PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Dans une analyse publiée au début du mois d’octobre 2015, l’OCDE s’est intéressée à l’incidence des différences de milieu social et culturel dans l’accès à l’enseignement supérieur. Premier constat : « le niveau de formation des parents continue d’influer sensiblement sur celui de leurs enfants. »

Ainsi, « un individu est 4.5 fois plus susceptible de suivre des études supérieures si l’un de ses parents est diplômé de l’enseignement supérieur que si ses deux parents ont un niveau de formation inférieur au deuxième cycle du secondaire. »

Cependant, l’OCDE constate également que « a participation à l’enseignement supérieur a connu un essor considérable. Entre 1995 et 2012, les taux d’accès à ce niveau d’enseignement ont ainsi augmenté de près de 20 points de pourcentage, en moyenne, dans les pays de l’OCDE. Cette hausse de la participation s’est traduite par une élévation du niveau de formation : en 2013, dans les pays de l’OCDE, environ un adulte sur trois était diplômé de l’enseignement supérieur. »

Mais le niveau d’études des parents continue de fortement influer sur le parcours de leurs enfants : « plus de la moitié des 20-34 ans scolarisés dans l’enseignement supérieur ont au moins un parent diplômé de ce niveau d’enseignement, et un peu plus d’un tiers ont au moins un parent dont le niveau de formation le plus élevé atteint est le deuxième cycle du secondaire. En revanche, le pourcentage de 20-34 ans suivant des études supérieures dont les parents ne sont pas diplômés du deuxième cycle du secondaire est faible : seul environ un étudiant de ce groupe d’âge sur dix est dans ce cas. »

L’OCDE constate que « le le milieu socio-économique est la variable ayant la plus forte incidence sur le décrochage des étudiants, prédominant sur tous les autres facteurs tels que l’origine ethnique et le sexe ».

Cependant, il ne faut pas attendre les études supérieures pour voir se creuser les inégalités. Celles-ci résultent surtout « de l’accumulation d’inégalités durant les étapes antérieures de la scolarité, depuis la petite enfance jusqu’à l’enseignement secondaire. Ces inégalités se répercutent dans l’enseignement supérieur au moins sous trois formes. »

Tout d’abord, « les élèves issus de milieux défavorisés sont plus susceptibles d’être peu performants en mathématiques et en compréhension de l’écrit. » Ensuite, « les élèves dont les parents sont moins instruits sont moins susceptibles de terminer avec succès le deuxième cycle du secondaire et, de ce fait, d’accéder un jour à l’enseignement supérieur ». Enfin, « les jeunes de 15 ans issus de milieux défavorisés sont considérablement moins susceptibles d’aspirer même à suivre des supérieures. Il est frappant de constater que dans tous les pays, l’aspiration à suivre des études supérieures est plus grande chez les jeunes de 15 ans venant de familles plus favorisées. »

Alors, comment changer la donne ? Même s’il faut agir dès les premières années de la scolarité, l’enseignement supérieur a aussi un rôle à jouer. Baisser les frais de scolarité ne change pas vraiment la situation. « Le renforcement des dispositifs d’aide, la mise en œuvre de politiques actives de recrutement et l’établissement de liens étroits avec la collectivité sont autant d’exemples d’approches stratégiques plus prometteuses. »

On peut aussi réserver des places dans l’enseignement supérieur pour les élèves issus de milieux défavorisés. De son côté, Sciences Po Paris a mis en place en 2001 ses « conventions d’éducation prioritaires » qui prévoient une procédure d’admission différente pour les élèves venant d’établissements confrontés à des difficultés sociales (situés en « zones prioritaires »), renforçant ainsi la diversité au sein de l’établissement.

Mais il faut bien sûr avant tout améliorer la réussite des élèves dans les années qui précèdent l’accès aux études supérieures. L’aide apportée peut prendre différentes formes comme « la mise à disposition de tuteurs pour aider les étudiants de la première génération et l’offre de cours supplémentaires et de sessions de tutorat, ainsi que de cours intensifs de langue pour les élèves issus de l’immigration. »

Enfin, l’OCDE rappelle qu’ « en plus de porter préjudice aux idéaux d’équité et de justice, de telles inégalités ont un coût économique et social pour les pays, au vu de l’immense gaspillage de talents qu’elles entraînent. Il convient donc de mettre en œuvre des politiques à la fois dans les premiers cycles de la scolarité et dans l’enseignement supérieur lui-même afin de favoriser l’accès des élèves issus de milieux défavorisés aux études supérieures, ainsi que leur succès. »

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