PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Ministère de l’Education Nationale – Discours – Xavier Darcos le 4 février 2008 :

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Marcel Pochard, conseiller d’État, a remis le 4 février au ministre de l’éducation nationale le rapport sur la redéfinition du métier d’enseignant élaboré par la commission qu’il présidait. Ce livre vert, qui comporte principalement un état des lieux argumenté des conditions de l’évolution du métier, doit alimenter la réflexion gouvernementale. « Le temps de la décision », a annoncé Xavier Darcos, « sera celui du livre blanc qui rassemblera les propositions du gouvernement pour faire avancer la condition enseignante. »

Seul le prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs,

La remise d’un rapport officiel a toujours quelque chose de solennel. Mais lorsqu’il s’agit de réfléchir à la façon de redonner au métier d’enseignant sa noblesse, sa légitimité, son attractivité, cette solennité s’impose comme la forme la plus élémentaire de considération pour les 900 000 professeurs et les 12 millions d’élèves qui, chaque jour, progressent à leur côté.

C’est avec cette même considération pour le métier et la personne des enseignants que la commission conduite par Marcel Pochard a mené ses travaux. Trop de rapports avant le sien ont livré une vision excessive, parfois caricaturale, du métier d’enseignant, accusé de faire le lit de tous les immobilismes. Trop de discours faciles sur le « malaise enseignant » ont été entendus, sans proposer d’autre vision d’avenir que celle, par essence impossible, du retour aux écoles normales d’instituteurs ou aux « hussards noirs » de la IIIème République.
Trop d’experts ont voulu imposer aux enseignants une manière d’être et une manière de faire sans même chercher à savoir quelles aspirations les enseignants pouvaient avoir pour leur métier et pour leur école.

Je veux donc remercier cette commission pour son souci d’objectivité, dont témoigne d’ailleurs la diversité de ses membres et la bonne entente qui, dépassant les différences d’approche des uns ou des autres, a présidé à ses travaux. Je veux rendre un hommage tout particulier à Michel Rocard qui, en démissionnant à la veille de la remise du rapport, a voulu exprimer son profond désaccord avec les tentatives de récupération et de déformation des travaux de cette commission. « Rémunération au mérite », « flexiprof », « libéralisation du système » sont autant d’expressions militantes de tout bord qui ne sont pas, en effet, à la hauteur des enjeux de la réflexion que nous cherchons à conduire depuis près d’un an et à laquelle la commission Pochard vient d’apporter une première contribution très substantielle.

Je rappelle en effet que c’est pendant la campagne présidentielle, à travers la mission que m’avait confiée le candidat Nicolas Sarkozy, que s’est affirmée notre volonté d’engager une réflexion d’ampleur sur les nouveaux contours du métier d’enseignant. La raison en est simple : il est impossible de proposer un véritable projet pour l’école et une ambition renouvelée pour les enseignants si nous refusons de sortir des clivages idéologiques éternels que soulève cette question et si nous posons comme principe intangible le respect de règles élaborées dans les années 1950. Le statut qui régit aujourd’hui le métier d’enseignant a été conçu, en effet, dans une France qui ne connaissait pas le collège, qui ignorait les usages personnels de l’informatique, et dont l’économie était guidée par l’industrie plutôt que par les services ! Vouloir le perpétuer à tout prix, et au mépris de la forte aspiration au changement des enseignants eux-mêmes, serait une erreur manifeste, dont les professeurs seraient les premiers à payer le prix.

Ne l’ont-ils pas d’ailleurs déjà payé, en sacrifiant l’évolution de leurs revenus au profit de la logique exclusive de l’augmentation continue du nombre de postes ? Ne l’ont-ils pas payé de leur autonomie, en voyant leur liberté pédagogique réduite au seul choix des manuels scolaires quand leur façon d’exercer était définie dans d’autres sphères que la leur ? Ne l’ont-ils pas payé de leur carrière, évoluant au rythme désespérément uniforme des grilles d’avancement et des notations pré-calibrées au dixième de point près ? Ne l’ont-ils pas payé de leur enthousiasme, de leur esprit d’initiative, de leur passion, en voyant que la seule récompense de leurs efforts était le temps qu’on leur accordait pour travailler moins, lorsqu’ils ne demandaient qu’à pouvoir s’engager davantage ?

