PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

1. Modèle d’intégration et ethnicisation des rapports sociaux

La démocratie française, essentiellement construite par la scolarisation dans les compromis entre les couches éclairées de la bourgeoisie et les luttes ouvrières, a été successivement ébranlée par la décolonisation, la construction européenne et la mondialisation économique. Les modifications des populations européennes (vieillissement, baisse de natalité) et la mondialisation des mouvements migratoires et économiques font dire à M. Tribalat que « l’immigration est un médicament à vie, comment le prendre dans les meilleures conditions » comme en France, 10 à 12% de la population.

Le supposé « modèle républicain d’intégration » ne doit pas faire oublier le rejet subi par les successions de migrants d’abord internes (bretons, savoyards, auvergnats) puis européens (italiens chassés de France à l’époque de Mussolini, polonais interdits d’églises) malgré les « outils » d’intégration de l’école, du travail et de l’armée où le minoritaire discriminé devait être exemplaire. Mais ces outils sont actuellement en crise et le modèle d’intégration est dépassé par l’ethnicisation des rapports sociaux.

La philosophie des « lumières » prônant une société progressant des communautés ethniques vers la nation, imposait aux migrants de devenir autochtones est dépassée.car aujourd’hui, la nationalité est supposée sur des critères culturels où les jeunes d’origine étrangère sont plus des descendants post – coloniaux qu’enfants d’étrangers. Sur – médiatisés, définis par périphrases, leurs caractères visibles (couleur de peau, faciès, nom, langage) signent et singent leur étrangeté.

Les émeutes de 2005 ont fait converger les questions immigrées, raciales et religieuses dans ce contexte où la promesse d’intégration n’a pas été tenue. Le courant xénophobe et son expression politique publique, la sensibilité croissante aux questions urbaines, fondent la représentation de populations étrangères « groupes à risques ». Largement annoncées par les spécialistes et rapports publics (cour des comptes 2004 : la situation de crises des banlieue n’est pas le produit de l’immigration mais résulte de la manière dont l’immigration a été traitée au cours des récentes décennies »), ces émeutes ont concentrés une situation globale – la racialisation des inégalités économiques et des territoires par les groupes dominants dissimulant les injustices sociales- et un moment politique spécifique – N.Sarkozy imposant une politique sécuritaire dans une surenchère avec les partis d’extrême droite et De Villepin- justifiant dans la police des comportements provocateurs et violents. Ces processus ont été parallèles à une crise des représentations politiques, à l’abandon des quartiers par les politiques de gauches nationales et locales : ainsi l’histoire commune de la fracture coloniale s’actualise dans ces affrontements récents.

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Document(s) associé(s) :

doc/Discriminations_et_ethnicisations_sociales.doc

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