PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Ministère de l’Education Nationale – le 22 novembre 2013 :

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George Pau-Langevin, ministre déléguée chargée de la réussite éducative s’est exprimée le vendredi 22 novembre 2013 devant les membres du laboratoire de l’Égalité à l’occasion du Salon de l’éducation.

Seul le prononcé fait foi,

Madame la Présidente du Laboratoire de l’Égalité,
Mesdames, Messieurs,

Mettre l’égalité des filles et des garçons au cœur même de la refondation républicaine de l’école. Voilà, en substance, ce qui nous réunit tous ici aujourd’hui.

L’égalité entre les femmes et les hommes est aujourd’hui une valeur et une promesse de la République, en même temps qu’un objectif fondamental de l’institution scolaire. C’est précisément à l’aune de cette promesse et des espoirs qu’elle suscite qu’il faut mesurer le chemin qu’il reste à parcourir.

L’égalité en droit et la mixité scolaire n’ont pas suffi à abolir la différence de regard porté sur les filles et les garçons, la construction sexuée des parcours scolaires, ni les violences sexistes à l’école.

L’école reproduit encore trop souvent des stéréotypes sexistes. La manière d’interroger, de donner la parole, de noter, de sanctionner et évidemment d’orienter, révèlent des représentations profondément ancrées sur les compétences supposées des unes et des autres.

Ces mécanismes involontaires peuvent avoir des conséquences lourdes et directes sur les parcours scolaires, puis professionnels, des jeunes.

Le paradoxe est connu : les filles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons, mais leurs choix d’orientation – et plus encore les choix qui sont faits pour elles – demeurent très traditionnels et trop souvent restreints à quelques secteurs d’activité.

De leur côté, les parcours des garçons ne les détournent pas moins de certains domaines professionnels, considérés comme féminins. Les filles représentent ainsi à peine plus de 10% des séries industrielles et plus de 90% de la série sciences et technologies de la santé et du social. De même, alors que le taux d’accès au baccalauréat des filles est largement supérieur à celui des garçons, elles sont bien moins nombreuses à être inscrites en première année de classes préparatoires aux grandes écoles.

Il est de notre responsabilité de provoquer une prise de conscience de ces phénomènes pour que les regards changent, que nous parvenions à ce « déconditionnement » des mentalités dont parlait déjà Yvette Roudy, ministre du droit des femmes en 1981.

Il est de notre responsabilité que nous passions des déclarations d’intention et des textes de lois à une pratique quotidienne de l’égalité. Parce que nous voulons que les hommes et les femmes aient le choix, aient tous les choix possibles, parce que c’est un impératif citoyen, un impératif social et un impératif économique, nous devons construire une éducation qui porte et transmet la culture de l’égalité entre les sexes.

Notre école doit former des citoyens et des citoyennes émancipés, capables de comprendre et d’interroger le fonctionnement de la société, et d’exercer leur libre-arbitre. A cet effet, nous formerons les enseignants et l’ensemble des personnels qui concourent à l’éducation et à l’orientation des élèves, dans le cadre des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE).

Notre école doit mobiliser contre les violences, les mots, les gestes, les coups qui excluent et rendent les filles inférieures. Installer le respect entre tous et toutes, apprendre le bonheur de partager un espace commun, c’est aussi l’une des missions de l’école.

Nous ne partons pas de rien. De très nombreuses initiatives, locales comme nationales, des partenariats entre l’école et les associations, construisent au quotidien une culture du refus des préjugés, des discriminations et des violences. Nous travaillons pour faire de ces innovations une véritable politique. Et nous le ferons en nous adressant aux acteurs de l’éducation, pour que tous soient convaincus du caractère central de cette dimension de leur mission.

L’année 2013-2014 sera, à cet effet, une année de mobilisation pour l’égalité à l’école.

La nouvelle convention inter-ministerielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif (2013-2014) traduit la conviction selon laquelle la réussite de tous les élèves est liée à la manière dont l’école porte le message de l’égalité, l’incarne et en assure l’effectivité.

C’est la raison pour laquelle, parmi les engagements pour faire progresser l’égalité filles-garçons, une expérimentation est prévue depuis la rentrée dans 275 écoles primaires et près de 700 classes de dix académies : l’ABCD de l’égalité. Cet ABCD, élaboré en partenariat avec le ministère du droit des femmes, est un projet destiné à être développé.

L’année 2013-2014 verra se concrétiser trois chantiers : la transmission des valeurs d’égalité entre les filles et les garçons ; le renforcement de l’éducation au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes ; et l’engagement pour une mixité plus forte des filières de formation et à tous les niveaux d’études.

Le programme "ABCD de l’égalité" a un double objectif.

D’abord, celui d’aider les enseignants de primaire à prendre conscience de la force des préjugés et stéréotypes sexistes, y compris dans leurs propres attitudes implicites, à savoir repérer et analyser des situations scolaires productrices d’inégalités entre les filles et les garçons et à en tenir compte dans leurs pratiques pédagogiques.

Ensuite, à sensibiliser les élèves à l’égalité entre filles et garçons et expliquer aux enseignants comment les stéréotypes se construisent chez les enfants, afin de permettre l’orientation et la réussite scolaire de tous les élèves dans les différentes filières.

En pratique, l’ABCD de l’égalité consiste en un ensemble d’outils pédagogiques destinés aux enseignants. Il s’agit notamment de fiches illustrées, rattachées à différentes matières du programme de primaire, utilisables dans le cadre d’une séquence d’enseignement, ou encore de grilles d’observation des relations entre les élèves dans la classe et dans le cour de récréation.

L’expérimentation, lancée dans dix académies (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Corse, Guadeloupe, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Rouen, Toulouse), sera menée en deux temps. Une formation des personnels d’encadrement (inspecteurs de l’éducation nationale et conseillers pédagogiques de circonscription) et des professeurs, de septembre à novembre 2013. Une mise en œuvre dans les 275 écoles (élémentaires et maternelles) et près de 700 classes participantes, de novembre 2013 à février 2014.

Je vous remercie de votre présence ici aujourd’hui. Elles nous aident à prendre conscience de la complexité des enjeux. C’est grâce à vos lumières que nos programmes se mettent en place et que ces programmes pourront continuer de s’affiner et d’être les plus pertinents possibles.

Merci à vous,

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