PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

De 1968 à 1975

Une classe coopérative s’appuyant sur les valeurs et les théories et utilisant les expériences, savoirs, méthodes et outils du Mouvement Freinet.

Une classe ouverte sur le monde, sur les cultures, sur la ville, sur le monde professionnel, sur une multitude de savoirs auxquels ces enfants n’avaient pas accès.

Une classe protectrice où chacun est rassuré, s’exprime sans craindre moqueries, notations ou rebuffades, et découvre ses capacités, ses intelligences, ses excellences possibles…

Une classe où chacun aimait apprendre et apprenait réellement. Le programme scolaire qui prenait du sens, et bien plus que lui. Certains des anciens élèves rencontrés indiquent que, par la suite, ils ont rencontré des connaissances acquises dès le cours moyen. Ce qui changeait, c’est que les savoirs, en particulier ceux du programme scolaire, devenaient désirables. Les chercher, se les approprier, les construire en soi et les partager conduisaient à de belles aventures singulières et coopératives, des aventures cognitives, relationnelles et créatives : le français pour réaliser des journaux, des brochures, des expositions, communiquer entre nous, avec des correspondants, pour élargir ses chances dans la vie d’être entendu, de pouvoir participer à la vie sociale ; les mathématiques pour mieux réussir des projets ambitieux (voyages…), pour s’engager dans des recherches collectives coopératives comme, par exemple la pratique de la mesure, de belles hypothèses à tester… ; l’histoire et la philosophie pour connaître notre monde, notre pays, notre ville, notre quartier, l’histoire de celles et de ceux qui nous ont précédés ; les peintres à admirer, à décrypter, à recevoir comme modèles ; les grands musiciens à entendre, à écouter, pour s’en laisser émouvoir, pour créer, à partir d’eux poésies et dessins ; le débat sur des questions d’actualité à expérimenter, à comprendre comme fructueux pour la pensée, comme nécessaire pour la compréhension du réel, comme instance démocratique ; la danse africaine à essayer, d’abord dans la MJC du 5ème arrondissement de Paris, puis dans celle d’Orly avec une « enseignante » extérieure à l’école, pour approcher la diversité des expressions culturelles ; l’expression corporelle et théâtrale, pour apprendre à dire, à communiquer, à se connaître…

À neuf ans, dix ans, onze ans, chacun pouvait découvrir que ce qui comptait, c’était lui-même comme sujet de ses apprentissages ; son trajet, comme perspective essentielle ; son projet personnel (que faire de sa vie ?). L’environnement coopératif étant l’écrin nécessaire pour susciter la tension créative, cognitive et relationnelle. Chacun pouvait chercher, expérimenter son ou ses domaines d’excellence.

Dans et hors de l’école, tout était fait pour mettre les enfants en situation de réalité et de réussite, en les invitant à penser, à affirmer leur capacité critique, à agir. À conquérir l’estime d’eux-mêmes et à reconnaître la valeur d’autrui. À grandir sans sacrifier la part de merveilleux indispensable pour qu’ils élargissent et multiplient leurs horizons de sens.

Pour en arriver là, entre 1968 et 1975, dans une banlieue ouvrière, Orly, il avait fallu rompre avec certains usages, multiplier les propositions/ouvertures pour lutter contre les déterminismes sociaux, créer dans la classe, entre classes de différents niveaux, entre écoles et collège, dans le quartier et la ville, des occasions de conquête et de partage des savoirs qui, en 1971, allaient donner naissance aux réseaux d’échanges de connaissances[1].

2011, une aventure de détective

Il y a donc toujours un réseau d’échanges réciproques de savoirs à Orly ! À une époque où prévaut ce qui innove et où même les institutions, à travers leurs modes de financements, incitent à « zapper », à faire sans cesse de « nouveaux » projets pour être subventionné, la durée et la persévérance dans un projet surprennent. Et pourtant, ce projet et cette démarche sont toujours, plus de quarante après, expérimentés et en développement : Ils affirment que chacun est porteur d’une multitude de savoirs et d’ignorances ; que chacun peut donc être offreur et demandeur de savoirs. Et que chacun peut enseigner et apprendre. Ces postulats concernent tous les savoirs, les seules « limites » étant éthiques : tous les savoirs qui respectent les personnes et la paix entre les humains.

