PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Education et Devenir – le 14 janvier 2014 :

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Du débat sur la refondation de l’école émerge régulièrement la question de la confiance, ou plutôt celle du déficit de confiance dans une école présentée comme anxiogène, fondée sur un enseignement vertical qui limite initiative et autonomie, accrochée à un système de notation qui trie et sépare plus qu’il ne regroupe et valorise.

Quel état des lieux peut-on faire ?

L’école française est-elle une école de la défiance parce qu’elle s’est construite en lutte, lutte contre les féodalités mais aussi les particularités locales, lutte face à l’emprise religieuse, et qui n’a su que se « sanctuariser » face à un monde de dangers ? Certains lui opposent un modèle anglo-saxon ou nordique plus confiant dans l’apport social, plus respectueux du cadre local. Mais le problème est-il celui de l’école seule, ou celui d’une société qui a tendance à substituer procédures et juridisme aux rapports de simple confiance ?

La confiance n’est pas qu’une relation de réciprocité entre deux acteurs, elle est un moteur systémique. Lorsque la défiance s’installe c’est à tous les niveaux : absence de confiance dans la capacité de l’élève à progresser par lui-même, doute sur l’aptitude des acteurs locaux à trouver des solutions adaptées, soupçon face aux intentions cachées d’une autorité centrale et, le plus grave en termes d’éducation, la difficulté pour les élèves à développer la confiance en soi indispensable à la réussite scolaire.

Il y a donc bien nécessité à sortir d’un cercle vicieux qui hypothèque l’efficacité du système éducatif et par là-même le devenir des élèves. Pour cela il faut d’abord considérer que la confiance n’est pas seulement un mot abstrait caractérisant une relation, mais qu’elle doit être un mode d’action : il faut faire confiance. L’intention ne suffit pas, elle doit se prolonger par des pratiques.

Dans le domaine des apprentissages, comment apprendre à faire confiance à l’autre, comment prendre confiance en soi en évitant le piège du narcissisme. Mais aussi comment passer de l’estimation à l’estime, se distancier de données qui, parce qu’elles se veulent objectives, supportent difficilement la discussion pour adopter un positionnement plus subjectif mais partagé.

Quelles voies favoriser pour que chaque acteur fasse confiance et soit objet de confiance ?

Dans le réseau de réciprocités qu’est le système éducatif, la notion d’acteur ne peut se réduire aux seuls professionnels et institutions de l’éducation. Les élèves sont des acteurs de première ligne : la confiance dont ils bénéficient et celle qu’ils accordent, aux autres et à eux-mêmes, sont le fondement des réussites. Autour des élèves agissent leurs familles, dont l’action permet à l’enfant de déplacer la confiance originelle qu’il a en ses proches vers une confiance qui s’applique aussi à l’école. Autour de l’école agit le cadre territorial dont l’apport des ressources est largement sous-estimé.

Faire confiance est bien une nécessité du système éducatif et de ses acteurs, l’enjeu pour sortir de l’impression de blocage souvent ressentie. Un véritable défi ?

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