PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Eduveille – le 13 janvier 2014 :

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[…] C’est à Lyon que ce weekend le CRAP – Cahiers pédagogiques et Éducation & Devenir ont organisé une matinée au CRDP autour du dossier  des Cahiers Pédagogiques n° 509 : “Ce qui fait changer un établissement”.

Après une présentation des deux associations (Martine Langanay pour E&D ; Roxane Caty-Leslé pour le CRAP), Alain Bouvier et Romuald Normand ont échangé sur le thème. La discussion, animée par Jean-Yves Langanay, était articulée autour de trois questions. 

Quels sont les principaux points de blocage qui s’opposent au changement dans les établissements?

Alain Bouvier a juste mentionné le problème des corporatisme au sein de l’Éducation nationale, disant que ceci avait déjà largement été débattu ailleurs et qui le sera encore lors du prochain colloque de l’AFAE. Selon lui, il y a un hiatus entre les responsabilités individuelles des enseignants, encouragées par la loi (liberté pédagogique et autonomie individuelle) alors qu’il serait souhaitable d’aller vers un fonctionnement plus collectif et collaboratif, ce qui signifie qu’il faut développer le travail en équipe.

Pour Romuald Normand, le changement se fait petit à petit, il parle de “transformation silencieuse” à l’œuvre. Les établissements sont insuffisamment accompagnés pour soutenir l’innovation et favoriser le changement. Il souligne le rôle essentiel des chefs d’établissement et des corps d’inspection, à condition que ces derniers soient dans une logique d’accompagnement d’équipes et non pas de contrôle et de sanction.

Le changement passe aussi par une mutualisation des pratiques :  que faire des ces nouveaux savoirs, de ces expertises qui se développent dans les établissements ? Le rôle des CARDIE peut être un levier intéressant. Il est dommage qu’il y ait un cloisonnement entre la recherche et les professionnels (les chercheurs devraient savoir se décentrer).

Leadership et gouvernance : quelle communication entre les universitaires et les militants pédagogiques ?

Pour Alain Bouvier, depuis les premières lois de décentralisation, des responsabilités importantes sont exercées par d’autres parties prenantes que l’État : les collectivités territoriales, dont la part augmente sans cesse. On le constate sur le terrain avec la mise en place des PEDT, avec l’implication de ces collectivités dans la culture, le sport, la sécurité, etc. La gouvernance c’est “mettre ensemble les différentes parties pour discuter sur les projets, les indicateurs d’évaluation”. Cela suppose aussi d’apprendre de nos erreurs et travailler en commun sur des projets.

Pour Romuald Normand, le leadership, malgré ce qu’en disent ces détracteurs, n’est pas d’essence néo-libérale. Par contre, il revendique une origine libérale, au sens politique du terme : organisation de la discussion, encouragement des initiatives par le chef d’établissement, encouragement de la créativité, etc. Il préfère le terme de leadership à celui de pilotage qui est trop étroit pour rendre compte de cette réalité. Le leadership s’est construit contre l’idée d’un fonctionnement bureaucratique de l’établissement (dont Alain Bouvier a souligné la lourdeur, et le soutien dont les organisations syndicales font preuve au niveau du ministère lors des commissions notamment). Le management, qui est orienté vers la performance, ne suffit pas non plus à améliorer le système et son efficacité.

Le leadership suppose un partage de valeurs auxquelles tout le monde adhère, une transformation du partage des rôles de chacun, et un travail avec divers partenaires. Le rôle des enseignants et des équipes pédagogiques s’en trouve modifié aussi. Il faut regarder avec intérêt le développement de fonctions intermédiaires, beaucoup plus développées à l’étranger.

Alain Bouvier constate que les valeurs de l’Éducation nationale (liberté, laïcité, égalité…) ne sont partagées qu’en apparence, mais que dès que l’on analyse des situations précises, dès que l’on sort des généralités, il n’y a plus de consensus. Or ceci est fort dommageable pour l’efficacité du système. Les pays qui ont des systèmes performants sont ceux où existe un consensus fort de la société civile sur ce qu’ils attendent de l’École.

Romuald Normand estime malgré tout que les valeurs républicaines sont largement partagées, mais qu’elle se heurtent parfois à des idéologies professionnelles qui peuvent être multiples : un travers récurrent est que les personnes parlent souvent au nom des autres (représentants d’une discipline, d’un établissement, d’un mouvement pédagogique, d’une sensibilité syndicale, etc.) plutôt que de sa propre pratique. Il faut savoir reconnaitre les problèmes et en faire une base de réflexion commune : “nos problèmes sont nos amis”.

Quels leviers pour favoriser le changement ?

Les deux intervenants mentionnent le développement des auto-évaluations dans les établissements, qui respecte le contexte local de l’établissement et qui est le fruit d’une démarche collective interne. Une des difficultés, outre le fait que ça ne fasse pas partie de la culture professionnelle, vient de l’acceptation de mettre son propre travail sous le regard de l’autre. La position de “l’ami critique” ne va pas de soi. Cela pose aussi la question de la formation des enseignants : l’établissement doit être un lieu essentiel de la formation continue (établissement apprenant).

Table ronde

La matinée s’est terminée avec une table ronde associant enseignants, CPE et principal de collège. Il a été question d’expérimentations autour de l’implication des parents dans le collège avec une salle dédiée, et d’un pôle d’excellence scientifique pour les bons élèves d’un établissement afin de changer l’image d’un autre collège.


Pour compléter sur le sujet, vous pouvez aussi (re)lire les dossiers de veille suivants :

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