PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Voilà qui est fait, le décret sur les "rythmes scolaires" est paru au Journal Officiel du 26 janvier.
 
J’ai suffisamment exprimé sur ce blog mes réticences sur certains points, sur certaines priorités, sur certains manques, pour ne pas forcément avoir besoin d’y revenir. En revanche, je voudrais exprimer ma satisfaction sur deux points, qui sont des points importants voire primordiaux:
 
1) enfin nous travaillerons le mercredi matin! Je réclamais ça depuis trente ans pour éviter à mes jeunes élèves de maternelle la dramatique rupture de rythme du mercredi…
 
2) l’aide personnalisée disparait! Joie, Noël, félicité! Cette invention diabolique qui n’a jamais été utile à grand chose, en dépit des argumentaires fallacieux émis depuis plusieurs années par des IEN à la botte, disparait dans les poubelles de l’histoire du système éducatif français. Alléluia!
 
Ce décret donc, sur ces deux points primordiaux, me satisfait pleinement en tant qu’instit’. Reste à définir les modalités de l’aide financière qui sera éventuellement apportée aux enseignants qui devront se déplacer une journée de plus par semaine, dans une période où il ne passe pas une semaine sans qu’un quotidien ou un magazine pointe et dénonce le désastreux niveau de rémunération des enseignants du primaire en France. Nous verrons bien.
 
Néanmoins, je dois saluer l’exploit rare commis par le ministère de l’Éducation nationale dans ce décret. Non, je ne parle pas des APC (Activités Pédagogiques Complémentaires) qui auraient dû être mises en place par les communes en fin d’après-midi pour des élèves lâchés 3/4 d’heure plus tôt qu’avant, APC qu’il ne sera finalement pas obligatoire de constituer et qui ne seront pas obligatoires pour les élèves… Rappelez-vous que M. Peillon avait dit qu’aucun enfant ne quitterait l’école avant 16h30. Cela s’appelle un joli renoncement, mais il est logique dans une France qui aujourd’hui encore compte de nombreuses écoles dans de toutes petites communes qui n’auraient de toute façon jamais eu les moyens financiers de le faire. Ce sera donc aux parents, comme je l’avais depuis longtemps prévu -relisez ce blog-, de payer leur nounous ou autre service de garde, en espérant que ces frais supplémentaires seront compensés par ceux qui étaient jusqu’à présent dévolus au mercredi matin.
 
Non, quand je parle d’exploit, c’est celui de n’avoir pas une seul fois dans le décret écrit les mots "directeurs d’école" ou "direction d’école". C’est un comble. Il faut croire que nous n’existons pas. Notre rôle dans cette nouvelle configuration de l’école publique est primordial, et nous ne sommes même pas cités. Voilà un mauvais signal envoyé par le ministère alors que des discussions quant à notre statut et notre mission devraient prochainement débuter si le ministre tient parole.
 
Je cite: « Art. D. 521-13. − Des activités pédagogiques complémentaires sont organisées par groupes restreints d’élèves :
1° Pour l’aide aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages.
2° Pour une aide au travail personnel ou pour une activité prévue par le projet d’école, le cas échéant en lien avec le projet éducatif territorial.
L’organisation générale de ces activités pédagogiques complémentaires est arrêtée par l’inspecteur de l’éducation nationale de la circonscription, sur proposition du conseil des maîtres. Les dispositions retenues à ce titre sont inscrites dans le projet d’école. Le maître de chaque classe dresse, après avoir recueilli l’accord des parents ou du représentant légal, la liste des élèves qui bénéficient des activités pédagogiques complémentaires. »
 
Ainsi donc, contrairement à toute logique et toute efficacité, le décret soigne l’ego des IEN en leur laissant  la haute main sur les APC, au grand profit de projets de circonscription parfaitement éloignés des réalités de chaque école, et au détriment d’une autonomie indispensable des unités pédagogiques locales. Travaillant moi-même dans une circonscription mixte dont les écoles n’ont entre elles aucun point commun (grosses écoles en ZEP-RAR / petites écoles rurales favorisées), je ne me fais aucune illusion quant à ce qui va être pratiqué. Le SIEN a bien travaillé.
 
Le ministre croit-il que la question de la direction d’école se résume à un problème de statut? Certes, notre mission a besoin d’être clairement définie; certes nous avons besoin d’une existence juridique; certes nous voulons que nos émoluments et notre position au sein de l’Éducation nationale soient à la hauteur de nos responsabilités. Mais ceci n’a pas de sens si les écoles ne recouvrent pas l’autonomie qui leur est nécessaire pour travailler, dans le respect de leurs besoins locaux. Les conseils de maîtres cités dans le décret, ce sont des équipes d’enseignants, avec leur directeur en tête, qui ne veulent plus être à la merci des obsessions ou des caprices d’IEN qui n’en font qu’à leur tête, au gré des modes ou des coups de projecteur médiatiques ou ministériels.
 
Nous voulons des écoles fortes, autonomes, attentives aux besoins de leurs élèves, dirigées par des directeurs d’école statutaires reconnus et valorisés. Nous ne voulons plus de cette pyramide jacobine qui tue l’école publique française depuis tant d’années. Quand le comprendrez-vous, Monsieur le Ministre?
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