L’équipe d’animation du réseau d’échanges réciproques de savoirs d’Orly m’annonce, au printemps 2011, qu’elle envisage de « fêter » la naissance de l’idée de ces réseaux à Orly en 1971 ; ainsi que les quarante ans, parcourus de naissances, morts et renaissances, du réseau d’Orly lui-même.

Aussitôt, il me semble que je dois absolument « retrouver » le plus grand nombre possible de mes élèves de trois classes[2]. C’est comme une évidence qui s’impose à moi ! Une exigence éthique. Un désir fort de leur « restituer » ce qu’ils ont, avec leurs parents, (sans doute avec plus ou moins de conscience), contribué à faire advenir. Une intuition de ce que ça pourrait nous donner à vivre, tant au niveau des sentiments que de l’analyse. Une joie anticipée de les revoir. Une question puissante, celle de savoir s’ils pensent que ces années d’école leur ont apporté quelque chose. Et, si oui, quoi ? Un pari aussi : vais-je savoir utiliser ces outils nouveaux d’information et de communication pour les retrouver ? Défi d’essayer ! Curiosité ?

Il faut dire que, dans mon itinéraire, les temps professionnels, militants et amicaux vécus à Orly sont, sans doute, les plus fondateurs dans ma vie, de ma vie (je ne compare pas, ici, avec l’importance « autrement » génératrice de ma vie de famille et de ma vie avec mes amis).

Il faut dire aussi que j’aimais beaucoup mes élèves. Ce qui leur arrivait m’importait. Leur existence comptait pour moi. Au-delà de mes responsabilités professionnelles d’enseignante, et grâce à celles-ci, ils étaient, pour moi, des « personnes » essentielles. Certains d’entre eux sont venus me voir dans les années qui suivaient (alors que je n’habitais plus à Orly et que je n’exerçais plus comme enseignante), pour des conseils d’orientation, ou simplement pour le plaisir de la rencontre : Florence, Edith, Farida, Olivier, Éric…

Le « précédent » festif et réflexif du lancement, à Orly en 1981, de « L’Ecole éclatée » m’encourageait à essayer de nouveau. Mais quand même ! Quarante ans après pour les plus anciens ! Se rappelleraient-ils de moi ? M’enverraient-ils « promener » ? Je me trouvais soudain très intimidée… par eux !

Me voilà lancée dans une aventure de recherche telle, que l’une d’eux m’a appelée « Miss Marple » : Internet, les sites « Copains d’avant » et « Trombi.com », Facebook, les souvenirs de celles et ceux que je retrouvais, tout a été mis à contribution pour cette aventure de « Miss Claire Marple[3] Héber-Suffrin ». Et certains d’entre eux se sont engagés, à leur tour, dans la recherche.

Sur environ quatre vingt-cinq élèves de ces trois classes, j’ai pu déjà en entendre ou voir une quarantaine. Et, parfois, leurs pères ou mères. Toujours, je commençais, un peu timidement,  et tout en me nommant, par demander : « Vous souvenez-vous de moi ? ». Les réponses me faisaient véritablement fondre d’émotion, trembler physiquement, m’étonner extraordinairement. C’était retournant ! Je n’ai malheureusement pas noté les réactions des premiers d’entre eux que j’ai eus au téléphone. C’est en entendant ce qui se disait que j’ai ressenti la nécessité de noter. Ce qui m’envahissait : c’est comme si c’était trop, émotionnellement ! Et ce trop, je le ressentais physiquement, comme une immense respiration trop grande pour moi. Heureusement que Marc[4] était présent pour que je partage ce bonheur avec lui. Leurs souvenirs étaient si précis, leurs analyses si positives, leur compréhension de ce que nous avons fait si riche et si complexe, leurs regards sur la société actuelle et son école si pertinents (toujours à mon sens, évidemment), leur émotion si palpable (et la mienne donc !) que j’ai commencé à vouloir les partager plus largement.

