PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

 

LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE …

Un chemin pour inventer un "système éducatif" cohérent et refonder l’École

DES PROPOSITIONS AUJOURDHUI, DES RÉALITÉS DEMAIN ?

Ce texte est un cadre de réflexions et de propositions à approfondir, débattre et préciser.

Il vise à repérer les pistes à explorer, indiquer les possibilités et moyens d’engager les changements nécessaires dans l’ensemble éducatif, sur quelles thématiques, à partir de quelles valeurs et pour quelles perspectives.

Il s’inscrit dans une approche systémique, sur la base d’un changement de posture (une vision globale et transversale de l’éducation, non "scolaro-centrée", compartimentée ou sectorisée) et dans une logique politique d’ensemble (la prise en compte sociale et sociétale, commune et conjointe des besoins éducatifs de chaque personne), dans la visée d’un système souple et cohérent d’éducation partagée, co-construit avec et par tous les acteurs éducatifs. Une co-construction qui représente une nouvelle ambition, un nouvel horizon pour être porteuse d’espoir.

L’éducation ne se guide, ne se conduit, ne s’effectue, ne se déroule, ne se développe pas plus hors sol qu’hors temps … ou en vase clos.

Dans l’état de "crise"1 qui perdure et s’approfondit, il est urgent de changer de braquet et de rompre avec les idées reçues, les nostalgies, les incantations passéistes, les injonctions moralisatrices et… l’accumulation de dispositifs parcellaires et spécifiques ou les ritournelles de formules creuses qui sapent confiance et espoir comme celle de l’égalité des chances ou du mérite. Une rupture qui ne peut s’effectuer que si l’on entre délibérément dans l’avenir en inventant le système éducatif global, par la mise en relation étroite et le partage des fonctions éducatives, pour le nouveau siècle (l’éducation tout au long de la vie pour une société du savoir et de la connaissance). Ce qui induit, dans le même temps et en lien avec cette globalisation éducative, une refondation moderne de l’École dans ses contenus, ses pratiques et son organisation.

Dans cette optique, chaque piste ou proposition de ce texte est à clarifier, analyser, débattre, compléter2. La réussite éducative – bien au delà du dispositif interministériel en vigueur – peut ouvrir une dynamique de mobilisation et un processus d’échanges et de partage entre tous les acteurs du champ éducatif. En ce sens la réussite éducative ne peut se confondre avec la réussite scolaire, encore moins s’y limiter. C’est le concept même de "réussite" qui mérite avant tout d’être interrogé et explicité selon le point de vue pris en compte: celui de la personne, celui de la famille et des pairs, celui de la société et du politique, pour en préciser les contenus.

La réussite éducative de tous, par son approche cohésive, paraît être au cœur des stratégies éducatives3 pour réaliser les missions d’une éducation globale, inclusive et intégrale pour tous4.

La "refondation de l’École", nécessaire et urgente, prend tous son sens et toute son ampleur dans ce cadre d’éducation partagée, au sein de laquelle surgit l’indispensable adaptation d’une École première de base, fondamentale (de 3 à 16ans). Dans ses contenus, ses méthodes et son organisation, les cycles d’apprentissage y seront en continuité et articulation pour permettre l’acquisition des connaissances et compétences du "socle commun". Sans pour autant négliger les transformations nécessaires pour aller vers les parcours polyvalents d’éducation "secondaire" ou la réorganisation indispensable du domaine de la petite enfance…

Réussir l’éducation devient un principe fédérateur pris en charge par la collectivité politique et sociale en assurant une organisation harmonisée et cohérente des temps et des lieux éducatifs, favorisant les formes d’accompagnement et impulsant les coopérations.

Sommaire

LES DÉFIS DU CHANGEMENT POUR L’ÉDUCATION DE TOUS

La question éducative: enjeu politique primordial du changement

– Vers une Éducation Globale, Inclusive et Intégrale

LE DOUBLE ENJEU SOCIAL, DÉMOCRATIQUE ET DE CIVILISATION 

-1- L’enjeu social et démocratique: Participation, coopération, partenariat pour éduquer

-2- L’enjeu de civilisation: réalités et conséquences d’une mutation planétaire.

LA REUSSITE ÉDUCATIVE  : une stratégie pour le changement ?

