PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Jean-Louis Auduc intervient dans le débat sur le décrochage en montrant une singularité : les inégalités selon le genre. Le décrochage phénomène masculin ?

Il semble y avoir, notamment en Ile de France une mobilisation autour du décrochage scolaire qui ne diminue pas dans notre pays depuis une quinzaine d’années et reste autour de 150000 jeunes concernés. Agir contre cette plaie implique d’en faire un diagnostic sérieux. Je suis très surpris dans les plus récents écrits, colloques, interventions sur la question de ne pas voir repris le diagnostic porté par l’OCDE en 2010 sur la France qui parlait d’une « triple fracture : sociale, ethnique et sexuée ».

Le troisième élément, la fracture sexuée, relevé par l’OCDE mérite un développement concernant le décrochage scolaire. Si l’on parle de 150 000 jeunes sortant sans qualification diplômante du système éducatif français, il faut bien voir qu’il y a parmi eux plus de 110 000 garçons ! Dans les Zones Urbaines sensibles (ZUS) le pourcentage de garçons parmi les « décrocheurs » dépasse même les 85% …. Le Rapport Eurydice  de la Commission Européenne « Différence entre les genres en matière de réussite scolaire » paru à  Bruxelles .2010 soulignait déjà combien , à l’inverse des pays nordiques, notamment la Finlande et la Suède et des pays anglo-saxons, la France se souciait très peu du caractère fortement sexué de certaines situations.

Comme le dit le rapport du Conseil économique et social de 2011 : « Ce qui est préoccupant dans le cas de la France est que le différentiel de performance filles-garçons se soit creusé ( +11 points ) depuis 2000 un peu plus fortement que la moyenne de ses partenaires……La représentation par genre des niveaux les plus faibles dans les enquêtes PISA est particulièrement éloquente. Elle montre la concentration de la difficulté scolaire sur les garçons. En France, 26% des garçons ( plus d’un garçon sur quatre !) et 14% des filles ( moins d’un fille sur sept) n’atteignaient pas, en 2009, le niveau de compétence 2 en lecture, considéré comme un minimum à atteindre pour réussir son parcours personnel….. »   

Combattre efficacement le décrochage dès le début du cursus, c’est sortir d’une situation où le jeune serait considéré comme  un apprenant asexué en refusant d’analyser les éléments culturels, les stéréotypes qui amènent de la part du garçon un autre rapport à la tâche scolaire dès le début de sa scolarité. Réussir un vivre ensemble harmonieux filles-garçons, c’est s’interroger sur la signification dans notre pays d’ une non-mixité à postériori qui ne pose de problèmes à personne alors qu’elle est le reflet d’un malaise profond, qui se traduit par une présence massive des garçons, notamment issus de l’immigration, dans les dispositifs d’aide aux « élèves en difficulté »

Prendre conscience de l’échec scolaire masculin précoce est un véritable enjeu de société.

Faire réussir tous les élèves, quel que soit leur genre, peut permettre de diminuer la violence, de rendre le travail sur les stéréotypes  plus efficaces et de construire une véritable égalité filles-garçons.

Jean-Louis Auduc

 

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