PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Mise à jour 15 heures– Présentée en CSE le 18 juin, la circulaire d’application de la réforme du collège est publié eau Bulletin officiel du 2 juillet. Par rapport au texte présenté le 18 juin, on observe une modification de taille. Le paragraphe qui invite à prévoir des temps de réunion dans les emplois du temps des professeurs est rédigé de façon moins impérative. La circulaire annonce la nouvelle politique d’évaluation qui devrait être un objectif de la prochaine année.

Une circulaire pour convaincre

La particularité de ce texte c’est qu’il consacre des paragraphes entiers à tenter de convaincre les enseignants des avantages de la réforme alors qu’il est juste censé l’appliquer. Ainsi la circulaire fait le décompte des heures affectées au collège et prend le soin de souligner la différence avec l’ancien collège.

Le rôle des personnels d’encadrement a été réécrit. La formule « L’évolution des pratiques pédagogiques au service de la réussite de tous les élèves s’appuie également sur les compétences des personnels d’encadrement (personnels de direction et d’inspection) » est devenue : « Les personnels d’encadrement (personnels de direction et d’inspection), pleinement investis dans leur rôle d’animation des équipes pédagogiques, sont également des points d’appui essentiels pour une évolution des pratiques pédagogiques au service de la réussite de tous les élèves », ce qui est un peu moins directif.

Un pas en arrière sur les nouvelles réunions  d’enseignants

Mais la principale modification c’est la nouvelle rédaction d’une phrase qui a fait du bruit. « Le travail en équipe s’appuie notamment sur les instances collégiales existantes et sur des temps prévus dans l’emploi du temps des enseignants dans le cadre de leurs missions liées au service d’enseignement », disait l’ancienne rédaction du 18 juin. La toute première version qui n’envisageait pas ces réunions. « En fonction des besoins exprimés par les équipes, les chefs d’établissement doivent s’employer à dégager des plages horaires libres communes, qui facilitent le travail collectif, car elles sont anticipées et placées sur des temps compatibles avec l’organisation personnelle de chacun », écrit la circulaire.

Concrètement les principaux ont parfois anticipé sur le texte comme cela nous a été signalé. Pour les enseignants se posera la question de participer à des réunions de travail qui s’ajoutent aux heures d’enseignement et qui ne sont pas rémunérées. On notera que la nouvelle rédaction ne fait plus allusion aux « missions » des enseignants c’est à dire à l’interprétation du nouveau décret sur les obligations de service qui rendrait ces réunions obligatoires.

La finalité du texte reste la même mais la rédaction est nettement moins injonctive. Elle sous entend qu’un besoin ait été exprimé par les équipes pédagogiques.

Le rôle des différents conseils

Les autres paragraphes reprennent le texte présenté le 18 juin. La nouvelle rédaction rappelle l’organisation des enseignements prévue par la réforme entre enseignements communs et complémentaires, et enfin enseignements de complément. La circulaire définit précisément le rôle de chaque conseil :  d’enseignement, pédagogique et d’administration. Le conseil pédagogique, qui reste nommé par le chef d’établissement, « formule des propositions quand aux modalités de l’accompagnement personnalisé – soutien, approfondissement, méthodes de travail – et de regroupement des élèves, que le chef d’établissement soumet ensuite au conseil d’administration. Il est saisi pour avis sur l’organisation des enseignements pratiques interdisciplinaires ». Le conseil d’administration (CA) « répartit la dotation horaire supplémentaire mise à la disposition des établissements entre les moyens nécessaires à la constitution de groupes à effectifs réduits, aux interventions conjointes de plusieurs enseignants et aux enseignements de complément ». L’offre d’accompagnement personnalisé (AP) , d’enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) sont présentés au CA.

La circulaire mentionne le fonctionnement différent du privé où le chef d’établissement décide l’organisation « en concertation avec les professeurs ». Le texte mentionne « une instance de concertation ».

Les EPI et l’accompagnement personnalisé davantage ouverts

La circulaire donne comme objectif aux EPI « une réalisation concrète, individuelle ou collective » qui peut être un exposé ou un livret.  » Des heures professeurs peuvent être mobilisées notamment pour des interventions conjointes de plusieurs enseignants ». La nouvelle rédaction ouvre davantage les EPI à des non-enseignants, ce qui semble assez contradictoire avce la charge pédagogique forte qui leur est attribué.  » La mise en oeuvre des parcours doit favoriser la participation d’autres personnels de l’établissement et les partenariats ». On a là un écho de pratiques qui ont été introduites  parfois au lycée.

Le nombre d’EPI est au minimum de 6 pour chaque élève sur le cycle 4. Il y en a donc au minimum 2 par an, l’EPI « monde économique et professionnel » devant avoir lieu en 4ème ou 3ème. « Les enseignements pratiques interdisciplinaires peuvent être de durée variable (trimestrielle, semestrielle, annuelle), sur un horaire hebdomadaire de 1 à 3 heures. Un établissement peut combiner des enseignements pratiques interdisciplinaires de durées différentes. Par exemple : trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de trois heures; deux enseignements pratiques interdisciplinaires semestriels de deux heures, et trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de 1 heure; un enseignement pratique interdisciplinaire semestriel de trois heures, un enseignement pratique interdisciplinaire semestriel d’une heure, un autre de deux heures ».