C’était toujours positif ? Extrêmement ! Mais cela posait aussi de graves questions. Les élèves, ils le disent tous, ont eu le sentiment de participer, à Orly, à quelque chose qui sortait de l’ordinaire. Quarante ans plus tard, ils partagent la même analyse sur l’aspect innovant de ces années scolaires. Claude Foujanet[5], lui, se déclare effaré de constater que l’école n’adopte pas de telles pratiques alors qu’elles ont « prouvé qu’elles marchaient ». Il insiste fortement sur son incompréhension devant cet état de fait.

 « Je dis toujours à mon entourage, la seule prof que j’ai eue dans ma vie qui m’a fait aimer l’école et où j’ai eu envie de travailler, c’est toi. J’ai plein de souvenirs : Céline, Françoise, Laurent Gérôme. Le correspondant à Grenoble. Tout ce qu’on a fabriqué pour faire des ventes… J’avais passé un week-end chez vous à Evry » témoigne Olivier Gance. Lorsque je raconte « fièrement » ce témoignage à deux de mes fils (dont l’un est enseignant), leur même réaction me fait percevoir une grande « tristesse » : « Tu te rends compte, Maman, de ce que ça veut dire pour l’école ! » En même temps, cela rejoint tellement mes « premières » préoccupations de jeune enseignante ; je me disais alors : il faut qu’ils aiment être à l’école, alors ils aimeront venir à l’école, alors, ils aimeront apprendre !

Donc, ces témoignages spontanés, je souhaite d’abord les faire « entendre » beaucoup plus largement, comme une étonnante évaluation ! Si « évaluer » quelque chose, c’est en faire ressortir la valeur, ce qui vaut l’implication vécue, le travail accompli, la peine aussi que l’on s’est donnée pour atteindre ses objectifs, l’intérêt des résultats obtenus, ce qui donne et construit du sens, ce qui est précieux, ce qui donne du prix à ceux qui vivent ce « quelque chose », alors, oui, j’ai envie de partager cette aventure nouvelle et cette évaluation inattendue que je suis, que nous sommes en train de vivre. J’ai envie d’associer nombre de mes amis, de participants aux réseaux, d’enseignants portant les mêmes conceptions… à ces regards tellement constructifs portés sur nos pratiques communes par celles et ceux qui les ont vécues il y a quarante ans, trente huit ans et trente-six ans[6].

Ensuite, je voudrais que cela nous permettent de nous revoir… pour nous faire plaisir et pour réfléchir au sens de cette aventure, à l’époque certes, mais aussi pour notre époque actuelle, pour mes anciens et anciennes élèves, pour des enseignants (primaire et collège) qui ont participé aux réseaux, pour des intervenants, offreurs et demandeurs dans ces réseaux et que nous retrouvons aussi peu à peu.

Je les invite à venir en novembre à Orly. Mais, comme nous nous le sommes dit ensemble plus tard, on ne se refait pas complètement : ce que nous avions vécu, « construire coopérativement la classe », nous nous sommes donné à le revivre : une douzaine d’entre eux ont participé à des réunions de préparation de la manifestation du 19 novembre. Première rencontre, le 2 juillet, au Centre culturel d’Orly : des moments d’émotions d’une intensité incroyable !, suivie de deux autres réunions de préparation !

Peu à peu, est née, entre nous, l’idée de produire, mais quoi ? Un livre ? Un film ? Comme une nécessité de diffuser socialement ce que nous aurions à dire sur ces expériences et sur ce que nous en avons fait dans nos propres vies : avaient-elles eu un impact ? Que nous donnaient-elles à lire et à dire sur la société et l’école actuellement ?

Une de mes plus belles surprises a été la facilité avec laquelle quelques-uns ont vécu, comme une évidence, que nous allions « coopérer » pour préparer la fête des Quarante ans.

Catherine Gorry-Bouin après la première séance de préparation : « Super ! On se retrouve. On va de nouveau réaliser un projet ensemble, comme avant, quand on avait dix ans… et qu’on avait la folie des grandeurs… et qu’on y arrivait, parce qu’on y croyait et qu’on s’y mettait tous ensemble pour y arriver. Ca vous rappelle des choses, non ? Ce qu’on a pu tous ressentir, je pense, quand on s’est retrouvés le 2 juillet : cet immense plaisir à retrouver Claire et ce nouvel élan qu’elle donne à notre vie, je l’ai ressenti avec autant de ferveur. Cette envie d’aller plus loin, plus haut, ce regard sur la « vraie » vie à travers des expériences plus riches les unes que les autres m’ont aussi donné cette envie de combattre et de défendre mes convictions, dans ma vie et dans mon métier d’enseignante. Ce qui m’a vraiment émue et bouleversée, lors de nos retrouvailles, c’est de me rendre compte que tous, nous avons été imprégnés par ces magnifiques valeurs et j’ai vraiment ressenti une osmose entre nous qui était très forte et revigorante. »

