PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Il se plaint d’être« le mal-aimé» de sa maîtresse, rejeté ou ignoré. Comment faire quand il existe une profonde mésentente entre l’enfant et l’enseignant? Entretien avec Christine Brunet, psychothérapeute et auteur d’ouvrages sur les enfants et les adolescents*.

Se peut-il,  à juste titre, qu’un enfant se sente harcelé par un enseignant?

Christine Brunet: Le cas est assez rare, mais peut arriver. Certains enseignants, fragilisés par une situation personnelle compliquée ou insatisfaits de leurs postes, peuvent avoir un comportement discriminant envers un élève qui l’angoisse, lui rappelle une personne ou une situation difficile qu’il a connue. Pour dominer ses propres fragilités, il va du coup interroger plus souvent cet enfant, lui faire des remarques humiliantes, le punir fréquemment, se montrer particulièrement autoritaire ou, au contraire, l’ignorer. Lecomportement de l’élève peut également entrer en jeu. Ce sont des enfants qui se démarquent, en étant par exemple, trop
brillants ou très timides, trop agités ou arrogants, plus au moins autonomes, qui se sentent parfois harcelés par un professeur.

Les conséquences sont-elles graves?

C.B. : L’enfant culpabilise, peut perdre l’estime de soi, être dégoûté de la scolarité ou ralenti dans ses apprentissages. Chez les enfants qui n’osent pas en parler, cela peut se traduire par un repli sur soi-même, des troubles du sommeil… Il est important d’être réceptif aux plaintes de l’enfant et d’être vigilant, notamment auprês des élèves du primaire. Pour eux, la maîtresse est une figure importante qu’ils voient tous les jours et qu’ils ont généralement envie d’aimer. La situation est moins compliquée dans le secondaire où l’enfant peut se « récupérer » avec un autre professeur. .

Comment savoir s’il est réellement victime?

C.B. : Certains enfants, peuvent, en effet, majorer leur harcèlement pour envoyer un message aux parents signifiant « occupez-vous de moi ». D’autres – il est utile de ne pas l’oublier – peuvent avoir un comportement à l’école très différent de celui à la maison. Onvoit aussi certains enfants simplement s’identifier à un camarade sévèrement puni. Il est donc judicieux de mener sa propre enquête, interroger ses copains de classe, les autres parents d’élèves, le personnel de l’établissement…

Rencontrer l’enseignant est sans doute essentiel?

C.B. : Oui, cela va permettre de voir, tout d’abord, si l’enseignant est ouvert au dialogue et soucieux du bien-être de l’enfant. De plus, le comportement discriminatoire de l’enseignant peut être inconscient, d’où la nécessité d’en parler. La discrimination peut venir également du fait que l’enseignant n’a pas été informé au préalable de certaines fragilités de l’enfant dues à des problémes  psychomoteurs, de dyslexie orthographique, de vision, de raisonnement logicomathématique…ou même familiaux. En le sachant, l’enseignant, dès lors, sera peut-être plus attentif. L’important, de la part des parents, est de ne pas se montrer agressifs et de faire part de leur besoin de comprendre.

Et si cela ne suffit pas?

C.B. : On peut en référer au directeur d’établissement, à la psychologue ou au médecin scolaire. L’intervention d’un tiers permettra une mise à distance et peut -être de mieux départager les torts de chacun. A l’extrême rigueur, si l’enfant fait une réelle «phobie scolaire », on peut demander à le changer de classe ou d’établissement. Pour rassurer l’enfant, il est bon également de lui expliquer que la situation est temporaire, qu’il n’est pas non plus obligé d’aimer sa maîtresse mais qu’en revanche, il se doit de respecter les règles de la classe et les bonnes  manières. On peut aussi, pour éviter qu’il ne culpabilise à l’excès, mettre en parallèle des situations positives où il est apprécié, avec ses amis, dans son club de sport… En tout état de cause, le simple fait de montrer à l’enfant qu’on est prêt à l’épauler et à chercher des solutions, le soulagera incontestablement.

Propos recueillis par Marianne Peyri* Petits tracas et gros soucis de 8 à 12 ans:
Quoi dire, quoi faire 7, de Christine Brunet et Anne-Cécile Sarfati (Albin Michel)
Petits tracas et gros soucis de 1 à 7 ans: Quoi dire, quoi faire 7, de Christine Brunet et Anne-Cécile Sarfati (Albin Michel) Être parent d’adolescent, dans Le Guide psy
de la vie quotidienne (Odile Jacob).

 

 

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