PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Les 468 lycées d’ÃŽle-de-France auront accès à un ENT (espace numérique de travail) d’ici 2013. L’opération doit concerner à terme plus de 400 000 lycéens, ainsi que les personnels d’établissement. La Région
s’apprête également à distribuer plus de 200 000 clés USB équipées de
logiciels libres, qui accompagnent la généralisation annoncée de l’ENT.
Philippe Fallachon, directeur général adjoint chargé de l’unité lycées
au Conseil régional d’ÃŽle-de-France, répond aux questions de l’AEF.

L’AEF: Quelle est la stratégie poursuivie avec la généralisation d’un ENT?

Philippe Fallachon: La Région a commencé sa politique de diffusion du
numérique par un soutien à l’équipement puis au développement des
usages. Pour cela, des services d’accompagnement scolaire par internet
ont été mis en place, et nous expérimentons des tableaux blancs
interactifs, des classes nomades, etc. Les établissements disposent de
135 000 ordinateurs, soit un pour trois élèves. Tous les lycées ont un
réseau. L’ENT apparaît aujourd’hui comme le chaînon manquant entre les équipements et les usages. L’objectif avec cet outil est de faciliter et
structurer les usages du numérique.

L’AEF: Il s’agit donc d’un axe majeur pour la politique Tice de la Région?

Philippe Fallachon: Le nouveau schéma régional de la formation tout au
long de la vie 2007-2013, qui prévoit la généralisation de l’ENT,
instaure un véritable trépied pour l’insertion des jeunes. Il s’agit
d’abord d’élever le niveau de qualification. Cela doit se faire par un
meilleur accompagnement scolaire, mais aussi avec une meilleure mise en relation de la formation et des métiers d’aujourd’hui et de demain. Il
faut également améliorer la maîtrise des langues, dont la langue
française. Le troisième pilier du trépied est la maîtrise des TIC, car
il est impensable qu’un jeune puisse s’insérer durablement dans la vie
économique, sociale, citoyenne sans une maîtrise des outils numériques.

L’AEF: Que devient le projet « Encore » (Environnement numérique
collaboratif organisé en réseaux éducatifs) d’expérimentation des ENT?

Philippe Fallachon: « Encore » concernait au départ 9 lycées et nous avons élargi l’expérimentation à 15 lycées, soit cinq par académie. Trois
établissements testent un produit libre développé par Fylab et les
autres sont équipés des solutions proposées par Orange-Collaba, iTop,
IBM/Kosmos et Infostance. Cette diversité logicielle nous a permis de
bien identifier les avantages et inconvénients, de comprendre différents
contextes d’usages.
La Région a maintenant décidé le principe de la généralisation des ENT avec le vote le 27 juin du Schéma prévisionnel des formations en lycées et collèges 2007-2013. Il y aura rapidement la désignation d’un assistant à maîtrise d’ouvrage pour l’élaboration du cahier des charges en vue d’un premier déploiement des lycées volontaires en septembre 2008. La généralisation se fera au fur et à mesure et, même si l’objectif fixé est 2013, il n’est pas exclu de parvenir à généraliser avant cette échéance.
La vitesse de déploiement est associée à la capacité des académies à développer de l’accompagnement. Le prestataire qui sera retenu s’occupera de la formation technique, mais pour la partie pédagogique c’est aux académies de s’en charger.

L’AEF: Comment s’articulent le projet ENT et les clés USB distribuées à
la rentrée?

Philippe Fallachon: Les élus veulent faire émerger un ENT open source et la clé USB est un moyen de promouvoir l’utilisation de logiciels libres.
La Région aimerait d’ailleurs faire émerger un pôle de compétitivité
logiciels libres, car il s’agit là d’une dimension économique importante
avec de grandes perspectives d’emplois. La clé USB comprend un bureau mobile avec un traitement de texte, un tableur, un navigateur, etc., un cartable électronique sous forme d’espace de stockage, ainsi que des liens utiles pour obtenir des informations. Elle sera distribuée dès la rentrée 2007 à tous les élèves de seconde, les apprentis de première année, les enseignants et les équipes de direction. Cette clé sert à la fois de bureau et de cartable. Il s’agit en quelque sorte d’un bout d’ENT, matérialisé, et qui fait la transition dans la perspective d’un
ENT généralisé, qui sera un outil immatériel. L’opération clés USB
représente un investissement de 2,3 millions d’euros pour cette année.

L’AEF: Quels seront les liens de l’ENT généralisé avec les solutions
déjà en place comme ENCE 93 dans la Seine-Saint-Denis, le cartable en
ligne à Créteil et ENC 92 dans les Hauts-de-Seine?

Philippe Fallachon: Il y a évidemment un réel besoin de concertation. Il faut aussi régler le problème des cités scolaires qui associent collèges
et lycées. Face à ces projets d’ENT, nous tenons à être très fermes sur
le respect des standards et de l’interopérabilité pour la récupération
des données. Il faut également bien prendre en compte la problématique de l’alimentation de l’annuaire ENT à partir de l’annuaire fédérateur.

Légitimement, les académies veulent se doter d’un PIA (portail intranet
académique) mais il faut faire le lien avec l’ENT qui ne doit pas fermer
le lycée sur lui-même mais au contraire l’ouvrir. De son coté, la
collectivité doit avancer sur la cohérence entre le PIA et l’ENT avec
son PIC (portail intranet de la collectivité). Le résultat doit être le
fédérateur entre tous les partenaires. L’ENT est un outil de levier du
changement sur les pratiques et les relations entre tous les acteurs. Il
va favoriser les échanges, le travail collaboratif et d’autres pratiques
vont sûrement émerger.
Tout ceci implique que nous devons avancer en tenant compte de ce qui se passe dans les collèges. L’unité « lycées » de la Région mène aussi une réflexion avec l’unité « développement » car l’ENT doit pouvoir répondre aussi aux besoins des apprentis et de leurs formateurs. Même si la décision de généralisation est prise, c’est un chantier qui demande encore réflexion et concertation et la réponse à l’appel d’offres devra être évolutive.
L’intégration des ressources numériques dans le futur ENT prendra aussi du temps. Les éditeurs doivent s’adapter et les manuels scolaires, tels qu’ils existent aujourd’hui et tels qu’ils sont utilisés n’auront plus la même place sans un avenir relativement proche. Nous porterons également une attention particulière aux services liés à l’orientation car les élèves sont très demandeurs. Nous avons déjà agi dans ce domaine avec le site « Lesmetiers.net » et nous étudions aussi ce que fait l’Onisep. Il faut un véritable accompagnement et un suivi des jeunes dans ce domaine. Ils sont demandeurs. Notre objectif stratégique est d’offrir, sur tous ces sujets, un service public gratuit et accessible à tous.

In l’AEF dépêche 81615 11/07/07

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