LE CHANGEMENT EN EDUCATION  : une méthode

CONCLUSION…provisoire

LES DÉFIS DU CHANGEMENT POUR L’ÉDUCATION … DE TOUS

 

Doutes, inquiétudes, malaises, interrogations, suspicions, inégalités, inadaptations, détériorations…, caractérisent le regard critique porté par la société, l’opinion et les professionnels sur la question de l’Éducation et de l’École. Au temps même où la perspective d’une société de la connaissance et du savoir est affichée et affirmée avec force alors que les questions d’un développement soutenable (économique autant que culturel) deviennent déterminantes au vu des ressources naturelles et des sources d’énergie, des crises financières et sociales, des conflits culturels. Dans le même temps où la "révolution numérique" transforme d’une part l’information et sa vitesse de diffusion autant que l’accès possible aux connaissances et d’autre part permet les réseaux sociaux virtuels et les échanges à l’échelle planétaire.

La question éducative: enjeu politique primordial du changement

Dans ce contexte troublé, mouvant, incertain, contradictoire et inquiet, la première exigence est de d’observer et examiner transversalement la question éducative par le croisement des regards et la prise en compte complète des temps de vie et d’activités (des enfants, des adolescents comme de ceux des adultes). La deuxième est de définir les missions fondamentales du système éducatif à assurer et remplir par chacune de ses composantes; un système devant répondre aux nécessités sociales comme aux exigences politiques, aux besoins des individus comme au bien être et bien vivre des collectifs. Mais, avant tout, permettre de dépasser les incantations, les injonctions ou les instructions administratives qui négligent ou nient les mutations profondes, sociales comme technologiques… ou prétendent s’y adapter par une "marchandisation" du bien commun en renforçant de multiples inégalités.

Ce changement de posture est justifié par les enjeux d’une démocratisation véritable de l’éducation de tous par l’accès de chacun aux mêmes droits, dès la petite enfance, par la coopération et la cohérence entre tous les acteurs éducatifs et les professionnels de l’éducation5, en fonction des situations sociales et des besoins éducatifs observés et constatés localement. Quel que soit le lieu, quel que soit le moment, une personne (enfant ou adulte) ne se saucissonne pas et ne se découpe pas en rondelles successives.

Il est tout autant justifié par les mutations à l’œuvre dans nos sociétés dont l’ampleur et la profondeur affectent les modes et cadres de vie, la culture, la santé, le foisonnement des informations, les conditions du travail, les relations humaines, les structures familiales … et les conditions d’accès aux savoirs, notamment par les révolutions scientifiques et techniques (neurosciences, biotechnologies, numérique, immatériel…).

Il n’est plus possible de réformer à la marge, de "compenser", de remédier, de bricoler, d’ajouter ou multiplier les structures de rattrapage et les dispositifs de réparation, de soutien, d’adaptation ou d’insertion sans liens entre eux. Au contraire il s’agit d’avoir le courage de remettre en question certaines politiques aujourd’hui inefficaces (malgré les intentions affichées) pour cause d’inadaptation, d’illisibilité, de cloisonnement ou d’isolement les unes des autres voire de gestion étroitement administrative et financière à l’exemple des ciblages de publics étiquetés, de guichets parachutés et inopérants, de zonages systématiques qui s’entrecroisent ou se concurrencent…

En revanche inventer et construire un tel système c’est vouloir mobiliser tous les acteurs et tous les professionnels de l’Éducation dans une approche collective et partagée des besoins éducatifs de tous, quelles que soient leurs situations et différences individuelles (sociales, culturelles, physiques, âges, précocités ou rythmes de développements), en termes de prévention, de complémentarités et de cohérence.

Une mobilisation qui, si elle se doit d’être orientée et impulsée par les politiques publiques, trouve sa cohérence et sa pertinence dans l’élaboration et la mise en œuvre de projets éducatifs et sociaux de territoire (débattus, prévus et suivis par une collectivité) seuls susceptibles de réaliser synergies et implication communes à tous dans une visée d’émancipation sociale et personnelle.

Vers une Éducation Globale, Inclusive et Intégrale par:

  • L’invention d’un système éducatif global et souple6 en :

    1. décloisonnant les instances éducatives pour assurer les continuités éducatives dans le temps et dans l’espace

    1. organisant leurs relations et coopérations pour répondre aux besoins fondamentaux des enfants, des adolescents et des adultes tout au long de la vie

    1. s’appuyant sur des projets éducatifs territoriaux de proximité et des instances de concertation locales avec participation des partenaires, des professionnels et des acteurs de l’éducation.

