PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In ToutEduc – le 27 octobre 2013 :

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Leonarda , jeune fille kosavar (ou italienne ?) a été renvoyée dans son pays d’origine en application de la législation française et des principes de la Convention de New York, ratifiée par la France, qui prescrit de ne pas séparer un enfant de sa famille. A tous ceux qui préconisent un retour de la jeune fille avec ses frères et sœurs et toute sa famille , on ne peut que rappeler que ses parents ont été reconduits dans leur pays après épuisement de tous les recours les concernant.

Cet événement me conduit à formuler deux observations :

Ma première observation porte sur la proposition du président de la République tendant à faire revenir seule la jeune fille. Ceci appelle trois remarques : cet appel aurait dû tout d’abord être fait aux parents et non directement à cette enfant .. mineure qui ne peut décider sans l’accord de ses parents. Ma deuxième remarque porte sur la portée escomptée de cette offre. Le Président pensait-il réellement qu’une telle proposition était acceptable ou s’agissait-il d’une ruse pour embarrasser certains de ses interlocuteurs en recourant à ce qui est une de ses marques de fabrique préférée, le compromis. Il rejoindrait peut être simplement Indira Gandhi qui déclarait "mon exigence pour la vérité m’a elle même enseigné la beauté du compromis". Ma troisième enfin est d’ordre quasi constitutionnel.  A supposer qu’il faille donner une conclusion solennelle à cette question , était-ce bien de la responsabilité de la plus haute autorité de l’Etat d’intervenir alors qu’il existe un Premier ministre, chef du gouvernement dont le rôle conformément à l’article 20 de notre Constitution est "de déterminer et conduire la politique de la Nation". Je crains que ce grand principe ait été ignoré pour des raisons d’affichage politique excessif et peu productif au demeurant.

On doit ajouter qu’il est de bons et de mauvais compromis. Le bon étant celui qui permet à chacun de faire un pas vers l’autre, ce qui n’était pas manifestement le cas.

Ma deuxième observation porte sur la considération que nos concitoyens accorderait à l’école. Il ne se passe pas de jour sans que soit rappelée la priorité des Français aux questions éducatives. Une telle affirmation malheureusement se trouve souvent contredite par les faits. A l’occasion de l’affaire Leornarda, on a noté que seulement 47% des sondés avaient été scandalisés par les circonstances du départ du car scolaire de l’adolescente. J’imagine que ce score aurait été vraisemblablement plus élevé s’il s’était agi de l’extraction d’une personne d’un hôpital, voire d’un lieu de culte, et cela alors même qu’aucun texte ne l’interdit, seulement un usage et du bon sens. On ne peut qu’être d’accord dans ces conditions avec la décision de rappeler non pas le caractère sanctuarisé de l’école ou des lieux assimilés, terme peu approprié, mais un principe selon lequel la violence même légitime n’y a pas sa place tant pour des raisons d’incompatibilité entre lieux de savoir et violence que par souci d’éviter toute humiliation de l’élève devant ses pairs, comme ce fut le cas. L’école doit bénéficier de la même protection que celle due aux enfants.

L’opinion générale n’est pas, hélas la seule dans cette situation Ainsi certains parents protestent contre la semaine de 5 jours. Sont-ils prêts à transférer le mercredi matin de classe au samedi matin ? Les professeurs estiment les programmes trop chargés et enseignés sur une période trop courte. Sont-ils prêts à réduire les vacances d’été pour permettre là aussi un meilleure étalement au bénéfice des élèves ? Les élus, y compris le élus de petites communes estiment insuffisante l’aide qu’ils reçoivent pour mener à bien la réforme des rythmes scolaires. Sont-ils prêts à faire des choix en conséquence, par exemple renoncer à réaliser un rond point ?  On pourrait multiplier les exemples qui ne peuvent que conforter tous ceux qui nous rappellent qu’en France l’école est une affaire d’Etat et qu’elle s’est faite contre les familles, contre les collectivités locales sans pour cela donner tous les pouvoirs aux enseignants. Il est peut être temps que, sans revenir en arrière en matière de concertation et de dialogue chacun, avec finesse, joue son rôle, l’Etat éducateur en tête.

Jacky Simon, inspecteur général honoraire à l’Education nationale

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Categories: 4.2 Société

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