PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

La Réussite Éducative érigée en panacée

Repérer les en difficulté, réunir autour d’eux une équipe pluridisciplinaire et proposer des actions individuelles ou collectives sont les buts de la réussite éducative, qui impose un suivi personnalisé. En 2011, 491 programmes dédiés couvraient 1436 quartiers relevant d’un Cucs ou classés ZUS et/ou réseaux ambitions réussite. « Pour la première année, le nombre de parcours personnalisés dépasse les actions collectives : le dispositif est parvenu à maturité », analyse Antoine Anderson, expert en politique de la ville.

Dernier garde-fou

La réussite éducative enregistre une baisse de moyens continue depuis deux ans. « Notre programme a perdu 12% de son budget en 2011 et 3,92% en 2012. Sans la ville et la CAF, certaines actions auraient disparu », illustre Françoise Normand, coordinatrice du programme de réussite éducative à Caen. « Or, nous sommes parvenus à un tel degré de difficultés que l’on voit des enfants tenir juste parce que, une heure par semaine, un adule leur parle avec bienveillance. Quand les Rased disparaissent, la réussite éducative devient le dernier garde-fou », déplore Françoise Guilmet, directrice de la réussite éducative à Caen. Car, alors que les moyens des dispositifs de droit commun s’étiolent, la réussite éducative est de plus en plus sollicitée, même pour des publics qui ne relèvent pas de sa compétence. « Après avoir supprimé la classe d’accueil des collégiens primoarrivants, l’Education nationale nous a demandé ce que nous pouvions faire ! », s’étonne Sylvestre Roth, coordinateur de réussite éducative à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Pour le président de l’association nationale des acteurs de la réussite éducative, « [celle-ci] a prouvé son efficacité. La question de son intégration dans le droit commun se pose désormais. Elle peut devenir le volet individualisé d’un projet éducatif local, dont l’action ne se limite pas aux seuls territoires prioritaires » ; estime Frédéric Bourthoumieu.

L’expert Anne-Sophie BENOIT, présidente de l’association nationale des directeurs de l’éducation des villes de France :

« Les projets éducatifs locaux jouent un rôle essentiel »

Les dispositifs d’aide aux élèves en difficultés ont-ils les moyens de remplir leur mission aujourd’hui ?

L’accueil et la réussite de tous les élèves relèvent d’une obligation constitutionnelle pour l’Etat. Or les suppressions de postes affectent l’efficacité de l’Education nationale et favorisent le taux d’échec scolaire. On compte de plus en plus d’enfants dyslexiques ou souffrant de dyspraxie, par exemple. Mais ces derniers bénéficient de moins en moins de l’aide des Rased. Il est aujourd’hui impossible, pour l’école, d’assurer sa mission sans aide extérieure. Les collectivités jouent donc un rôle essentiel dans ce domaine, car elles portent la réussite éducative et financent des actions pour soutenir les élèves en difficulté, telles que l’aide à l’apprentissage de la lecture apportée par les « clubs coup de pouce ». a travers les projets éducatifs locaux, les villes mettent les ressources locales à la disposition de la réussite des enfants, mais elles n’ont pas vocation à se substituer à l’Etat.

Le rapport de la Cour des comptes de septembre 2009 a-t-il contribué à faire évoluer l’articulation entre la politique de la ville et l’éducation prioritaire ?

C’est le statu quo. Il n’existe toujours aucune harmonisation entre les différents dispositifs et l’aide personnalisée n’est reliée à aucun d’entre eux. Qui plus est, elle ne peut pas remplacer les Rased, car elle ne vise que la prise en charge ponctuelle de difficultés légères.

Quelles sont vos attentes ?

Nous souhaitons un ciblage des difficultés des enfants dès l’école maternelle et une harmonisation des dispositifs. Il faudrait également revoir la formation des enseignants, repenser l’éducation prioritaire et mettre en place des espaces de concertation territorialisée.

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