Il est donc temps que nous nous posions la question de la redéfinition du métier d’enseignant, que nous recherchions les moyens d’accroître la considération qui lui est due et de permettre aux professeurs de voir leurs efforts reconnus à la fin du mois par une augmentation substantielle de leur pouvoir d’achat.

Le livre vert proposé par la commission Pochard a élaboré un constat assez large de la condition enseignante aujourd’hui. Il définit des pistes et esquisse des solutions alternatives qui lui semblent pouvoir se dégager des nombreux entretiens et exercices de comparaison internationale qu’il a menés au cours des derniers mois. Il s’agit naturellement d’un travail mené en toute indépendance et dont les conclusions sont proposées au débat sans pour autant engager le gouvernement.

Le temps de la décision, sera en effet celui du livre blanc qui rassemblera les propositions du gouvernement pour faire avancer la condition enseignante. Je me donne trois mois pour parvenir à en définir le contenu et à le discuter avec les syndicats, que j’associerai prochainement à la définition du calendrier et de la méthode de travail qui sera la nôtre. J’aurai à cœur, naturellement, d’approfondir les grands thèmes ouverts par la commission Pochard autour de l’amélioration des conditions de travail, de la reconnaissance sociale et des évolutions de carrière.

Mais j’aurai une préoccupation centrale : celle de permettre aux enseignants d’améliorer substantiellement leur pouvoir d’achat en leur donnant la possibilité de travailler plus pour gagner plus, comme le Président de la République en a déjà offert la possibilité à tous les Français. Je rappelle qu’avec l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires, ce sont près de 250 millions d’euros de pouvoir d’achat supplémentaire que nous libérons dès cette année pour les enseignants. Ces derniers auront d’ailleurs pu mesurer la réalité de cette nouvelle politique en faveur de leur pouvoir d’achat puisqu’un enseignant certifié effectuant deux heures supplémentaires par semaine verra ces deux heures lui rapporter 600 euros nets de plus par an par rapport à l’année dernière, grâce à l’exonération fiscale et à l’exemption de charges dont elles bénéficient.

Je suis convaincu que les syndicats enseignants mesurent le caractère historique des discussions que je veux ouvrir avec eux et qu’ils sauront les aborder avec une volonté de progresser aussi forte que la mienne. Nous avons là, en effet, une occasion de mener un dialogue social positif, fondé sur la négociation et sur l’accord.

J’ai pu vérifier, à l’occasion des discussions sur le premier degré et sur la réforme de la voie professionnelle, que les syndicats enseignants étaient non seulement ouverts au dialogue, mais aussi conscients de la nécessité d’avancer et de ma volonté de le faire.
Les enseignants doivent eux aussi être pleinement convaincus de ma détermination à améliorer leurs conditions de travail et d’existence. Je prends donc l’engagement de faire en sorte que les premiers effets des mesures sur lesquelles nous nous accorderons apparaissent dès la rentrée 2009 dans leur emploi du temps, dans leur établissement scolaire, et au bas de leur feuille de paie.

Mesdames et Messieurs,

Avec la suppression de la carte scolaire, la mise en place de deux heures quotidiennes d’accompagnement éducatif pour tous les collégiens de l’éducation prioritaire – et bientôt pour tous les élèves -, la suppression des cours du samedi matin dont nous prévoyons de réallouer les heures au profit des élèves en difficulté et la création de stages gratuits de remise à niveau durant les vacances scolaires pour les élèves de CM1 et de CM2 qui ne maîtrisent pas parfaitement les savoirs fondamentaux, nous avons fait la démonstration que l’Education nationale n’était pas cette structure immobile et désincarnée que se plaisent à caricaturer ses détracteurs. Nous devons à présent prouver que la Nation saura remercier ceux qui, chaque jour, font avancer son école.

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