PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Vous Nous Ils – le 15 mai 2013 :

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Certains spé­cia­listes s’inquiètent de l’essor des « enfants tyrans », ces jeunes deve­nus « tout puis­sants », au désar­roi des parents et des ensei­gnants. Yvonne Poncet-Bonnissol, psy­cho­cli­ni­cienne, ana­lyse ce phé­no­mène de société.

Qui sont vrai­ment les "enfants tyrans" ?

Il y a dif­fé­rents types d’enfants tyrans. Leur point com­mun : ils sont hyper­ac­tifs et mani­festent une into­lé­rance face à l’autorité et à la frus­tra­tion en géné­ral. Ils sont dans un rap­port immé­diat à l’action : ils veulent tout et tout de suite. Ils sont deve­nus tyran­niques parce qu’ils sont tout puis­sants au sein de la famille. Beaucoup de parents s’amusent même devant le com­por­te­ment par­fois décalé de leur enfant, ce qui se révèle contre­pro­duc­tif. Parmi les traits de carac­tère que l’on retrouve chez les enfants tyrans, il y a l’égocentrisme, la ner­vo­sité, l’hyperactivité, voire la vio­lence… L’enfant tyran s’identifie sou­vent à un parent, lui-même tyran­nique ou per­vers nar­cis­sique : un adulte au double visage qui a une haute estime de lui-même et se sert des autres pour obte­nir satis­fac­tion. L’enfant est pour lui un tro­phée. Le pro­blème, c’est que l’enfant a ten­dance à idéa­li­ser ce parent per­vers narcissique…

Quelle atti­tude adop­ter avec les ado­les­cents rebelles, spé­cia­le­ment quand on est ensei­gnant ? Faut-il punir ou deman­der à ren­con­trer les parents ?

C’est une constante : les parents d’enfants tyrans demandent à l’instituteur ou au pro­fes­seur d’arbitrer, d’être le légis­la­teur. L’enseignant pal­lie le manque d’autorité fami­liale. Et, au final, il par­vient à répa­rer de nom­breuses carences car un enfant tyran écoute plus faci­le­ment un tiers que ses parents. Il est tou­te­fois indis­pen­sable de deman­der à ren­con­trer les parents afin de leur dire pré­ci­sé­ment ce qui ne va pas, en pré­sence de l’enfant qui pose pro­blème. Investis mal­gré eux par cette mis­sion, les ensei­gnants jouent donc un rôle de médiateur.

En savoir plus sur Yvonne Poncet-Bonnissol

Yvonne Poncet-Bonissol inter­vient en tant qu’expert des rela­tions fami­liales dans l’émission Toute une his­toire , pré­sen­tée par Sophie Davant sur France 2.
Présidente de l’Association de défense contre le har­cè­le­ment moral  , elle est l’auteure de plu­sieurs ouvrages dont "Adolescents : crises, révoltes, frac­tures" et "Pour en finir avec les tyrans et les per­vers nar­cis­siques dans la famille"

A par­tir de quel âge cela se mani­feste et à par­tir de quand faut-il s’en inquiéter ?

La tyran­nie infan­tile peut être déce­lée vers 4 ou 5 ans. J’ai tra­vaillé long­temps en crèche et l’on dis­tingue très tôt les enfants domi­nants. Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu’ils devien­dront tous des tyrans à l’adolescence mais il s’agit de pré­mices à prendre au sérieux. Ainsi, il est impor­tant de struc­tu­rer très tôt un enfant qui pré­sente les pre­miers signes de la patho­lo­gie. Il faut reprendre le modèle éduca­tif et poser des limites pour reprendre la main. Car un enfant tyran­nique est insé­cure : il souffre et n’est pas bien dans sa peau.

Ce phé­no­mène touche-t-il tous les milieux sociaux ?

Oui, abso­lu­ment. Il ne faut pas culpa­bi­li­ser les parents, le père doit néan­moins repré­sen­ter l’autorité au sein du foyer. Comme il y a de plus en plus de familles mono­pa­ren­tales, les défaillances sont nom­breuses. Si l’on ajoute la fatigue du quo­ti­dien, les horaires de tra­vail contrai­gnants… de nom­breux pères démis­sionnent alors que leur rôle est essentiel.

Charles Centofanti

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