PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Tous les deux ans, depuis 1998,la Ligue de l’Enseignement et la ville de Rennes -chef de file du Réseau Français des Villes Educatrices- renouvellent leur partenariat pour l’organisation de trois jours de dialogue et de production réunissant réseaux associatifs, collectivités territoriales ,services de l’Etat et chercheurs :les Rencontres nationales de l’éducation.

Alors que se concrétise la deuxième phase de la décentralisation, le thème choisi pour les quatrièmes Rencontres ,EDUCATION ET TERRITOIRE, L’ETAT AU LOCAL , a réuni à Rennes du 6 au 8 octobre plus d’un demi-millier de personnes…

Les débats, positionnés dès l’ouverture entre « le volontarisme « souhaité par Edmond Hervé, maire de Rennes et « l’inquiétude » exprimée par Jean Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement, pointeront avec la conférence introductive d’ Agnès Van Zanten, directrice de recherche au Cnrs, la réalité d’un « Etat complexe au local » : manifestant une insuffisance de «compétences politiques »,la situation actuelle pose en effet la double question de la « légitimité des acteurs » et celle du « modèle de régulation « à construire, appelé à intégrer » les procédures post- bureaucratiques du projet et du contrat »…

L’observation de l’évolution de l’Education nationale, montre, pour Bernard Toulemonde , Inspecteur général de l’Education nationale et ancien recteur, qu˜avec la décentralisation fonctionnelle ,« le glissement progressif du centre de gravité du système depuis le sommet (le gouvernement, le ministère) vers les extrémités, ( les académies, les collectivités locales, les établissements scolaires) » fait apparaître un réel affaiblissement de l’Etat éducateur corrélé à » ce qu’on pourrait qualifier de ˜pilotage partagé’ ».Est soulevé alors concrètement le problème des clivages entre acteurs éducatifs car il faut bien relever que » ces nouvelles méthodes demeurent fréquemment internes à l’administration de l’Education nationale :l’articulation des acteurs locaux (responsables des services académiques, des collectivités locales, des associations et des établissements scolaires) reste souvent à construire… »

Partageant ce constat, Jean-Claude Guerin, ancien Inspecteur général, considère que c’est bien à partir de l’affirmation croissante des diverses légitimités territoriales que sont susceptibles de se construire, par exemple, les projets éducatifs locaux: le projet doit être l’expression et la visée d’une politique éducative qui prenne en compte l’ensemble des lieux et des moments de l’enfant et de l’adolescent qui se forme…témoignant du passage contemporain, selon les termes de D Glasman, professeur à l’Université de Savoie, d’une « politique éducative territorialisée vers une politique éducative territoriale » .

La question du « pourquoi faire ? », à savoir quel peut être l’effet de ces transformations dans la lutte récurrente contre les inégalités, est posée centralement par Francine Labadie ,chargée de mission au Commissariat au Général du Plan : un bilan des connaissances actuelles est esquissé,( qui montre en particulier l’insuffisance des travaux sur la socialisation des jeunes), ainsi qu’une analyse des politiques publiques. La création d’un récent outil »le Conseil territorial de l’Education nationale » , semble un point d’appui pour demain puisqu’il permettra à l’Etat et aux collectivités de « débattre ensemble(…)et en particulier de l’égalité des usagers devant le service public d’éducation » .

Elargissant la problématique à l’Union Européenne, notant une « tendance à la décentralisation partout»,Olivier Brunet Administrateur principal à Bruxelles, soulignera, avec l’émergence de la dimension régionale, à quel point reste posé « le problème de l’articulation entre les politiques nationales », le fonctionnement en réseaux ayant manifestement pris le pas sur les coordinations inter-étatiques…

Le territoire s’impose désormais pour Guy Berger, professeur émérite des Universités, comme « un lieu d’articulation entre l’éducatif et le politique »,recevant des « normes » d’un Etat qui n’est plus «normalisateur »… analyse vérifiée dans bien des ateliers au cours de ces trois jours. In fine, un Observatoire, enregistrant les nouvelles pratiques et intégrant une fonction d’évaluation, représenterait pour l’avenir un outil de suivi de cette nouvelle manière d’être de l’Etat éducateur et de ses partenaires…

André Chambon

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