PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

La notion d’autonomie ne peut être adéquatement saisie que si ses différents sens sont précisés à la fois dans leurs contextes historiques, dans leurs valeurs synonymiques et antithétiques, enfin dans leurs domaines et les activités auxquels ils s’appliquent, Encyclopaedia Universalis, 1996 . L’ autonomie présente différentes facettes : autonomie temporelle, autonomie intellectuelle, etc. C’est un sujet responsable qui se « doit d’assumer sa propre causalité ».

Le mot autonomie vient du grec autonomos qui se régit par ses propres lois. Dans la Grèce antique, l’autonomia était le fait pour une cité de poses ses propres lois, autrement dit la souveraineté. L’autonomie se distingue de l’anomie (absence de loi), et de l’hétéronomie (soumission à d’autres lois que la sienne). Pour E. Kant, l’autonomie, au sens moral est la « propriété qu’a la volonté d’être à elle-même sa loi, indépendamment de toute propriété des objets du vouloir ». L’individu autonome, moralement, « s’oblige à n’agir que d’après des principes que tout être raisonnable peut reprendre à son compte ». On connaît la formule de E. Kant, 1784, « Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières ». L’autonomie est une foi dans le progrès possible de l’humanité : « Il arrivera donc, ce moment où le soleil n’éclairera plus sur la terre que des hommes libres, ne reconnaissant d’autre maître que leur raison ». Ce qu’affirmait Condorcet à la fin du XVIIe siècle se prolongera durant tout le XIXè siècle positiviste et laïque.

Dans le vocabulaire moderne, l’autonomie n’est pas absolue : « L’homme fait librement son histoire mais dans des conditions non librement déterminés par lui », (Marx). E. Morin, 2001, parle d’autonomie dépendante : son auto-organisation est une auto-éco-organisation. L’autonomie se distingue de la liberté, au sens de J.Derrida, 2001, « ouverture à l’imprévisibilité absolue ».

Dans l’enseignement, l’autonomie signifie l’indépendance relative. L’établissement autonome conçoit et met en œuvre des projets, mais ne sort pas pour autant de l’Education nationale.

En éducation, l’autonomie consiste pour l’élève à se donner ses propres fins, ses propres méthodes, sa propre évaluation. La croyance dans le bien-fondé de l’autonomie est un levier pour l’apprentissage. Dans une perspective démocratique, l’autonomie est une valeur qui est proposée comme une fin de l’éducation. L’autonomie est toujours relative et s’acquiert par apprentissage progressivement. S’appuyant sur les analyses d’H. Wallon, J.-Y. Rochex, 2000, affirme : « Nous ne sommes pas à l’école pour apprendre à vivre ensemble, mais pour apprendre à nous quitter ».

Dans l’institution scolaire, on parle surtout d’autonomie comportementale, définie comme « la capacité d’agir avec réflexion et en connaissance des enjeux personnels et sociaux de ses actions » ; mais également d’autonomie intellectuelle, comme étant « la capacité à lire, à écrire, à utiliser les documents ou les instruments courants du travail exigé par les différentes disciplines scolaires… », (Arénilla L. et alii, 1999).

L’autonomie résulte à la fois d’une acquisition graduelle aux différents niveaux du développement (affectif, social, moral, intellectuelle, psychomoteur…) et d’un apprentissage.

Ainsi, apprendre à marcher marque le passage à un certain degré d’autonomie sensorimotrice. Mais l’autonomie, qu’elle soit matérielle, intellectuelle ou morale, se construit également aux différents degrés de la scolarité. En premier lieu à l’école maternelle, par des actes de la vie courante qui vont faire « passer l’enfant d’un état de dépendance presque totale vis-à-vis de l’adulte, à un état d’autonomie dans le cadre de règles établies ».

Puis l’école élémentaire, par l’accès à la maîtrise du langage et de l’écriture, mais aussi par la capacité de compter, qui engendrent chez l’enfant un certain degré d’autonomie intellectuelle.
Au collège et au lycée, le sens de l’autonomie et des responsabilités se développement part diverses initiatives comme la création des délégués-élèves élus, la rédaction de journaux lycéens, la constitution de foyers socioéducatifs, et de clubs (santé, informatique…).

En réalité, il y a parfois confusion entre autonomie et débrouillardise : « Alors que les projets éducatifs prétendent former à la première, les pratiques éducatives encouragent de fait à la seconde. A l’école, en dépit de ce que l’on affirme partout, ce n’est pas l’élève autonome qui réussit mais l’élève débrouillard, c’est-à-dire celui qui sait mettre à exécution des scénarios d’action comportant … le plus d’effets possibles pour le moins d’efforts inutiles », P. Meirieu, 1991

L’autonomie est désormais conçue comme processus plutôt que comme but de l’éducation, S. Lawes, 1998 ;

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