PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Lettre à un jeune professeur de Philippe MEIRIEU Editeur: France Inter et ESF. Août 2005 ,92 pages. 9,90 euros Un évènement et de l’espoir. Ce petit livre agréable et facile à lire est, par sa densité et sa pertinence, un évènement qui donne à penser, qui peut être un excellent outil de formation pour des jeunes enseignants et des moins jeunes, qui peut aider à préserver et développer leur enthousiasme, qui peut éclairer et faciliter la compréhension des problèmes qu’ils rencontrent au quotidien dans leurs classes, qui peut les soutenir moralement quand il sont en butte avec des corporatismes exacerbés et des conservatismes qui s’expriment parfois de manière brutale, qui permet aux citoyens en général, pas seulement aux professionnels de l’éducation, d’avoir une vision d’avenir à long terme d’un système éducatif moderne, généreux, démocratique… C’est aussi un évènement parce que, au stade actuel du scandaleux procès de la pédagogie et des pédagogues qui s’est amplifié depuis 2002, il permet d’avoir une vision distanciée, sereine, constructive. Il aide à être intelligent. Que de bêtises sur l’école, lues et entendues, en ces temps de conditionnement de l’opinion publique pour justifier un retour à un âge d’or de l’école qui n’a jamais existé et qui sera une catastrophe pour notre société Quand un ministre prend parti pour le conservatisme le plus stupide, celui qui exige le retour à des méthodes dont on fait semblant d’oublier qu’elles ont été remises en cause il y a plusieurs décennies pour leur manque d’efficacité et leur décalage par rapport à l’évolution des enjeux de l’école, il y a de quoi démoraliser et démobiliser tous ces enseignants qui s’engagent depuis des années pour améliorer la réussite scolaire en modifiant leurs pratiques. En l’occurrence, Philippe MEIRIEU pratique une médecine douce pour nous empêcher de sombrer dans la ouate institutionnelle. C’est enfin un évènement parce qu’il célèbre l’importance de… "l’évènement pédagogique", ce "face à face" ou cet "à côté", ce moment où l’enseignant a "le sentiment que quelque chose d’important se passe qui vous implique tout entier: le cœur et l’intelligence." et où l’enseignant "trouve alors autant de joie à enseigner que l’élève à apprendre". Ce faisant, Philippe MEIRIEU redonne de l’humain à un enseignement qui tend à s’engluer dans le technicisme, dans des formes de didactisme prétentieux, dans le renforcement du cloisonnement disciplinaire qui est un frein à la compréhension des savoirs scolaires par les élèves et leurs familles, dans la perversion de l’évaluation "trop formelle, trop technocratique, insuffisamment référée à l’ensemble de nos missions".

Deux points forts

– la mission des professeurs va au-delà des disciplines scolaires. Au lendemain de la crise des banlieues, les réflexions, sur le sens des savoirs, sur la motivation, sur la discipline, sur l’efficacité, sur les pressions sociales qui s’exercent sur l’école, devraient être mises à l’étude dans les conseils de professeurs et dans tous les centres de formation initiale et continue. – l’égale dignité des catégories d’enseignants: professeur d’école et professeur du second degré. "Nous sommes tous professeurs d’école". La démonstration mériterait d’être lue par les uns pour abandonner leur complexe éventuel et par les autres pour garantir le respect du à leurs collègues. Une interpellation qui ne peut laisser personne indifférent: "rester professeur d’abord, jusqu’au plus haut de la hiérarchie": "… Je défends l’idée iconoclaste que toute personne qui prend des responsabilités administratives ou pédagogiques garde un contact régulier avec des élèves: que le chef d’établissement continue à enseigner quelques heures par semaine dans sa discipline d’origine comme l’inspecteur et, même l’inspecteur général. Que les fonctionnaires de l’administration centrale du ministère comme les recteurs et leurs collaborateurs continuent d’assurer des charges d’enseignement scolaire ou universitaire. Afin que personne n’oublie jamais d’où émane et où peut se régénérer sans cesse le projet d’enseigner." Un Philippe MEIRIEU toujours un peu naïf, toujours un peu rêveur, mais tellement profond, tellement authentique, et encore plus convaincant dans ce concentré de pensée et cette note d’espoir qu’est sa "lettre à un jeune professeur" que dans ses ouvrages précédents. Ce petit ouvrage est à lire absolument par tous ceux qui veulent comprendre l’école d’aujourd’hui et qui veulent construire une nouvelle école, généreuse et démocratique, pour demain.

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