PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Sept jours à Brest – le 31 janvier 2013 :

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Pas de notes, pas de redoublement possible, des « quoi de neuf ? » pour commencer la journée et un conseil d’école chaque mercredi… L’école de la rue d’Avranches, à deux pas de la fac des sciences, n’est pas une école publique comme les autres. Ici, c’est la pédagogie Freinet qu’on applique. Visiblement, ça plaît !

« Les gamins font ce qu’ils veulent à l’école Freinet ! » Cette idée préconçue, Maryse Le Carre l’a maintes fois entendue depuis son arrivée dans l’établissement en 1991. Il faut dire que la petite école de la rue d’Avranches, à deux pas de la fac des sciences, détonne par sa pédagogie.

Rien d’illicite toutefois : « On est l’une des écoles publiques de Brest, martèle la directrice de l’établissement. On a les mêmes devoirs et le même programme à suivre que les autres ». Mais dans ces murs, c’est la pédagogie Freinet qu’on applique ! Celle mise en place par Célestin Freinet dans les années 1920.

 

Pas de notes et un travail individualisé

Qu’est-ce qui change dans les grandes lignes ? « Il n’y a pas de notes ici, répond Maryse Le Carre. Le travail est individualisé en fonction du niveau et du rythme d’apprentissage de l’enfant. Il est rare que dans la classe, les élèves fassent tous la même chose ».

L’instituteur n’est pas non plus mis sur un piédestal et la méthodologie Freinet accentue beaucoup sur la coopération entre les élèves, l’autonomie et la prise de parole en public. « D’ailleurs chaque mardi après-midi, c’est le conseil d’école, raconte Maryse Le Carre. Tous les élèves se réunissent pour parler des règles de vie au sein de l’établissement, de ce qui s’est bien et moins bien passé dans la semaine… »

De là à dire que les enfants sont rois à l’école Freinet ? Pas tout à fait. Suffit de jeter un oeil sur le plan de travail de Tatiana et Ines, en CP toutes les deux (photo) : « Chaque semaine, on y met le travail personnel qu’on a à faire et on coche une fois qu’on a fait les activités demandées, expliquent-elles. On a de la lecture, de l’orthographe, des maths… ».

Des « quoi de neuf ? » pour démarrer la journée

Les élèves ont au minimum deux fois 45 minutes de travail individualisé par jour. Et le reste du temps ? Il n’y a rien de formalisé. Enfin si : « On commence la journée par les Quoi de neuf ?, raconte Enouan, dans la même classe de CP. On y raconte ce que l’on fait en dehors de l’école ». De là peut découler la suite de la journée. « Jeudi, un enfant de grande section nous a parlé d’une expérience scientifique qu’il avait réalisée, reprend Maryse Le Carre. Pour la comprendre, on va devoir aborder les notions d’équilibre et de poids. On va aussi travailler avec des balances ».

C’est une autre facette de la méthode Freinet. « On part toujours des besoins de la classe pour expliquer de nouvelles notions, indique Maryse Le Carre. Et les connaissances ne tombent pas toujours dans la main. Nos élèves doivent souvent faire des exposés et fouiller dans la bibliothèque, l’un des lieux piliers de l’école ».

« La même réussite que les autres »

Et ça marche ? Faute de collège Freinet à Brest, la plupart des élèves rejoignent le système éducatif « classique » à leur entrée en sixième. « Ils ont une réussite comparable aux autres écoliers », assure Maryse Le Carre. Pas gagné d’avance sachant que l’école accueille beaucoup d’enfants en échec dans le système éducatif classique.

On peut aussi voir une certaine reconnaissance de la méthode Freinet lorsque le Ministère de l’éducation nationale évoque un retour à la semaine des quatre jours et demi pour mieux coller aux rythmes de l’enfant. « Nous, on est pour, souligne Maryse Le Carre. Ça colle bien à nos valeurs. Ce n’est pas la première fois que les hommes politiques s’inspirent de notre pédagogie. En 1989, Lionel Jospin avait parlé d’instaurer des conseils d’enfants dans les écoles, le non-redoublement, le travail par cycle… Tout cela, on le fait depuis très longtemps à l’école Freinet ».

Une classe de plus en septembre ?

Quoi qu’il en soit, l’école de la rue d’Avranches ne connaît pas la crise. Elle compte aujourd’hui 101 élèves répartis de la petite section au CM2. « Depuis qu’on a mis en place la maternelle, on doit refuser des inscriptions chaque année, regrette Maryse Le Carre. Jusqu’à 40 élèves même à la dernière rentrée ». Du coup, l’école Freinet rêve de l’ouverture d’une cinquième classe en septembre. Un courrier en ce sens a été envoyé cette semaine à la mairie.

 

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