  • La refondation du système d’enseignement, dans ce cadre d’éducation globale, partagée et coordonnée, sur la base

  1. des connaissances, compétences et des capacités de discernement à acquérir (fondamentaux communs),

  1. de la mise en relation et en ordre des savoirs académiques et pratiques, d’action et d’expérience,

  1. de la préparation aux choix par les travaux et activités de découverte, les échanges avec l’environnement social et culturel et le suivi personnalisé des projets et parcours.

Face à ces défis, et à condition d’être définie, partagée et pilotée par et entre les trois champs éducatifs, la politique de réussite éducative offre la voie et les moyens d’assurer les coordinations nécessaires entre les professionnels et les acteurs, de nouer les collaborations et partenariats indispensables, de fonder les politiques et actions éducatives sur le respect des droits et la réponse aux besoins sociaux et individuels identifiés localement7.

Cette politique constitue un point d’appui stratégique pour engager la dynamique de décloisonnement et de coopération et passer d’une forme uniquement scolaire (où les autres dimensions éducatives sont complémentaires ou périphériques) à une forme éducative "globale et intégrale" (dans laquelle l’École est incluse dans l’ensemble social environnant).

Elle met aussi en évidence le rôle et la force de l’accompagnement (sous des formes collectives et individuelles)8 et des parcours personnalisés en leur donnant tout leur sens.

LE DOUBLE ENJEU SOCIAL, DÉMOCRATIQUE ET DE CIVILISATION 

Le changement dans et de l’éducation, et sa nécessité, suppose d’en mesurer à la fois l’enjeu social et de civilisation, autant culturel qu’économique.

La question éducative est d’abord une question de société en termes d’émancipation individuelle et collective, de justice et de fraternité, d’égalité et de solidarité.

-1- ENJEU SOCIAL ET DÉMOCRATIQUE : Participation, coopération, partenariat pour éduquer

  • assurer la participation effective de tous les acteurs éducatifs qui rencontrent et accompagnent les enfants et jeunes (en premier lieu les familles) dans leurs pratiques quotidiennes et contribuent à la construction de toutes leurs compétences en facilitant l’acquisition d’un savoir personnel intégré (penser-agir-être),

  • permettre aux acteurs éducatifs et sociaux qui oeuvrent dans les trois formes d’éducation (formelle, non formelle, informelle) au travers de ce que l’on peut définir comme LA logique d’éducation partagée, de consolider, légitimer et élargir leurs champs d’actions pour mettre ainsi en cohérence les différentes activités éducatives et sociales "dans et hors de l’École",

  • passer d’un cloisonnement entre les diverses instances éducatives et d’une ignorance réciproque de ce que font les différents acteurs à une coopération et une complémentarité, non subordonnée, de leurs actions et activités,

  • prendre collectivement comme seuls critères l’intérêt global et le vécu des enfants et des adolescents dans les situations sociales et personnelles où ils se trouvent au regard de leurs besoins fondamentaux tels que définis dans la Déclaration des Droits de l’Enfant (de la naissance à 18 ans),

  • mettre en relation les rythmes sociaux et les temps de vie des enfants, adolescents et adultes, en fonction des besoins du développement humain selon les âges pour adapter souplement l’organisation et le contenu des temps de vie et d’activités sans surcharges ni accumulation ou émiettement temporel journalier, hebdomadaire et annuel,

 

  • mettre en place une part de formation commune (initiale et continue) pour l’ensemble des professionnels de l’éducation (éducateurs, conseillers, animateurs, enseignants, éducateurs spécialisés, personnels de santé ….)

L’éducation est globale, elle doit donc être inclusive et ne peut se découper en tranches étanches entre les différents protagonistes de l’action publique.

-2- ENJEU DE CIVILISATION : réalités et conséquences d’une mutation planétaire.

De profondes mutations sont en cours dans toutes les régions du globe (globalisation, crises, transformations, ruptures, continuités…) et affectent tous les domaines de la vie (climat, ressources végétales et animales, catastrophes naturelles, diversité, modes de vie…) dans tous les pays.

