PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

La refondation de l’éducation contribution de l’association Prisme.

Ces commentaires constituent une analyse critique visant à faire progresser la pensée ou mûrir les propositions. Il reprennent des thèmes présents dans le document.

Approche systémique.

Le positif c’est de souligner l’interaction de facteurs et d’acteurs très nombreux à l’opposé d’un système clos sur lui même, comme il apparait aujourd’hui. On notera qu’après plus de 40 ans de pénétration de l’approche systémique le corps social institutionnel formé à des valeurs rationalistes classique n’y est pas préparé. Symptôme d’un système clos justement.

Inconvénient le systémisme comme néo mécanisme, une rationalité instrumentale sophistiquée, qui réduit tous les acteurs et facteurs à l’état de choses (matérielles et structurelles).

Du coup la problématique se présente comme celle d’une accumulation de dysfonctionnements à réparer plus qu’une aspiration, une finalité qui transcende les conditions et qui doit réactualiser en permanence ses solutions.

La mutation de civilisation

Comme trop souvent c’est le régime des menaces, des crises, des dysfonctionnements qui prédomine plutôt qu’un discernement de se qui se joue à l’échelle de l’humanité, une nouvelle Renaissance. Si la précédente à joué la construction de l’individu avec maintenant sa déviance individualiste, la nouvelle joue l’autonomisation responsable à un nouveau stade de maturité humaine. (Cf Analyses prospectives de Michel Serres avec l’hominescence et celles de l’Humanisme Méthodolgique).

La problématique de mutation de civilisation est renvoyée à la lutte contre des menaces qui ne sont que les symptômes des angoisses soulevées par le changement comme au temps d’autres révolutions qui ont détourné la créativité collective en combats inextinguibles que l’on voit réveillés à nouveau pour les mêmes raisons de résistance au changement (après les violences cathartiques cela finit par Napoléon au grand soulagement du pays). Ou bien la refondation s’enferme dans ces combats ou bien elle reprend à nouveaux frais les questions essentielles dans le contexte de cette nouvelle mutation et à un nouveau stade, ce que n’aurait pas manqué de faire un Ferdinand Buisson en cohérence avec sa démarche. Quelle est la vision du progrès humain qui peut porter de nouvelles aspirations pour des temps nouveaux. Question non traitée.

La problématique de changement et la méthode.

Dans les situations humaines (phénomènes humains) Il y a trois types de changements qui réclament des méthodes différentes.

– Les changements de Sens qui sont des remises en question radicales très anxiogènes. (risques paranoïaques)

– Les changements de niveau de maturation qui demandent un travail de construction des consciences et des réalisations très impliquant (problème de niveaux d’exigences)

  • Les changements de conditions ou d’environnement qui réclament une adaptation participative mesurée.

Ici les trois sont engagés ensemble et on ne peut mélanger les objectifs, les publics, les méthodes, les moments…

A titre de repères trois temps à distinguer

1 – déterminer le Sens ou finalités essentielles. L’approfondir (travail de fond pour la refondation) et une fois déterminé, engager un processus d’appropriation/construction.

2 – Construire et projeter en mobilisant une intelligence collective créative mais de façon cadrée avec des progrès importants de maturation collective.

3 – Une fois le projet cadre établi une très large participation à l’adaptation de l’existant et à l’innovation est souhaitable.

Prendre les choses dans le mauvais ordre et c’est l’échec (méthodes participatives naïves). Dans le bon ordre cela permet une montée en puissance et une mobilisation importante au lieu des échecs des spontanéismes mal pilotés.

La problématique territoriale.

Elle est décisive mais sa présentation ne permet pas ici d’en comprendre les mérites et l’importance. Une lecture classique juridico-administrative renvoie au centralisme jacobin renforcé par les principes d’universalité et d‘égalité formelle. Il ne s’agit donc plus que d’un étage d’organisation administrative.

Or le renversement que l’on retrouve dans la pédagogie de l’accompagnement c’est celui d’une communauté de destin, d’un «sujet» communautaire doué de volonté, de responsabilité et donc d’une maturité politique qui permet une régulation démocratique des enjeux communs. C’est aussi la condition pour qu’un Sens du bien commun fasse consensus et se dote de valeurs communes reconnues, condition de toute évaluation et de toute valorisation.

Avec la notion d’empowerment communautaire et personnel la politique et la stratégie éducative régionales sont justifiées alors que dans le modèle ancien c’est un non sens.

Or c’est là l’enjeu majeur de la mutation de civilisation et celui d’une refondation de l’école en rapport avec ce nouvel enjeu humain. C’est un changement de paradigme avec tout ce que cela représente comme travail de fond et qui n’est ici présent que par quelques signes pertinents mais dont les fondements sont masqués et ne peuvent donc susciter aucun enthousiasme là ou les régions ne sont pas posées comme communautés mais comme étages administratifs.

Outre la mise en commun d’ambitions, de projets, de démarches et de méthodes la communauté est aussi le lieu d’intégration différenciée de la diversité des individus et des singularités individuelles et collectives. Un clé est détenue mais de façon masquée pas de consensus possible.

Pour concevoir de nouvelles perspectives.

La révision et la mise en question de toutes les idées et tous les cadres d’action construits en d’autres temps sont nécessaires pour d ‘autres enjeux.

Exemple, la notion d’émancipation de l’individu au temps d’un assujettissement naturel prend une autre coloration au temps d’un individualisme exacerbé. La revendication actuelle d’un «libre arbitraire» renforcée par la dialectique des droits n’est pas le signe d’une maturation avancée. Il faut donc de nouveaux repères du coté de l’autonomisation (empowerment) responsable, engagée dans les enjeux communautaires (à différentes échelles locales régionales, nationales, européennes, mondiales…

C’est là le terrain d’une refondation ambitieuse et pertinente et non d’un changement purement défensif.

Septembre 2012

Print Friendly

Répondre