PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Les grands précurseurs de l’éducation pré-scolaire ont été J.A Komensky (1592-1670), J.F Oberlin (1740-1826), J.H Pestalozzi (1746-1827), F. Fröbel (1782-1852), P. Kergomard (1838-1925)…sans que l’on puisse soutenir la thèse d’une continuité idéologique, ni mettre en évidence un lien quelconque entre, par exemple, le jardin d’enfants allemand et l’école maternelle française. Pour L. Chalmel, 1995, la petite école dans l’école est un héritage piétiste-morave: l’esprit protestant, né en réaction contre le rigorisme de la doctrine luthérienne et de sa hiérarchie a influencé la notion préluthérienne aux XVIIIe et XIXe siècles. Les premières écoles pour jeunes enfants furent les "écoles à tricoter" créées en 1771 dans les Visges pour les enfants de 4 à 7 ans. Le terme d’école maternelle, dû à Marie Pape-Carpentier (1815-1878), fut repris pas H.Carnot en 1848. A l’époque, il s’agissait d’écoles, "avec toute l’affection et le dévouement qui pourraient les rendre maternelle", A.Prost, 1968? Quand M.Pape-Carpentier prend en responsabilité vers l’âge de 19 ans, une "salle d’asile" dans la Sarthe, il s’agissait à l’époque de structures qui ne visaient pas à instruire les jeunes enfants des "classes dangereuses", mais à leur inculquer les principes moraux nécessaires à leur future docilité quand, à sept ans, ils gagneraient à leur tour le monde du travail. On le voit, "L’école maternelle n’est pas une école au sens ordinaire du mot: c’est un abri destiné à sauvegarder l’enfant des dangers de la rue comme des dangers de la solitude dans un logement malsain", (Instructions du 16 mars 1908). Cependant, le rôle éducatif a toujours été souligné, puisque l’école maternelle a "pour objet de commencer l’éducation physique, l’éducation intellectuelle et l’éducation morale des jeunes enfants", (Arrêté du 28 juillet 1882). Pour préserver sa mission de "première éducation", l’école maternelle sera toujours en lutte contre l’ascendant du primaire. Près d’un siècle plus tard; la circulaire de 1977, cherche un rééquilibrage de l’école maternelle entre les fonctions de gardiennage d’éducation et de propédeutique, insistant essentiellement sur le "développement" de l’enfant. Le terme d’apprentissage prend son essor dans les années 80. Le ministère de l’Education nationale a défini des "Orientations pour l’école maternelle", (circulaire du 30 janvier 1986). La vocation de l’école maternelle française telle qu’elle se présente officiellement aujourd’hui est de "développer toutes les possibilités de l’enfant, afin de lui permettre de former sa personnalité et de lui donner les meilleures chances de réussir à l’école élémentaire et dans la vie en le préparant aux apprentissages ultérieurs. L’école maternelle permet aux jeunes enfants de développer la pratique du langage et d’épanouir leur personnalité naissante par l’éveil esthétique, la conscience de leur corps, l’acquisition d’habiletés et l’apprentissage de la vie en commun. Elle participe aussi au dépistage des difficultés sensorielles, motrices ou intellectuelles et favorise leur traitement précoce." (Décret du 6 septembre 1990). L’école maternelle constitue le premier cycle des apprentissages de l’école primaire, celui "des apprentissages premiers"comme, l’indiquait le texte de la loi d’orientation du 10 juillet 1989, ainsi que le volume consacré aux programmes de l’école primaire de 1995. La maternelle est une école de tous les possibles; les langages en sont la priorité,"car on y commence à y structurer des apprentissages. Les enseignants sont très proches des élèves. Ils les accompagnent et les stimulent tout en essayant de comprendre leurs difficultés. L’école maternelle est un lieu privilégié pour détecter des problèmes, voire des handicaps, et agir au plus tôt. C’est aussi le premier lieu où les enfants comprennent le sens des codes de l’écrit et du langage. Ils manipulent des livres, repèrent les titres, établissent une différence entre les lettres et les images, cultivent leur mémoire. A la maternelle, on utilise les données brutes de l’expérience et on aide peu à peu les enfants à les structurer.", P. Roussel, 1995. Les auteurs des nouveaux programmes insistent sur la primauté du langage comme socle de toute activité, les autres domaines sont les suivants: "vivre ensemble", "agir et s’exprimer avec son corps", "découvrir le monde", et enfin, "la sensibilité, l’imagination, la création". (BOEN hors série n°1, 14 février 2002). En 1994, nous avions cent pour cent de nos enfants scolarisés à trois ans, et 40% scolarisés à deux ans, ce qui fait dire à M.Vasconcellos, 1999, que "l’enseignement pré-scolaire est perçu depuis le début des années 80, comme un facteur de réussite scolaire ultérieure". De ce point de vue, l’école maternelle française est la seule école maternelle au monde. Le Maroc essaie d’implanter le même modèle. L’intégration de l’école maternelle à l’école primaire se fait dans le cadre de la continuité des apprentissages, par l’intermédiaire de la grande section, classe qui reste en maternelle tout en étant en primaire. Dans ce statut qualitatif de l’école maternelle à l’école élémentaire, B. Zazzo, 1987, considère que "L’indicateur le plus pertinent du milieu familial qui agit sur l’adaptation scolaire n’est ni la catégorie socio-professionnelle, ni le niveau des revenus, mais la fréquence des activités communes parents/enfants". E.Plaisance, 1986, avait analysé les pratiques à l’œuvre à l’école maternelle, les référant jusqu’aux années 1970 à un "modèle expressif", qui a laissé place par la suite, selon lui, à un "modèle productif" ou plutôt "protectionniste" dans lequel le "projet" de l’élève, complexe à appréhender, en grande partie en raison de son jeune âge, n’a d’existence réelle qu’au travers du "projet" de l’enseignant contraint d’aboutir souvent à des "productions". De la salle d’asile d’autrefois à la maternelle primarisée d’aujourd’hui, certains auteurs dénoncent "la persistance à obéir" et la conformité idéologique à travers certains usages du livret d’évaluation scolaire généralisé depuis 1992, qui risqueraient par une évaluation trop précoce de mettre les "maternelle sous contrôle", Sauvae et Déprez, 1998. La maternelle absorbée progressivement par l’école élémentaire, perdant ainsi sa spécificité, n’est-elle pas en danger? On peut s’interroger quand on observe des outils d’évaluation proposés depuis la rentrée 2001 pour les grandes sections de maternelle et les cours préparatoires (BOEN n°31 du 30 août 2001): des fiches d’évaluation identiques pour les deux types de classes sont à la disposition des enseignants. "Ecole d’un âge particulier qui réclame une éducation appropriée", J.N Luc, 1982, l’école maternelle est toujours en quête de sa spécificité.

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