Elles créent inquiétudes, angoisses, incertitudes, précarités et… indignations, révoltes, replis, xénophobie, racisme qui se répercutent dans chaque pays et région. La France comme l’Union européenne les subissent plus qu’elles ne les maîtrisent.

L’enjeu de civilisation est celui d’anticiper l’avenir et suppose d’inscrire clairement les projets et les pratiques de l’éducation initiale, première et fondamentale dans la perspective de "l’égal accès au droit pour tous à l’éducation et à la formation tout au long de la vie".

Quatre de ces mutations influent très directement autant sur l’état d’esprit que sur les mentalités et sur les transformations nécessaires et urgentes en termes de développement économique et social où l’éducation et les apprentissages tiennent une place primordiale:

-la mondialisation: c’est à dire autant le village que le marché planétaires, les échanges et transports intra et intercontinentaux, la mobilité, les migrations…

Un mot qui mérite d’être décortiqué pour ce qu’il veut dire ou exprimer: internationalisation et/ou universalisation (de qui, de quoi?). Quelles conditions pour maîtriser la mobilité?

-l’explosion des sciences et techniques dans tous les domaines du vivant, de la communication, de la vie quotidienne: biotechnologies, images, virtuel, internet et numérique.

Un constat qui pose une question essentielle sur la notion de progrès (de quoi, pour qui, comment?).

-la division internationale du travail qui s’accélère et bouleverse les rapports économiques et sociaux à l’intérieur des pays et continents et modifie les rapports de force entre les pays ou nations…

Ce qui amène des interrogations sur les modes de production, le contenu du travail et son sens, son mode d’organisation et de rémunération, ainsi que sur le fonctionnement des échanges de productions (le fameux marché).

-le développement économique et social confronté à l’écologie (préservation des ressources naturelles, changements climatiques, catastrophes naturelles, épidémies…) comme au modèle de croissance fondé sur le productivisme et la financiarisation.

Ce qui conduit à la question du type de société (et du "modèle social") souhaité, voulu, prévu, probable, réalisable…

Ces mutations mettent en question les politiques sociales et leur fragmentation, elles interrogent sur leur contenu, sur les pratiques et sur les structures offertes.

Elles imposent des changements profonds d’orientation tout en tenant compte de leur perception et de leur "acceptabilité".

Pour affronter ces enjeux, répondre à ces défis et impulser une dynamique mobilisatrice, un projet éducatif et social pour le XXIè siècle est à proposer dans le prolongement, le renouvellement et l’élargissement des orientations culturelles, démocratiques et sociales du plan Langevin-Wallon.

Ce projet novateur est celui d’une de l’éducation globale, inclusive et intégrale9.

Ces trois termes associés, de manière paradigmatique, participent d’une modernisation et d’un approfondissement systémique des pratiques démocratiques en définissant à la fois un idéal , un projet, un objectif et un cadre pour conjuguer, décliner et concrétiser l’ensemble des missions éducatives et sociales.

Nouvelle frontière, "ardente obligation" ou nouvelle donne, cette orientation éducative est inséparable des projets de développement humain des territoires, de la compréhension et de la maîtrise des outils numériques et des formes d’économie sociale et solidaire au travers des connaissances et compétences à acquérir et renouveler.

LA REUSSITE ÉDUCATIVE  : une stratégie pour le changement ?

Devant ces enjeux, quatre questions "politiques" se posent (question ancienne que celle de la "stratégie du changement"!) quant à la manière d’orienter, soutenir, impulser et accompagner une dynamique de changement et d’innovations :

  • celle d’un changement de posture: mettre l’enfant et l’adolescent au cœur de son éducation et de son apprentissage, en tant que personne intégrale, dans le cadre de la construction de SON savoir, de SES compétences et de la construction progressive de SON autonomie. Ce qui induit de partir de la réflexion collective et sociale sur le contenu de ses temps de vie, ses lieux et modalités d’apprentissage incluant l’accès à ses droits d’expression et de participation.

  • celle de la variété et de la complexité des attentes des différents acteurs selon leurs positions sociales, leurs activités professionnelles, leurs convictions et cultures personnelles mais aussi de leur localisation et habitat.

