PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Encyclopédi Homo Vivens (extrait qui évoque notre ami Jean BEDARD) :

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Réforme des institutions ou conversion des personnes?

Jean Bédard ne croit pas aux réformes de l’éducation dans le contexte d’une crise qui dure depuis si longtemps qu’elle est devenue la situation normale. «Pour ma part, nous dit-il, je préfère déterrer doucement, et un à un, quelques Professeurs d’espérance. Dans le vertige entre l’espéré et le fait, l’âme ressent une nausée parfois fatale, parfois salutaire : une tragique occasion pour une seconde naissance, personne par personne, petits groupes par petits groupes, jusqu’à la formation d’une nouvelle culture mondiale apte à faire face à la réalité.»

De Hannah Arendt à Fernand Dumont

Faut-il donc abandonner les systèmes d’éducation à eux-mêmes? Le livre, une fois qu’il m’est devenu familier, m’a convaincu que la sollicitude pour ces systèmes n’est pas une chose vaine. On sous-estime toujours l’importance des institutions. Dans l’article clé du livre, Alain Kerlan, un universitaire lyonnais, ouvre une piste prometteuse en complétant sur la question de la crise de l’éducation la pensée de Hannah Arendt par celle de Fernand Dumont. On se souviendra que dans l’un des articles le plus souvent cité sur ces questions, article intitulé The Crisis in Education, Hannah Arendt souligne l’incompatibilité entre une éducation fondée par définition sur la tradition et l’autorité et une culture de masse tout entière tournée vers le présent et où l’on accorde plus de crédit, dans le domaine musical, par exemple, à une entreprise comme Apple qu’au passé de sa propre communauté.

Il fut une époque dont plusieurs Québécois se souviennent encore où l’on se tournait vers les parents ou les grands parents pour s’initier à la musique. Une telle démarche paraîtrait bien saugrenue à la plupart des jeunes d’aujourd’hui. Ils appartiennent à une société de consommation de masse qui est aussi, indissociablement, démocratique. C’est donc la démocratie elle-même qui serait, selon Hannah Arendt, la cause première de la crise de l’éducation. Cela transforme des expressions comme «il faut démocratiser l’éducation!» en des paradoxes bien gênants pour ceux qui s’en satisfont. Alain Kerlan est d’avis que cette interprétation d’Hannah Arendt enferme la pensée dans un cercle vicieux, dont voici une autre formulation : «Dans le monde actuel, écrit-elle, le problème de l’éducation tient au fait que par sa nature même l’éducation ne peut faire fi, ni de l’autorité, ni de la tradition, et qu’elle doit cependant s’exercer dans un monde qui n’est pas structuré par l’autorité, ni soutenu par la tradition.

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