PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Ludovia Magazine – le 1er avril 2014 :

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Bruno Devauchelle, enseignant chercheur à Poitiers (UFR Lettres langues, département Ingénierie des Médias pour l’Education) au labo de recherche Techné se livre à une réflexion en quatre épisodes sur « Numérique & Education, entre consommation et création », thème retenu pour l’édition 2014 de LUDOVIA, Université d’été du numérique éducatif qui aura lieu à Ax-les-Thermes du 25 au 28 août. Dans ce dernier épisode, vous découvrirez l’analyse que fait Bruno Devauchelle de la « consommation » de supports par les enseignants et notamment la notion de partage de cours.

Utiliser les cours des autres ? Utiliser les idées des autres ? Utiliser les documents des autres ? Entre captation, mutualisation et enrichissement, quelles sont les pratiques ?

Dans les salles des professeurs, il arrive que des documents traînent sur les tables, parfois sur le photocopieur ; aussi, nombre de collègues n’hésitent pas à récupérer tout ou partie de ces supports pour leurs propres cours.

Rappelons que dans la culture enseignante, la préparation d’un cours et sa réalisation sont des activités principalement solitaires et individuelles ; ces pratiques ne concernent pas tous les enseignants mais une grande majorité, … comme s’il semblait honteux de reprendre le travail fait par d’autres.

« Un enseignant prend les affaires des autres mais il ne faut pas le dire ; il refait la même chose que l’année d’avant mais il ne faut pas le dire. Il y a une sorte d’omertà comme si enseigner c’était proposer toujours quelque chose de nouveau, faire toujours différent ».

En réalité, il faut quand même garder une trame puisque les programmes ne changent pas.

Bruno Devauchelle donne l’exemple de l’enseignement professionnel où il est courant de créer des supports de cours à plusieurs, de par le niveau de technicité demandé ; supports ensuite utilisés en fonction des besoins par toute une communauté.

« On voit se développer petit à petit ces éléments de mutualisation dans l’enseignement général, en particulier dans des champs disciplinaires identiques, comme les langues ou encore l’histoire-géographie », souligne t-il.

Tandis que de plus en plus d’enseignants vont sur Internet chercher des ressources (idées, supports, cours) pour leur propre enseignement, cette pratique n’est pas encore considérée comme « normale ». Or, à l’heure de la massification de l’enseignement, on peut comprendre qu’un enseignant puisse chercher à utiliser ce que d’autres ont déjà réalisé, en les adaptant à leur contexte.

Malheureusement, entre la culture du « co-pillage » et la culture de la mutualisation, la passerelle n’est pas encore bien établie.

L’observation avancée de ce travail des enseignants montre que pas plus de 10% des enseignants ne partagent leurs contenus sur le web alors que 90% d’entre eux s’en emparent ; un peu comme dans une salle des professeurs…

La démocratisation d’Internet a amené à une réelle évolution des pratiques, mais souvent de manière implicite. L’utilisation de cours ou de morceaux de cours est désormais suffisamment établie. La popularité de sites comme le Café Pédagogique, Weblettres ou encore Sésamath, ainsi que de certains sites académiques montre qu’il y a une progression des mentalités.

Toutefois il ne faut pas trop crier à la révolution.

« Il y a comme une ambivalence chez chaque enseignant qui dirait “j’aime utiliser les cours des autres mais je n’aimerais pas qu’on utilise les miens“.

Pourquoi utiliser les cours des autres ?

Il est souvent question dans les conversations, du temps passé par les enseignants pour les corrections, mais très peu du temps passé pour la préparation des cours.

« Si aujourd’hui les enseignants utilisent les cours des autres, c’est aussi pour gagner du temps ».

Bruno Devauchelle est confiant : ces pratiques d’échange et de collaboration devraient se développer et le temps économisé pourrait alors être utilisé au profit du temps d’accompagnement des élèves et de suivi des élèves.

« Les choses vont évoluer car la complexité du métier d’enseignant fait qu’on a de moins en moins de difficultés à accéder aux ressources des autres, surtout sur internet, et finalement, c’est peut-être une bonne chose… ».

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