  • celle de la définition même de "réussite éducative", qui n’est pas uniquement scolaire mais aussi sociale, civique et professionnelle, articulée avec le développement d’un territoire qui n’est pas seulement économique mais avant tout humain.

  • celle de l’agencement et du déroulement des continuités éducatives dans le temps selon la durée et le développement personnel (par exemple celle de la scolarité obligatoire, de tel apprentissage ou de telle formation professionnelle) et dans l’espace selon les lieux et moments de vie (école, loisirs, activités sportives, culturelles, sociales…)

Les politiques éducatives sont à concevoir comme réponse aux besoins éducatifs de chacun définis socialement, dans un esprit de cohérence entre tout ce qui est encore compartimenté ou dissocié.

Elles sont à situer, orienter et élaborer, à partir du principe d’éducabilité, dans l’approche transversale de l’éducation partagée10, en perspective d’éducation tout au long de la vie, sur la base de l’ensemble des compétences (les huit compétences clefs de l’UE)11

La mise en œuvre de la réussite éducative depuis 2007 malgré ses ambiguïtés, incohérences ou difficultés, représente cependant un premier support pour:

– appréhender et débattre du champ de l’éducation et de ses différents domaines, de leurs liens, de leurs spécificités et de leurs responsabilités

  • redéfinir les contenus et les moyens de la première éducation initiale (petite enfance, enfance et adolescence)

  • mettre en articulation, effective et suivie, les lieux et les moments où les "jeunes" apprennent (temps de vie, sociaux, familiaux, temps libre, temps contraint, temps choisi, loisirs…)

La réussite éducative conjugue et conjoint deux intérêts: celui de la personne (l’enfant et l’adolescent) en assurant son accompagnement et le suivi de son parcours, celui de la société en élevant les capacités et compétences humaines et sociales.

Le bilan et une mise à plat collective de l’existant, de tous les dispositifs d’aide et soutien, d’accompagnement, d’insertion, de rattrapage (Clas, E2C, Reaap, Pre..) avec la participation des jeunes et des parents, faciliterait ou renforcerait la mise en place de partenariats et coopérations efficaces concernant:

  • la validation des parcours avec et pour les acteurs

  • les usages et possibilités du langage numérique et de ses applications, transformateur/co-producteurs d’échanges réciproques de savoirs

  • la reconstruction de la relation enseignant/enseigné pour devenir "accompagnant/accompagné" (formations initiales et continues) et un rôle de médiateur et "d’ordonnateur" des savoirs par une transmission "active" du sens de ces acquisitions,

  • la responsabilité particulière de chaque institution, organisme, association dans cette éducation partagée et leurs échanges complémentaires

  • l’orientation scolaire et professionnelle, au travers de l’accompagnement du parcours, se trouve au carrefour des dimensions personnelles acquises et ne peut être vue, en termes de choix et de conseil, que comme un processus d’expression et de réalisation, pour et par chaque personne (jeune puis adulte), des compétences possédées, des aptitudes, des capacités d’initiatives…

Elle répond aussi à la nécessité de redonner confiance à chacun en lui même, et à la collectivité en ses ressources humaines.

Ce faisant elle permet d’aborder en pratique une des grandes question d’aujourd’hui: celle du Savoir (des savoirs, y compris sociaux) et de sa transmission…

LE CHANGEMENT EN EDUCATION  : une méthode

La réussite éducative de tous et pour tous peut être le cœur d’une stratégie participative de changement

La politique de réussite éducative n’a de sens que si elle est une politique de proximité, proche des habitants. Orientée et définie nationalement elle ne peut être mise en œuvre que localement et sous la responsabilité des collectivités territoriales d’où les deux nécessités:

  • d’un cadre nouveau interministériel avec pilotage par des instances locales impliquant la présence et la participation des acteurs locaux concernés, ce qui signifie sans doute une loi cadre d’orientation définissant les missions générales de l’Éducation partagée, les buts d’une éducation intégrale et inclusive, les objectifs sociaux visés en perspective d’éducation et apprentissage tout au long de la vie.

Loi qui devrait comprendre une incitation forte à la mise en place de projets éducatifs globaux de territoires et de structures de concertation pour piloter l’action éducative globale et coordonner les actions spécifiques des institutions et partenaires, avec une "obligation de moyens".

