PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Les philosophes ont longtemps affirmé que c’est le langage qui fait la pensée. Sans mot, pas de concept et pas d’idée claire. Et si cette idée reçue était tout simplement fausse ?
De nombreuses expériences – de la vie quotidienne à la science – invitent à penser qu’une grande partie de notre monde mental passe par les images plutôt que par les mots.

Que se passe-t-il dans la tête d’un sourd-muet en train de se masturber ? Voilà la curieuse question que le vénérable George Steiner pose au chapitreiii de son essai Les Livres que je n’ai pas écrits (Gallimard, 2008). Cette question semble revêtir pour lui une importance capitale. « Il serait extrêmement difficile d’obtenir sur ce point des informations fiables. Je n’ai connaissance d’aucune enquête systématique. Pourtant, la question est d’une importance cruciale. » Pourquoi s’intéresser à une question aussi saugrenue ? Parce que, selon l’auteur, la réponse pourrait éclairer la nature des liens entre émotions, langage et pensée. Si la pensée est le fruit du langage, qu’advient-il pour un sourd-muet qui ne possède pas de langage ?

Ici, G.Steiner commet une double erreur. La première est de considérer qu’un sourd-muet est privé de langage. Or, chacun sait que les sourds-muets utilisent un langage de signes qui n’a rien à envier en finesse, en rigueur et en richesse au langage parlé. De plus, les sourds-muets peuvent parfaitement lire, écrire ou raconter leurs expériences comme vous et moi. Ce que fit par exemple Pierre Desloges, un artisan relieur qui publia en 1779 ses Observations d’un sourd-muet. D’autres le feront après lui.

De Achille Weinberg

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