PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Les Cahiers Pédagogiques – le 1er juin 2013 :

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Yves Lecocq, en quoi ce livre peut-il être une réponse à ceux qui disent que l’accompagnement personnalisé, ça ne marche pas, ça crée plus de problèmes que de solutions ?

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D’abord, sur un plan personnel, ce livre est un peu l’aboutissement d’une dynamique d’échanges et de formation qui m’a porté des années durant et que j’ai la chance de voir se transformer en un objet concret, palpable, qui photographie à un moment donné des itinéraires intellectuels en marche pour mieux en stimuler d’autres : un livre !

Sur un plan plus général, les réponses apportées aux sceptiques par cet ouvrage se situent à plusieurs niveaux. D’abord, concernant la pratique sur le terrain, la diversité des comptes rendus d’expérience figurant dans l’ouvrage, venant de collègues souvent enthousiastes, montre très concrètement qu’on peut faire des choses à la fois stimulantes pour les enseignants et utiles pour les élèves. L’idée d’un mieuxêtre enseignant grâce à l’accompagnement me semble fondamentale.

Sur le plan de la réflexion pédagogique, il m’a paru important de souligner que, au-delà des effets de mode, tout un héritage extrêmement riche peut être mis à profit et réinvesti. Comme souvent, on peut constater à quel point des approches très différentes peuvent se féconder les unes les autres au service de ce projet d’accompagnement. La place de la gestion mentale, importante dans l’ouvrage alors qu’elle est enterrée depuis longtemps dans certains milieux pédagogiques ou institutionnels, témoigne de son ancrage sur le terrain, ainsi que de son intérêt et de sa richesse dans cette perspective. À un niveau plus organisationnel, plusieurs contributions mettent en avant des dispositifs qui fonctionnent, lesquels s’appuient sur le collectif d’enseignants engagés.

Si on devait retenir trois ingrédients essentiels pour que ça marche, vous diriez quoi ?

Sans doute une équipe de direction qui stimule sans contraindre et sait capter les énergies, un dispositif simple et souple pour que chacun y trouve sa place et, enfin, la mise en lien permanente entre ce qui se fait en cours et ce qui se fait en accompagnement.

La loi sur la refondation n’aborde pratiquement pas le cas du lycée. Mais l’accompagnement est considéré par le ministre comme une bonne chose, qui doit être poursuivie. Mais peut-on conserver le lycée tel qu’il est, l’accompagnement n’étant alors qu’un petit changement « pour que rien ne change? » ? Comment arriver à un vrai changement ?

C’est vrai, si le cadre reste immuable, en dehors d’un vague dépoussiérage périphérique (et l’AP peut être perçu comme tel), les représentations du métier ne risquent-elles pas elles aussi d’être marquées par l’immobilisme ? Mais à l’inverse, n’est-il pas illusoire de considérer qu’une « ?grande réforme ? » impulsée d’en haut peut faire évoluer de façon significative mentalités et pratiques professionnelles ? Bien des précédents montrent à quel point un volontarisme ministériel affiché peut être réduit à néant à l’échelle de l’établissement, entre inertie des uns et opposition déclarée des autres.

Aujourd’hui, un assouplissement du cadre général de fonctionnement des établissements (emplois du temps moins lourds, plus de séances en groupes, modularisation, etc.) est plus que jamais nécessaire. Dans cette perspective, les cadres intermédiaires doivent aussi s’inscrire dans une logique d’accompagnement.

Un vrai changement, ce ne peut être ni un grand soir, ni uniquement des petits pas, mais un même souffle qui, à tous les niveaux, converge dans la même direction, grâce à ces multiples énergies prêtes à s’investir pour construire le lycée de demain !

 

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