Un encouragement à l’innovation éducative et sociale sur l’ensemble des champs (y compris l’École) serait une facilitation de la mobilisation et de prise d’initiatives, par l’assouplissement des règles administratives et l’instauration d’un "pôle" innovateur commun à toutes les institutions ayant en charge des fonctions éducatives.

  • d’une obligation de définition et de mise en œuvre de politiques éducatives dans chaque territoire, en subsidiarités entre territoires (villes, communautés, départements, régions…) en s’appuyant sur l’élaboration collective d’un projet éducatif et social de territoire, avec des « comités locaux pour les réussites » en évitant la multiplication de dispositifs "spécialisés" réputés pérennes,

L’éducation n’est pas une chance mais un droit

L’égalité n’est pas un hasard mais une valeur

L’égalité des chances est un faux semblant, l’égalité des droits une conquête

La réussite éducative est dignité et droit

La réussite éducative peut être un puissant facteur d’émancipation personnelle et collective

Penser global et agir local oui, mais aussi penser local et agir global !!!

Face à l’urgence des changements mais aussi à l’inquiétude et à l’état d’esprit des acteurs (la politique menée depuis cinq/dix ans…) le temps du débat, de la réflexion collective et de la concertation doit être respecté (selon la formule chère à un ancien ministre : "convaincre et non contraindre") avant toute décision.

C’est lors d’un tel débat que "l’acceptabilité sociale" de mesures envisagées pourra être vérifiée.

A l’issue de ce temps, un texte cadre d’orientation sur l’Éducation pourrait être soumis au Parlement.

Si la concertation en cours est nécessaire et utile, elle ne saurait prendre la place de ce temps de débat et d’appropriation indispensable pour tous les acteurs qui auront à mettre en œuvre les orientations retenues, notamment aux niveaux des Régions, des Départements, des collectivités territoriales et des bassins d’éducation en lien avec les nouvelles compétences attribuées par une nouvelle phase de décentralisation …

Les résultats de la concertation pourraient (devraient?) être suivis et complétés, sous des formes variées et convergentes comme:

  • une conférence "éducative" nationale, destinée à dégager les principales thématiques concernant l’éducation, sur le modèle des journées thématiques de janvier 1998 pilotées par E.Morin

  • un comité "scientifique" pour fixer un cadre (les questions à aborder) et une échéance pour ces débats (par exemple fin décembre ou janvier 2013) et confier l’organisation de conférences régionales thématiques aux collectivités avec la mobilisation des associations.

  • la mise à disposition de documents de travail (rapports, travaux…) issus des différents ministères concernés et répertoires d’initiatives, expérimentations et innovations, de rapports et travaux de recherches avec l’aide des associations d’éducation populaire et du travail social

  • l’encouragement à la tenue d’assises territoriales, sur des thématiques et préoccupations concernant les champs éducatifs locaux et associant l’ensemble des acteurs concernés.

CONCLUSION…provisoire

  • En quoi les projets éducatifs territoriaux peuvent-ils être facteurs de réussites éducative et sociale pour tous les acteurs de l’éducation dans sa globalité (enfants, jeunes, familles, professionnels, associations, institutions publiques, collectivités territoriales…) ?

-Quels accompagnements et leviers mobiliser dans les différents lieux ayant vocation et finalités éducatives: lieux de vie et d’habitat, espaces de loisirs, bibliothèques, centres de soins…, dans l’Ecole et hors de celle-ci?

Mots clefs du changement à partager:

accompagnement – acteur – alternances(s) – autonomie (personnes, collectifs, établissements…) – auto détermination (auto évaluation) – besoins (latents, exprimés,réels) – compétences (savoir, capacités, potentialités) – coopération – continuités éducatives (temps, espaces) – éducation (enseignement, formation, apprentissages, formel, non formel, informel) – émancipation – évaluation (contrôle, appréciation, critères) – globalité (transversalités) – inclusion – innovations – intégralité (totalité, intégrité) – intergénérationnel (transmission, réciprocité…) – orientation – parcours (personnalisation, individuation) – projets (dynamique, processus…) – proximité – réussites (personnelle, sociale, éducative, scolaire) – savoir et/ou savoirs (disciplinaire, pratique, intégré, connaissances…) – temps (sociaux, de vie, de travail, rythmes, temps libre/contraint…) – territoire (espaces, de vie, de relations, apprenant) … etc. !

