PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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L’éducation devrait-elle relever de compétences partagées ?

 

Echange avec Jean ROUCOU Président de l’asso-réseau PRISME (promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs)

Pour refonder : passer du périmètre de l’instruction publique à celui de l’éducation nationale partagée et inclusive

 

Un constat 

L’Education nationale se résume encore trop au périmètre scolaire. On est encore dans une matrice descendante du portage par niveaux scolaires. Nous ne sommes,  de fait, pas véritablement dans une dynamique  d’éducation nationale en co-production sociale transversale et ce, pour être en phase avec une société de plus en plus collaboratrice dans des territoires apprenants…

Une problématique : Comment passer de la matrice « instruction publique » à celle de compétences éducatives partagées ?

Pour ce faire il faut qu’aux niveaux territoriaux dits « déconcentrés-décentralisés », les  coordinations soient plus affirmées pour que les projets éducatifs et sociaux de territoires soient effectifs. La loi en cours d »élaboration devrait répondre à cette exigence.

Actuellement, les coproducteurs d’éducation peuvent, certes, se réunir pour travailler ensemble, mais dans un cadre qui reste trop basé sur le volontariat donc avec une portée relative. Cet aspect facultatif de la co-production crée des inégalités dans les territoires. On n’a pas encore la structure qui permet à l’action éducative partagée d’être reconnue comme valide.. Aujourd’hui les territoires comportent une juxtaposition entre les actions scolaire, éducative et sociale  portées par diverses institutions, d’où l’impérieuse nécessité de travailler de conserve «la refondation scolaire et la gouvernance territoriale.. !»

Le partage de l’Education appelle à s’interroger sur les complémentarités effectives entre les compétences des niveaux de gouvernance territoriale et sur les modes de validations des formations

Une éducation partagée réinterroge, de facto, la notion de parcours de formation et par là- même la mise en place d’étapes de reconnaissances des compétences acquises dans différents « espaces-temps » qui jalonnent ces parcours construits avec plusieurs « porteurs reconnus ». Comment faire en sorte que les personnes (enfants, jeunes, adultes….) obtiennent  des certifications/validations  dans un cadre non scolaire afin de composer leur porto-folio ? Comment les compétences acquises dans divers secteurs pourront être capitalisées ?

Est-ce que, alors, des collectivités et des associations, pourront, aux-côtés du système noble de validation -l’Ecole- mettre véritablement en vie la VAE comme le fut le BAFA initié volontairement par les mouvements d’éducation populaire ? L’un des éléments de cette dynamique serait que les capabilités des jeunes, acquises entre autres,  dans les sphères associatives  soient reconnues comme des éléments constitutifs de la formation professionnelle permanente.

Cela suppose que l’on valide davantage des acquis sociaux. En cela, les associations peuvent constituer un espace tiers, facteur de co-production d’éducation. Un exemple probant de transformation sociale : le chantier « En associant tous les parents,les enfants réussissent », lequel, en travaillant la reconnaissance des acteurs, produit de la richesse collective.

Cela  signifie que les établissements d’enseignements doivent redevenir des lieux ouverts de cultures  oeuvrant en réseaux en partage/portage au-delà des temps réputés scolaires à proprement parler.. Il s’agit d’établir une reconnaissance mutuelle de ce que font les partenaires.

Une éducation partagée suppose  de s’émanciper de la culture du cloisonnement afin de s’éloigner de cette culture descendante qui dispense les savoirs. Une dynamique d’ouverture est indispensable si l’on veut supprimer la dichotomie existante entre le process de la fabrication traditionnelle des compétences et la société des travailleurs de demain, basée davantage sur des co-productions y compris à distance.

Construire un autre dialogue  est une urgence pour être  en phase avec l’évolution de l’économie. L’apport des outils numériques va participer très activement à la création de cette nouvelle donne éducative.   Ne pas s’en préoccuper suffisamment laisserait la place au secteur marchand !

Partant de cette réalité, et si l’on pousse ce raisonnement à l’extrême, la possibilité de voir se développer des espaces de formation et d’enseignement de type école privée, portés par des grands groupes de télécommunications, ne paraît pas improbable. L’appropriation forte des nouveaux langages véhiculés par « le numérique » constitue une exigence majeure pour notre devenir collectif et ce, dans un cadre public.

Maintenant sommes-nous en capacité de mesurer ces enjeux et de voir en quoi ils peuvent nous amener à reconsidérer nos pratiques dont /donc notre projet social ? : la question mérite d’être posée.

NB Une lecture : Petite poucette de Michel serres !

 

Novembre 2012

 

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