La circulaire spécifie qu’une « thématique interdisciplinaire peut être suivie par un élève chaque année du cycle 4″ ce qui vise les langues anciennes et régionales. Mais,  » les élèves qui bénéficient d’un enseignement de complément doivent être répartis dans plusieurs classes, afin d’éviter la constitution de filières sur la base de ce choix ».

L’accompagnement personnalisé peut être pris en charge dans toutes les disciplines.  » Les professeurs documentalistes, ainsi que les conseillers principaux d’éducation, ont naturellement vocation à apporter leur expertise dans sa conception et à participer à sa mise en oeuvre », ajoute la nouvelle rédaction.

D’une façon générale, le texte reprend des idées que l’on retrouve dans la réforme du lycée : donner la possibilité de brasser les élèves en de nouveaux groupes ignorant les classes, de faire intervenir des personnels très variés dans ces enseignements. La réforme applique cela alors qu’on n’a aucune évaluation sérieuse du lycée si ce n’est que cette réforme n’a pas apporté d’améliorations visibles dans les résultats ou l’orientation. Varier les temps et les intervenants a posé pas mal de problèmes dans beaucoup de lycées avec des élèves plus âgés que les collégiens. Comment cela sera -t-il vécu au collège ? Cela devrait par contre simplifier la gestion des personnels.

Les langues étrangères et régionales

La circulaire étend aux langues régionales la possibilité de continuer en 6ème, à coté de l’anglais, cette langue  quand elle a été commencée à l’école. Le mécanisme n’est pas automatique mais possible. Dans ce cas l’élève a 4 heures dans la langue continuée et 2,5 h d’anglais. Là aussi les élèves ne doivent pas  être regroupés en filière.  » L’organisation de l’apprentissage de la deuxième langue vivante en une séquence d’une heure et deux séquences de trois quarts d’heures est à privilégier. »

Les sciences et les arts

La circulaire précise que l’EIST peut être étendu en 5ème ce qui est un net renforcement mais reste une possibilité proposée au choix de l’équipe. De même le regroupement des disciplines artistiques est une possibilité offerte aux enseignants qui doivent manifester un « accord explicite ».

Des séquences de 90 minutes recommandées

La circulaire revient sur les pondérations horaires.  » L’établissement peut moduler de manière pondérée la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect à la fois : du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle, du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève, des obligations réglementaires de service des enseignants.  La modulation de la répartition du volume horaire hebdomadaire est fixée pour la durée du cycle. La répartition du volume horaire doit rester identique pour tous les élèves d’un même niveau. Toutes les disciplines d’enseignement obligatoire sont enseignées chaque année du cycle. » Une phrase  vante toujours des séquences de 90 minutes. « L’établissement peut réfléchir à la mise en place d’une organisation du temps scolaire visant à réduire dans la journée et la semaine le nombre de séances, afin de limiter le morcellement des temps d’apprentissage. Des séquences d’1h30 peuvent constituer des temps d’apprentissage efficaces ».

Le plan de formation dans le public et le privé

La circulaire donne des détails sur la formation des équipes.  » Dès le début de l’année scolaire 2015-2016, les personnels de direction et les inspecteurs territoriaux bénéficieront d’un plan d’accompagnement spécifique dans chaque académie ». Viendront ensuite en janvier la formation des membres du conseil pédagogique . Et seulement plus tard celle des autres professeurs. La formation durerait 4 ou 5 jours, chaque établissement établissant des emplois du temps pour que chaque enseignant puisse en bénéficier par roulement sans interrompre les cours.  » La formation des enseignants et conseillers principaux d’éducation se déploie en plusieurs vagues, afin de ne pas mobiliser tous les enseignants d’un collège en même temps ».

Sur ces 5 jours , la formation devra aborder pas moins que  » l’appropriation des nouveaux programmes de cycle ;  la mise en place des nouveaux temps d’enseignement : enseignements pratiques interdisciplinaires, accompagnement personnalisé, groupes à effectifs réduits ; la différenciation pédagogique ;  la pédagogie de projet ; les usages pédagogiques du numérique, en lien avec la mise en œuvre des programmes ; les pratiques d’évaluation des acquis des élèves ».

« Dans l’enseignement privé sous contrat », ajoute la nouvelle rédaction, « un abondement des moyens de formation à hauteur de celui de l’enseignement public sera réalisé. L’abondement de ces moyens spécifiques sera fléché vers des actions de formation dédiée à la réforme du collège. Les chefs d’établissement seront invités à participer aux journées de formation destinées aux personnels de direction en début d’année scolaire 2015-2016. »

L’évaluation le prochain défi

Un peu plus prudente dans sa rédaction que la mouture précédente, la nouvelle circulaire doit permettre aux directions et aux enseignants d’anticiper la mise en place de la réforme. C’est justement ce que veut éviter l’intersyndicale. La circulaire annonce aussi la « nouvelle politique de l’évaluation des élèves présentée prochainement ». Voilà pour l’intersyndicale un autre défi.

François Jarraud

La circulaire

Le texte précédent

Réforme du collège : Le DOSSIER

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