion par vidéo, un résumé à la fin de chaque cours et une synthèse en fin de semaine) je me surprends à penser « ça doit pas être ça, c’est trop simple !… » Réminiscence des bancs de l’école ou l’apprentissage est liè à la douleur ?? Ici, la pédagogie est conforme à notre fonctionnement cérébral: L’attention des apprenants est focalisée sur l’essentiel, mobilisation de la concentration par plage d’une dizaine de minutes, l’information répétée pour mieux la mémoriser, stimulation multi-sensorielle  et mise en relief des mots clés. Efficace ! Bravo à toute l’équipe !
Arrive donc le quizz de validation de fin de 1ère semaine…. Je ne suis pas sûre d’avoir rempli un quizz dans ma vie…. Appréhension ! Un regard sur le Fil de discussion…. Grrr ! ils ont l’air déçu ! Re-appréhension ! Bon, je coche ce que je crois avoir compris… évidemment, un quizz, j’trouve ça con…. J’essaie de comprendre comment ça fonctionne et ce qu’ils attendent,,, tadada…. 15/20 ! Bon, assez fière de mon début, je continue. Nettement plus cool parce que je prends 2 semaines de retard. Oupsss ! L’étude de cas arrive. Je n’avais pas prévu ça. Re-ptit-doute-qui-grignote… « étude de cas », kézako ? C’est pareil, c’est pas dans mon univers ça !  A la maison, ils rigolent en battant des bras et en disant « cui cui ». Bon.

Plaisir d’apprendre, délice de la découverte

En fait, c’est super intéressant ces cours ! 😉 On apprend réellement des tas de trucs, la pédagogie est excellente.

L’effectuation, c’est une approche hyper intuitive, très sociale, ouverte aux surprises et collaborations, orientée solution, incertaine et particulièrement créative ! Je rentre dans ma zone de confort ! « L’incertitude nous rend libres » dit le prof. C’est bon, on va être pote ! Quand il ajoute qu’à la base du processus, il y’ a la personne, je bois du p’tit lait ;-)

Et, au fur et à mesure, j’observe les liens possibles entre business et écoute, adaptabilité, ouverture; entre entreprise et créativité, innovation, social; entre stratégie et capacités de chacun; utilité de tests et droits à l’erreur,,, et je savoure ! La société de demain, celle qu’on est en train de construire, s’ouvre de tous les cotés aux besoins et valeurs humaines de partage, de spécificité de chacun, de confiance, d’audace, d’inventivité. La créativité s’invite par toutes les portes et s’installe comme souffle économique. Waouh ! En établissant les associations qui me conviennent, j’intègre à toute allure.

Sociabilité online : Gossip, les MOOCs ?

Et le mooc, c’est une profusion de profils, un foisonnement de personnes, une ouverture considérable, une multitude de solidarités, un travail ensemble et hyper collaboratif. Si la validation des quizz est automatisée, l’évaluation de l’étude se fait par les pairs. On change de rôle ; d’élève, on devient prévôt avec la responsabilité de commenter son évaluation. Et on remarque les bienveillants, les incohérents (commentaire décalé par rapport à la note) les tuteurs, les « enchaîrés » (oui, c’est une invention pour celui qu’on imagine en haut de sa chaire), les enchaînés, les déchaînés, les souples, les rigoristes,,, C’est la vie, non ?

D’un coup, 2ème semaine, 20/20 ; 3ème, 18/20 (grrr, c’est vraiment con les qcm); 4ème 20/20; étude de cas, en cours de validation.

L’appréhension de l’examen et les échanges d’étudiants

C’est fou comme c’est grisant les bonnes notes ! Quand je vais chercher ma petite dernière en CM2, lui annoncer mes bonnes notes me rend fière, la rend fière ! A la 4ème semaine, je suis tellement contente que je téléphone à mes filles, mon mari… je me sens légère !

Alors j’ai une pensée émue pour tous les élèves du monde. Et tous les profs devraient régulièrement redevenir élève, ne serait-ce que le temps d’un mooc…

Le poids des notes. Est-ce que j’aurais supporté d’avoir des mauvaises notes ? N’étant pas dans un système obligatoire comme l’école, j’aurais pu me défiler, laisser tomber, me dire que ce n’était pas pour moi, le prendre à la rigolade pour m’en sortir « saine et sauve », n’en parler à personne (eh, ben, ouais, j’aurais pas écrit ce papier !). Je suis libre, mais pourtant, est-ce si facile de ne pas se laisser amocher par ces satanées notes ? Sur le Fil de discussion, sur la page facebook qui ressemble à une cour de récré avec ses grandes gueules, ses fayots, ses gentils, ses anxieux, ses silencieux, on sent bien le désarroi, la déception, l’amertume de ceux qui ont ratés leur devoir ! Tous adultes et pourtant… La mauvaise note, c’est terrible!

Notre motivation ? comme à l’école, comme dans la vie !

Et oui le meilleur moyen d’apprendre, c’est le plaisir. Et pour qu’il devienne grisant, ce plaisir, s’il y’ a système de notation, c’est la bonne note, la récompense. La bonne note confirme le sentiment de compétence perçue. Pour que cette bonne note soit possible, pour que ce plaisir d’apprendre s’approche de la joie, pour que cette soif de la découverte nous stimule, pour apprendre avec enthousiasme, il faut que l’objet de l’apprentissage rejoigne d’une façon ou l’autre, peu ou prou, ce qui est important pour nous, ce qui nous tient aux tripes et nous rend vivant : nos VALEURS !
Et si, sur ce chemin, il y’ a quelques mauvaises notes, elles sont digestes parce que « techniques »; ce sont des erreurs qui nous aident à comprendre et deviennent « expérience ». Elles sont là pour nous signaler une méconnaissance, non pas une déconsidération globale sur notre nature. Une méconnaissance se comble; il s’agit de FAIRE en sorte.

Nos talents allient compétence et savoir : tous capable !

Et là, à ce moment là, tout le monde est capable ! Car c’est là que se nichent nos talents. La société de demain est prodigieusement ouverte car incertaine, évolutive. Tout est à inventer, vos métiers en particulier. Faîtes-le en fonction de vos talents, de vos rêves, du monde que vous voulez habiter. Rien n’est figé. Même pas les diplômes puisqu’ils deviennent « badges » !
Quoique….. faut-il des diplômes pour délivrer des badges ? On ne modifie pas le système en un jour … ;-)

La suite au prochain numéro; j’ai ma 5ème semaine à découvrir…

Merci à Philippe Silberzahn et toute l’équipe encadrante de ce MOOC Unow sur l’effectuation entrepreneuriale !

posted by Laure de Balincourt

En savoir plus sur les moocs ?
Sur les MOOCs francophones : http://www.scoop.it/t/moocfrancophone
L’impact des Moocs sur la perception des diplômes par Gilles Babinet
Les moocs de la plateforme nationale, France Université Numérique
Une infographie sur les moocs ici.
Print Friendly

Répondre