Et pour introduire la table-ronde des Quarante ans : « Si nous sommes ici aujourd’hui, nous, les anciens élèves de Claire, c’est bien sûr, pour retrouver nos copains, copines d’école, savoir ce qu’on est devenus, revivre nos souvenirs d’enfance.  C’est aussi pour retrouver notre institutrice, Claire, qui nous a tous beaucoup marqués, par son immense investissement et les relations qu’elle a su créer avec nous dans sa classe et même chez elle, où elle nous recevait parfois. Mais c’est surtout pour témoigner d’une expérience que l’on a vécue ensemble, à l’école, il y a une quarantaine d’années et qui a laissé une empreinte très forte sur nous. Elle a énormément contribué à la construction et à l’épanouissement de notre personne, par toutes les valeurs qui nous ont été transmises : coopération, respect, entraide, solidarité, tolérance, persévérance, patience, fierté… ».

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut ainsi « évaluer », à tant d’années de distance, les effets d’une pédagogie avec celles et ceux qui l’ont vécue, mais aussi recueillir les témoignages de parents et même de conjoints ! Ce n’est pas tous les jours qu’autant d’anciens élèves se retrouvent pour évoquer leurs parcours de vie, confrontent leurs souvenirs, racontent comment, pour certains, cette expérience a marqué leur vie et le regard qu’ils portent aujourd’hui sur notre société. Et qu’ils prennent la plume au cours de plusieurs ateliers d’écriture pour le partager.

Et, pour continuer à partager des bonheurs, un extrait de la lettre envoyée, à l’occasion de cet anniversaire, par Gaston Viens, Maire Honoraire d’Orly et Maire d’Orly pendant ces expériences.

« Bon anniversaire ! Quarante ans, le bel âge. C’était mon âge lorsque j’ai été élu maire d’Orly en 1965. . […] Comme ancien maire mais aussi comme ancien déporté au camp de Buchenwald, je sais le prix de l’échange, du lien indispensable à tisser et retisser entre les hommes. Ce sont les objectifs indispensables de ma vie. Cela demeure d’une actualité et d’une urgence incroyable. Vous avez eu le mérite, il y a quarante ans, de créer de la solidarité et de l’estime entre tous ceux et toutes celles qui vous ont rejoint au sein du réseau d’Orly que vous aviez inventé à partir de votre expérience d’enseignante. Aujourd’hui, l’activité toujours aussi riche du RESO d’Orly s’inscrit dans un mouvement national. Je souhaite plein succès à cette journée de rencontre que vous organisez aujourd’hui à Orly. Je suis persuadé que cette journée s’inscrira, à partir des réflexions qui s’en dégageront, dans la longue histoire de solidarité. Je vous assure de mon soutien toujours fidèle. »

Puis une aventure d’écriture collective

Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois avec une bonne vingtaine de ces anciens élèves. Plusieurs fois, avec quelques-uns, pour des ateliers d’écriture qui allaient donner, à certains des textes, l’allure d’une lettre. D’autres ont écrit de chez eux, à leur façon.

Le fruit de ces rencontres, ce livre, peut surprendre pour différentes raisons qu’ont bien pointées certains des coauteurs.

Il y manque, bien sûr, les témoignages de celles et ceux qui n’ont pas été retrouvés, de celles et ceux qui, après un contact très positif, ne se sont pas associés à cette nouvelle entreprise, difficile, celle de l’écriture.

Le plaisir de retrouver une institutrice avec qui, somme toute, on a, au moins, bien aimé être à l’école, fait courir un risque : celui de transformer l’entreprise pour réaliser ce livre et l’ouvrage lui-même en hagiographie. Ce n’est évidemment pas l’objectif mais au nom de quoi faudrait-il censurer des sentiments librement exprimés ? Ce risque  reconnu, on peut retenir que ces témoignages et ces analyses soulignent l’importance des belles relations, des relations d’affection et de respect, dans la réussite des apprentissages. Mais aussi l’importance des pédagogies qui, en favorisant ces belles relations, l’estime réciproque, la coopération, la recherche et la créativité, permettent à tous les enfants de progresser et aux enseignants d’aller au bout de leurs capacités relationnelles et éducatives.

