PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Ils pensent… donc ils sont
Dormez tranquilles, ils pensent pour vous.
L’information est partout, radio, télévision, journaux, elle nous submerge et nous entraine.
Passifs spectateurs le plus souvent, nous ne relevons ni les erreurs, ni les abus, ni les invraisemblances. Les journalistes ont abandonné l’essence de leur métier, ils transmettent sans questionner, sans contredire…
Le doute, l’interrogation, ne sont plus de mise.
Les « experts » ont la parole, en France et partout en Europe, que ce soit pour la santé, la sécurité, l’éducation, la justice. Rémunérés de plus en plus par le monde économique, ils recherchent surtout leur intérêt individuel à court terme… Ce sont eux qui informent les élus, les représentants du peuple et qui indirectement gouverneront si les citoyens n’ont plus la capacité de les comprendre. L’École a bien entendu qu’une certaine forme d’ignorance est indispensable pour que puisse se reproduire le délit d’initié des classes dominantes : la scolarité pour tous, oui, mais pas la même éducation pour tous.

"Être ou avoir, c’est la question.
La société libérale glorifie l’« égo » : le « gagnant », le « à ma guise », elle encourage la pulsion consommatrice et la recherche du plaisir immédiat. Tout, tout de suite… On est bien loin de l’accomplissement et de l’émancipation de l’individu. Bien loin du mouvement qui permet de saisir le monde pour le comprendre et le partager.
Pourtant, on parle d’éthique dans tous les domaines : éthique du fonctionnaire, éthique de l’environnement, éthique de l’adoption… Comment agir, comment faire des choix, si l’on ne prend pas le temps de peser le pour et le contre, d’échanger ses idées, de se mettre à la place de l’autre, de comprendre ses erreurs ?
Pour ce faire, il ne suffit pas de recevoir un savoir isolé ou une leçon de morale apprise par coeur pour prendre conscience d’être un citoyen responsable dans la société. Cela ne vient pas non plus automatiquement à dix-huit ans, avec la majorité et le droit de vote.
Mais si l’on offre à l’enfant, dès son plus jeune âge, le temps de penser, d’exprimer ses idées pour les confronter, argumenter, changer ses représentations, ne plus se soumettre à la dernière parole entendue…, l’adulte qu’il deviendra ne sera plus passif et agira peut-être dans le respect de lui-même et d’autrui.
L’affaire de tous !
L’école et tous les espaces éducatifs que fréquente l’enfant ont cette responsabilité.
Vouloir comprendre le monde qui l’entoure est naturel à l’enfant, tout le questionne. Les « pourquoi ? » et les « comment ? » si fréquents chez le petit enfant disparaissent trop vite à l’école pour céder la place aux questions du professeur. Le désir s’éteint. Le sens d’apprendre disparait au profit de l’utilitaire et de la performance. Or la réflexion ne doit pas être réservée aux seuls enfants qui peuvent la pratiquer à la maison.
La classe, l’établissement, le centre de loisirs, l’atelier du soir ou du mercredi doivent permettre à tous de vivre des moments réguliers de réflexion.
La pédagogie Freinet transforme les espaces éducatifs en lieux de vie, d’expression, de coopération qui accueillent naturellement la pensée.
Pour construire cette capacité à penser, pour devenir un adulte conscient et responsable, il faut du tâtonnement.
De la confiance.
Du temps.
Alors, n‘attendons pas pour donner à penser.

Catherine Chabrun"

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Categories: 4.2 Société

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