PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Educavox – le 03 mars 2013 :

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Avec le développement du numérique, les ressources disponibles pour l’éducation sont toujours plus nombreuses et diverses, mais aussi plus difficiles à connaître, à qualifier, et donc à utiliser. Le catalogue constitue un premier niveau de service pour faire connaître l’existant et donner les éléments du choix. Mais le numérique autorise aussi des formes de granularité permettant de répondre à de nouveaux besoins, comme par exemple l’acquisition de compétences.
 
Une ressource crée l’opportunité de se re-sourcer, apporte une réponse à une question ou à un besoin identifié : la ressource documentaire répond à une question documentaire, la ressource informationnelle à un besoin d’information, tout comme la ressource naturelle répond à un besoin de consommation, la ressource énergétique à un besoin d’énergie. Dans le système éducatif, la ressource la plus commune est sans doute le manuel scolaire. Jusqu’à ses évolutions numériques les plus abouties, il est ce que l’on peut appeler une ressource « par destination », puisqu’il est conçu pour permettre la réalisation des acquisitions prévues dans les programmes. Mais l’école utilise aussi d’autres ressources qui n’ont pas été nativement conçues pour les apprentissages : dictionnaires, encyclopédies, articles de presse, publications scientifiques, œuvres d’art… On peut parler ici de ressources « par opportunité », seul l’usage leur conférant une fonction et un rôle pédagogiques.
 
Bien sûr, la dichotomie « destination / opportunité » est bien trop schématique pour tenir compte de la diversité de l’existant, pour tenir lieu de typologie. Les titres multimédias pédagogiques par exemple, contrairement aux manuels, ne prétendent pas traiter la totalité d’un niveau dans une discipline ; les productions de vulgarisation scientifique ou culturelle prennent souvent en compte, à des degrés divers, la destination pédagogique, mais sans pour autant fournir une forme « didactisée ».

 

Du catalogue de ressources à l’intégration des usages

Difficile, évidemment, de se repérer dans tout cela, d’identifier et de connaître une offre aussi diverse, et encore davantage sans doute d’appréhender la qualité des ressources disponibles : celle-ci est liée non seulement à la qualité intrinsèque, par exemple scientifique, du document, mais aussi à son adéquation à l’usage visé et à la manière de le mettre en œuvre.
Nous disposons d’outils et de méthodes pour développer des attitudes pertinentes, critiques et réfléchies face à l’offre de ressources (chercher, trouver, identifier les sources, qualifier les contenus, les rapatrier, les exploiter…), notamment par la mise en œuvre des deux compétences-métiers que sont l’édition et la documentation. Les catalogues de ressources comme Corrélyce, Courdecol13 ou Coréprim, ont été conçus pour répondre à ce besoin : les contenus sélectionnés sont le produit de l’activité de personnes morales, dans un objectif clairement affiché et connu de l’usager (approche éditoriale). En appliquant les techniques de description documentaire, ils permettent également de mettre à plat une offre qualifiée, utilisant des normes qui placent sur un pied d’égalité toutes ces ressources, qu’elles soient gratuites ou payantes, publiques ou privées, libres ou propriétaires (approche documentaire).
 

Un nouvel enjeu : la constitution de parcours

Au-delà des ressources elles-mêmes, le contexte d’usage peut aussi être interrogé. Le Socle commun de connaissances et de compétences, mais aussi les nouvelles présentations adoptées par les programmes, mettent au premier plan la notion de compétence. Connue de longue date dans le premier degré comme dans l’enseignement professionnel, cette notion offre aujourd’hui un nouveau prisme à tous les enseignants pour concevoir leurs progressions. Or, la plasticité des ressources numériques leur permet sans doute de mieux s’adapter à des progressions dans lesquelles le linéaire laisse peu à peu le pas à d’autres démarches : à chaque étape, à chaque instant, s’adapter au besoin, à la situation.
 
Prenons un exemple. En mathématiques, la maîtrise de la proportionnalité constitue un objectif pédagogique qui étaye une compétence sociale essentielle (pouvoir exercer une activité professionnelle, mais aussi appréhender son environnement). Cette notion est abordée de façon régulière de l’école jusqu’au collège : de l’approche intuitive de la quantité au théorème de Thalès, en passant par les fractions, chaque niveau concoure à construire la compétence « proportionnalité » ; au sein de chaque niveau, une compétence constituante peut également être subdivisée en autant de sous-compétences, dans une sorte d’approche fractale.
Ce que l’on attend ici de la ressource numérique, c’est qu’elle procure les « fragments » nécessaires au passage de chaque niveau, avec un accès direct et instantané aux informations recherchées. 
 

Pour un apprentissage progressif et personnalisé

L’acquisition d’une compétence relève toujours d’un parcours personnel, au cours duquel se réalisent des formes d’appropriation. Et si le numérique à l’école pouvait aider le professeur à guider l’élève dans ce parcours, en lui présentant les ressources propres à lui permettre de passer les étapes de l’acquisition ? Et si le numérique pouvait donner la possibilité à chacun de suivre son propre parcours, même si les grands jalons, au final, sont communs à la classe ?
C’est là tout l’enjeu des environnements pédagogiques de demain, qui permettront à l’enseignant d’accéder à une vaste bibliothèque de ressources, d’identifier simplement celles qui lui paraissent les plus adaptées, de les assembler dans des parcours à proposer aux élèves pour développer leurs propres compétences, et s’approprier ainsi les notions visées.
 
 Gérard Puimatto,
 Directeur adjoint du CRDP de l’académie d’Aix-Marseille
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