Qui n’a pas entendu un proche affirmer : « Avec tel enseignant, j’ai pris confiance en moi, j’étais heureux et j’ai réussi ! » ? Et à l’inverse, personne n’ignore le mal que des paroles ou des attitudes destructrices d’enseignants – il y en a – provoquent. Sur ce sujet, au lecteur de se déterminer, comme pour le reste d’ailleurs, car ce qui lui est proposé ici n’est pas une adhésion mais une exploration.

En effet, les perspectives offertes par cet exercice de mémoire et ce livre ne manquent pas. Pour certains, ce fut une occasion unique, à l’âge adulte, d’évaluation de leur scolarité, en revenant sur les apprentissages, les projets collectifs, la construction de soi-même qu’ils ont vécus. Elle se double souvent, spontanément, d’une réflexion sur l’école d’aujourd’hui qui, suggèrent-ils, gagnerait à s’inspirer de ce type de démarche pédagogique. D’autres y voient une remise en question plus radicale, tout aussi opportune quand les responsables politiques parlent eux-mêmes de refonder l’école.

Nous espérons aussi que ce livre permettra de saisir en quoi, socialement, les Réseaux d’échanges réciproques de savoirs sont le prolongement de ce qui s’est passé, sept années durant dans ces trois classes, dans cette école, dans cette cité au sens noble et non comme « lieu à problèmes », comme on a vite fait d’en juger, toujours de loin. L’écrivain, Daniel Maximin, qui a été professeur de Français au collège d’Orly dans les années soixante dix et qui a beaucoup travaillé avec moi, ses classes et les réseaux, insistait sur ce point, à l’occasion des Quarante ans, en soulignant que nombre de ses engagements et projets ultérieurs trouvaient leur source dans ce qu’il avait vécu à Orly.

Pas plus que les enfants, qui saisissaient ce qui leur était proposé sans en connaître l’arrière-plan pédagogique, ni  Marc ni moi ne savions pas ce qui découlerait de ces pratiques. Rien dans les années 1971-1976 ne laissait prévoir l’extension ultérieure des Réseaux, en France et dans le monde. Ou qu’ils convergeraient un jour avec le grand projet politique des « apprentissages tout au long et dans toutes les situations de la vie ».

Enfin, retenons la portée politique de telles expériences. Il s’agit bien de transformer à la fois les représentations des personnes sur elles-mêmes, sur les autres, sur l’école, sur la ville, sur la société. Il s’agit aussi d’expérimenter autre chose pour transformer le bout de société sur lequel on peut avoir prise, de l’analyser, de le faire savoir. De telles expériences requièrent des intelligences reliées et des conceptions de l’humain, de l’école et de la société partagées.

Elles exigent une volonté des institutions politiques et éducatives. Mais elles sont fragiles, comme nous le sommes, tous, comme personnes singulières. « Attention, École ! »

 

 


[1] Claire et Marc Héber-Suffrin, (1981) 1994, L’Ecole éclatée, (Stock) Desclée de Brouwer.

[2] Une classe pendant trois ans, de 1968 à 1971 : CE2, CM1 puis CM2. Une seconde classe pendant deux ans : 1971-1973, CM1 et CM2. Une troisième classe pendant deux ans, 1973-1975, CM1 et CM2.

[3] Détective héroïne de romans d’’Agatha Christie. C’est ainsi qu’une de mes anciennes élèves m’a appelée lors de cette recherche !

[4] Marc Héber-Suffrin, mon mari. Nous avons initié ensemble le premier Réseau à Orly, le second à Evry et (avec d’autres) la fondation d’un mouvement associatif d’éducation populaire au niveau national. Nous sommes, tous les deux, toujours militants de cette démarche.

[5] Un de mes anciens élèves, coauteur de cet ouvrage.

[6] Au moment où nous préparons la fête des quarante ans, en 2011.

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