« La réforme se met en place au détriment de l’Education prioritaire ». Partisan de la réforme du collège, Guillaume Pellé, responsable Education prioritaire du Se-Unsa des Bouches-du-Rhône, n’en revient pas. La promesse ministérielle de maintenir au minimum les moyens existants dans les collèges n’est pas tenue. Et les suppressions d’heures frappent en premier lieu les collèges REP. La réforme trahirait-elle ses partisans ?
Deux collèges REP sur trois touchés
Selon le Se-Unsa, 42 collèges des Bouches-du-Rhône sur 136, soit près d’un sur trois verra sa dotation horaire (DHG) baisser à la rentrée 2016. Cette baisse de moyens devrait concerner 18 collèges REP et REP+ soit les deux tiers de l’éducation prioritaire.
« On a porté la réforme sur le terrain à la lumière de l’engagement de la ministre », nous a dit Guillaume Pellé. « On a expliqué cet engagement. Or le compte n’y est pas. La réforme se met en place au détriment de l’Education prioritaire « .
Une promesse ministérielle
Le département reçoit pourtant 55 postes supplémentaires à la rentrée 2016, ce qui est un effort pour un département où les effectifs élèves augmentent lentement (+102 élèves). La hausse du nombre de postes aurait du largement garantir les enveloppes horaires des collèges. D’autant que la ministre s’y est engagée, promettant au minimum le maintien des moyens à effectifs élèves constants.
C’est donc sur la définition des effectifs élèves que le Dasen s’appuie pour justifier la baisse des enveloppes horaires. Selon le Se-Unsa, l’administration compare l’évolution des prévisions 2015 et 2016 au lieu de comparer les effectifs réels 2015 et les prévisions 2016. Des collèges pour lesquels on a fait des estimations trop hautes en 2015 se voient retirer des moyens alors que les effectifs attendus en 2016 sont stables ou légèrement en hausse. « Les collègues ne peuvent pas comprendre cela », nous dit G Pellé.
« On a trop donné à l’éducation prioritaire »
Où vont les 55 postes supplémentaires ? Selon G Pellé, le département avait du retard dans la dotation des Segpa et cela peut consommer une partie des nouveaux moyens. Mais pour expliquer une telle baisse, « il faut que des heures soient données aux autres collèges », nous dit G Pellé, entendez les collèges qui ne sont pas en éducation prioritaire.
Pire encore, il a le sentiment d’un retour de balancier aux dépens de l’education prioritaire. « On a l’impression qu’on commence à se dire qu’on a donné un peu trop de moyens à l’éducation prioritaire ».
Des mesures qui donnent raison aux opposants à la réforme
« On est persuadé que la réforme est positive », nous dit-il. Mais les enseignants ne peuvent pas comprendre qu’on diminue la dotation des collèges REP. Il faut vite désamorcer une situation qui pourrait déboucher sur une mobilisation contre la réforme ».
C’est que les mesures prises dans les Bouches du Rhône semblent confirmer les prévisions des opposants à la réforme : des pertes d’heures alors que le budget prévoit des créations de postes, des engagements pas tenus et des politiques remises en question d’une année sur l’autre.
François Jarraud
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