L’Education nationale ne précise jamais ce qu’elle entend par ce qui est dans son intitulé, l’éducation (il est vrai que personne ne le lui demande). Autant il y a de parents, autant il y a d’enseignants, autant il y a de citoyens, chacun en aura une conception différente. Je pourrais même dire autant il y a de philosophes, de psychologues, de moralistes… et d’idéologues.

Lorsque l’on discute d’école, il faut pourtant bien avoir une définition commune simple et acceptable à partir de laquelle on échange, à partir de laquelle on conçoit et on bâtit. Une définition qui ne puisse sans cesse être remise en cause. Un objet commun[1].

Pour que l’on puisse travailler ensemble (parents et enseignant) dans mon école, j’ai été amené à proposer cette définition qui m’a beaucoup servi par la suite, ne serait-ce que par l’approfondissement qu’elle demande.

Nous comprendrons et simplifierons l’éducation comme un ensemble d’actions, de dispositifs, de situations, de comportements, ensemble qui amène l’enfant à l’autonomie dans l’environnement où il aura à évoluer (société), avec un plus pour l’espèce humaine[2] : lui donner aussi la capacité d’agir sur cet environnement, que ce soit sur l’environnement physique, matériel, ou sur l’environnement relationnel, l’environnement social. Ceci dans l’interdépendance[3] avec les autres membres de la société à laquelle il appartient, avec lesquels il vit, desquels il a besoin et lesquels ont besoin de lui.[4]

L’éducation prise dans ce sens aboutit à la séparation familiale[5], c’est à dire à un adulte. 

L’école n’est alors qu’une entité sociale particulière parmi les autres, qu’un moment, un espace et un autre environnement où se poursuit cette conquête de l’autonomie et la construction de ses outils, les langages.


[1] Michel Authier se servait de cette image : si on ne mettait pas un ballon sur le terrain et un seul ballon pour tous, que feraient bien les joueurs ?!

[2] Pour la plupart des animaux, en dehors des espèces sociales, l’éducation cesse dès l’autonomie alimentaire.

[3] Autonomie et interdépendance, dans leur apparente antinomien, induisent la socialisation.

[4] Il faut bien sûr rajouter sa fonction de protection tant que l’autonomie n’est pas complète.

[5] Il est vrai que dans ce qu’est devenue notre société, la séparation totale n’arrive jamais, pas seulement la séparation affective mais aussi la séparation matérielle (palier aux carences économiques) et depuis quelques années juridique (responsabilité réciproque entre enfants devenus adultes, parents et même grands-parents)