PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Source L’AEF du 26 novembre 2008, n° 105192

« Inapplicable », « inadmissible »: ce sont quelques-uns des qualificatifs employés par plusieurs dizaines de maires pour témoigner de leur difficulté à appliquer le service minimum d’accueil, à l’occasion d’un débat sur les réformes de l’éducation nationale, lors du Congrès des maires, mercredi 26 novembre 2008. Face à des milliers d’élus, dans l’auditorium de Paris-Expo, Jean-Michel Blanquer, recteur de l’académie de Créteil, chargé de représenter le ministre Xavier Darcos, répondait aux questions de l’assemblée.

Au cours du débat, à l’appel du maire de Périgueux (Dordogne), plusieurs centaines de maires ont quitté la salle, pour protester contre le service minimum d’accueil et l’absence de Xavier Darcos (L’AEF n°105221 ). « Ce n’est pas seulement la colère qui nous habite mais on a vraiment l’impression d’être pris pour des niais quand on est confrontés à certains interlocuteurs de l’éducation nationale », affirme le président de l’Association des maires ruraux, sous les applaudissements de la salle.

Yves Durand, maire d’une commune de la Loire, fait part de ses difficultés à organiser le service minimum d’accueil, lors de la dernière grève du 20 novembre 2008: « Je me suis dit: ‘il y a une loi, il faut faire quelque chose pour les parents d’élèves’. Bilan: j’avais 9 enfants à garder le matin pour 6 familles concernées », raconte-t-il. « On nous demande de régler un conflit que l’éducation nationale a avec son personnel! Et quand j’ai vu que 9 maires de la Loire étaient condamnés par le préfet à aller devant le TA j’ai eu vraiment mal! », conclut-il.

« COLÈRE » DES éLUS

Le maire de Saint-Martin-d’Hères (Isère) a fait circuler une pétition de soutien aux maires du département invités à comparaître devant le tribunal administratif (L’AEF n°105163 ): « même les maires de droite ont signé! » « Cette loi est inapplicable, il faut l’abroger! », lance l’élu sous les applaudissements nourris de ses collègues.

Le maire de Belfort dit son « amertume » et sa « colère »: « Ce n’est pas un service minimum d’accueil, c’est une garderie! », s’exclame-t-il, dénonçant la politique du gouvernement: « on ferme les écoles le samedi et on ouvre les commerces le dimanche! »

« Débrouillez-vous, c’est votre mission », lance un maire d’une commune des Flandres, rappelant l’injonction de Xavier Darcos aux maires. « Il n’a pas besoin d’être là pour nous répondre! »

UN FONCTIONNEMENT « MILITAIRE »

« Les communes sont des acteurs à part entière de l’école, elles doivent être associées aux décisions », tempère un autre élu. Seule l’intervention de Cédric Vial, maire d’une commune de Haute-Savoie, et ancien conseiller de Xavier Darcos (L’AEF n°80238 ), rappelle l’intérêt des « parents » dans cette affaire: « Le rôle des élus est d’aider les élèves à réussir. Moi je me fais fort d’appliquer les lois », lance-t-il, sifflé par une partie de la salle.

« Une très large majorité de maires ont indiqué le côté inapplicable de cette loi » sur le service minimum d’accueil, résume à la tribune Jean Germain, maire de Tours, et animateur des débats. « C’est un message qui je l’espère pourra être compris », poursuit-il, allant même jusqu’à réclamer un « moratoire » pour l’application de la loi. « Est-ce que l’on pourrait préparer la rentrée 2009 dans des conditions d’information et de clarté plus grande? », s’interroge-t-il.

« Les collectivités territoriales sont habituées au principe de la libre administration. On a parfois l’impression d’être face à une administration de l’éducation nationale qui fonctionne de façon militaire », note Jean Germain. Il compte sur les rapports d’évaluation qui seront fournis au ministre à la fin de l’année pour « apporter des clarifications ».

« DES PROGRÈS À FAIRE »

« Les communes avaient déjà l’habitude d’accueillir les enfants, avant la mise en place du service minimum. Elles peuvent donc faire front! », observe le recteur de Créteil, sous les huées d’une partie de la salle. « Notre mission c’est de travailler avec les IA et les IEN sur le terrain pour que ces mesures soient discutées avec les maires, que nous puissions en faire le bilan, afin d’ajuster le dispositif en 2008-2009 », ajoute-t-il.

Interrogé par l’AEF à l’issue du débat, Jean-Michel Blanquer reconnaît que le ministère de l’éducation nationale « a des progrès à faire dans son dialogue avec les maires ». Il assure « prendre en compte ce qu’il a entendu », et les « difficultés d’application » que peuvent rencontrer les maires. Il rappelle cependant que « 80% » des maires appliquent le service minimum.

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Categories: Généralités

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