PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Education gouvernemental sept 2010 :

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Extrait intervention du Ministre de l’EN

Pour bien préciser l’esprit qui a présidé à la conception du programme Clair et l’ambition que nous lui avons fixée, je crois qu’il est nécessaire de porter un regard rétrospectif sur l’histoire de l’éducation prioritaire.

 

Il y a trente ans, en pleine massification, la France prenait conscience que les inégalités avaient pénétré au cœur de son école. Parallèlement à la mise en place d’une politique de la ville, l’éducation prioritaire fut précisément conçue pour remédier à cette situation. Là où les résultats étaient en retrait, là où les retards étaient les plus nombreux, la Nation s’engageait à donner plus. L’approche retenue fut donc celle du zonage, avec les zones d’éducation prioritaire : plus de moyens pour les territoires en difficulté.

 

Au début des années 1990, avec la multiplication des phénomènes de violence, l’Éducation nationale créa une nouvelle catégorie : les "établissements sensibles", dotés de moyens supplémentaires. Face à l’aggravation du phénomène, les "zones prévention violence" furent instituées au milieu des années 1990.

 

En 1997, face à la dégradation des résultats des élèves, les responsables éducatifs s’interrogèrent sur la gouvernance des établissements et firent émerger la notion de "réseaux d’éducation prioritaire".

 

En vingt ans, les responsables politiques qui s’étaient succédé à la tête de notre ministère s’étaient efforcés d’apporter des réponses aux évolutions de notre société et à leurs conséquences économiques, sociales et culturelles.

 

Pourtant, cette politique du "toujours plus" n’a jamais permis d’atteindre l’objectif initial : celui de réduire la fracture scolaire. Pourquoi ? Principalement pour deux raisons.

 

D’abord, la logique de zonage, longtemps au cœur de la politique d’éducation prioritaire, a entraîné une dispersion des moyens en raison des élargissements successifs des dispositifs comme des territoires à aider.

 

Ensuite, cette politique conçue comme temporaire s’est installée dans la durée. Avec le temps, le bénéfice des dispositifs s’est même inversé puisque appartenir à l’éducation prioritaire est devenu stigmatisant, voire ghettoïsant pour nos collèges et nos lycées en difficulté. Dans bien des endroits, le remède est devenu pire que le mal.

 

À mon sens, nous touchons là au cœur du problème de l’éducation prioritaire dans notre pays : la rigidité d’une politique qui n’a jamais su imaginer son terme. Car la politique d’éducation prioritaire, ne l’avons-nous pas oublié, n’est pas une fin, mais bien un moyen pour rétablir l’équité et l’égalité des chances à l’École.

 

Bien sûr, un tournant majeur a eu lieu en 2006 et nombre d’entre vous en ont été les acteurs majeurs. Je pense bien sûr à la création des réseaux ambition réussite, qui ont su redonner espoir et ambition à tous les acteurs de la communauté éducative dans ces établissements, grâce à la signature de contrats avec les autorités académiques, grâce aussi au resserrement des liens entre le premier et le second degré, grâce enfin au renforcement des équipes et de leur pilotage.

 

Ambition nouvelle, diversification des réponses : cette nouvelle orientation donnée à la politique d’éducation prioritaire était profondément innovante. Pourtant, la rupture avec la logique du zonage demeura partielle, en raison de l’intégration de l’ensemble des établissements de l’éducation prioritaire dans les nouveaux « réseaux de réussite scolaire ». Le périmètre de l’éducation prioritaire est donc demeuré inchangé : une fois encore, le poids des conservatismes l’a emporté sur la capacité du système éducatif à se transformer dans l’intérêt des élèves. Et pourtant, la Nation investit massivement dans l’éducation prioritaire : 1 milliard d’euros dont plus de 800 millions pour le seul sur-encadrement, 1 000 professeurs et 3 000 assistants pédagogiques supplémentaires en RAR. Malgré cela, les écarts demeurent très importants et se sont même creusés dans certains endroits. En outre, l’articulation avec la politique de la ville demeure insatisfaisante, et de ce point de vue, nous avons une occasion à ne pas manquer avec la renégociation des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) en 2011.

 

Au regard de la longue histoire de la politique de la ville et de l’éducation prioritaire dans notre pays, le programme Clair se caractérise donc par un changement de perspective, à la fois modeste et ambitieux, pragmatique et dynamique, grâce à un ciblage sur l’établissement et non plus sur la zone. Je ne suis pas dans la posture idéologique. Je n’ai pas d’idée préconçue. Je suis d’abord pragmatique et je conçois Clair comme un outil à la disposition des équipes, à votre disposition et au service de la réussite de chaque élève.

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