1 "La crise se produit quand le vieux monde tarde à mourir et le nouveau à naître" (A. Gramsci) à quoi il ajoutait (prescience?) "dans ce clair obscur, des monstres peuvent surgir"… Si l’éducation émancipatrice était une pierre pour l’émergence de ce "nouveau" et un rempart contre les monstres ?

2 Contributions, annexes, tribunes… Par exemple dans Libération " ou sur le site <prihttp://www.liberation.fr/societe/2012/07/31/pas-de-refondation-possible-de-l-ecole-sans-les-collectivites-territoriales_836750sme-asso.org>

3 En plaçant la Réussite éducative au cœur de son projet associatif, la Fédération Générale des PEP fournit un argumentaire concret de cette stratégie et du sens de l’approche globale de la question de l’éducation partagée.

4 Autant, sinon plus, que dans d’autres domaines, la sémantique à propos d’éducation est cruciale si l’on veut éviter les incompréhensions, confusions, consensus creux, ambiguïtés, dérives et "effets pervers. La polysémie de la plupart des mots de l’éducation exige que la définition, la signification et le sens des termes employés soient toujours explicités entre acteurs et professionnels, comme au niveau politique. Chacun des acteurs doit pouvoir exprimer et confronter ses représentations et le sens qu’il comprend, donne ou veut donner au terme utilisé, pour vérifier que l’on parle et vise bien le même objet.

5 Par acteurs sont entendus tous ceux (et celles) qui interviennent dans ou sur les domaines éducatifs ou qui sont concernés par leurs responsabilités et compétences professionnelles ou politiques: acteurs institutionnels, personnels des collectivités, urbanistes, architectes, animateurs socio culturels, travailleurs sociaux, personnels médico-sociaux, enseignants de tous niveaux, formateurs, acteurs associatifs … En n’oubliant pas les premiers concernés: familles et jeunes!

6 Le terme de système est pris au sens systémique, c’est-à-dire de mise en interrelations et en lien de tous les lieux assurant une fonction éducative avec une connaissance et reconnaissance de leurs responsabilités spécifiques. Ce qui induit un système collaboratif et coopératif en réseau…

7 Le respect des droits vise la justice sociale et non la charité ou la compensation. La question des besoins prise sous la forme d’études diagnostiques partagées pour les identifier collectivement sur le territoire considéré, permet d’apporter les offres ou réponses pertinentes.

8 L’accompagnement (collectif et/ou individuel) est un facteur clef de l’éducation globale car il s’agit de prendre en compte la personne qui s’éduque, avec ses besoins propres, et non une cible étiquetée à l’avance. Voir l’ouvrage de D. Zay sur l’éducation inclusive

9 L’éducation globale, inclusive et intégrale (en référence aux orientations avancées, notamment, par l’Unesco et l’OCDE) apporte, réunit et assemble les objectifs sociaux, cognitifs et pédagogiques dans une orientation systémique qui suppose que chaque élément soit mis en relation avec tous les autres en vue d’une coopération fondée sur des objectifs communs. Le terme d’inclure (au lieu d’exclure ou sélectionner ou discriminer) doit donc être débattu au regard des valeurs éthiques. Intégrale permet de donner sens en précisant qu’il s’agit de toutes les fonctions et tous les champs éducatifs correspondant à l’intégralité de la personne. Dans tous les cas ces termes doivent être explicités pour éviter les dérives ou le risque d’enfermement voire de totalitarisme sous prétexte d’adaptation ou pragmatisme comme on peut le déceler avec les politiques de "cibles" ou de "zones" au risque de la stigmatisation. Ou encore l’usage du terme intégrer, dont le sens est devenu "se couler dans le moule" d’une norme en niant ou gommant ses particularités…

10 Analyses, perspectives, précisions, exemples dans les Cahiers de l’action n°7 (INJEP-juin 2006)

11 Prendre les compétences clefs adoptées par l’UE comme base commune, outre la dimension d’intégration européenne, favorise la réflexion collective sur l’ensemble des domaines éducatifs, leurs spécificités, complémentarités et relations possibles. Elles font apparaître une "compétence" essentielle (oubliée dans les sept composantes du socle commun), qui doit sans doute être la caractéristique de l’École refondée: l’apprentissage du "savoir apprendre" !

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